EDC de Nayr~25414
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Une histoire de courage (1)
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La ligne fuyante de ses reins dans un demi-jour irréel ne cessait de se superposer à sa vision, n'importe où, n'importe quand. Il revoyait sa nuque s'animer avec lenteur, déchirant le voile lourd de la nuit immobile et de ses hasards étranges pour mieux le fuir. Les images monopolisaient son esprit comme si ses rétines refusaient catégoriquement d'effacer l'empreinte sans pareille que ce papillon de nuit y avait laissé.
Elle s'était éclipsée dans un sourire vaporeux, le cuir ébène de sa veste serré contre sa poitrine tendue d'un bleu usé. Ses jambes formaient de longs pas, sans véritable presse, mais chargé de l'élégance de celle qui s'en va sachant ne jamais revenir et ne voulant qu'aucun signe de cet état de fait ne transpire de ses gestes mesurés.
Et elle était arrivée dans son paysage de la même façon. Son cuir avait glissé de ses épaules dans un bar bondé à ne plus en distinguer les voix environnantes, ses yeux interrogateurs lui avaient lancé une requête silencieuse tandis qu'à ses lèvres roses pendait une cigarette intacte. La pierre à briquet s'était actionnée sous le pouce de l'hybride et, après la maigre gerbe d'étincelles ayant un instant joué avec les ombres du visage de l'humaine, il n'était plus parvenu à centrer son attention sur autre chose.
Il ne sait plus de quoi ils avaient discuté. Il se souvenait par contre bien des rues parcourues en pleine obscurité à la respirer tandis qu'il l'emmenait dans son taudis chaotique au canapé déglingué.
Oui, il se souvenait très, trop bien de ses lèvres étirées... Du nuage de parfum trop présent laissé dans son sillage...
De ses lèvres coupées... Des perles de sang laissées sur son passage...
Les scènes étaient si semblables qu'elles se juxtaposaient sans qu'il ne parvienne à savoir laquelle devait-il croire bien réelle.
Son instinct de survie lui souffla de ne garder que la seconde en mémoire.
A la voir là, sa hantise, avec ses genoux ensanglantés sur le sol grisâtre, ses mains nouées dans le dos par des menottes énergétiques, un filet pourpré s'écoulant lentement de sa bouche béante, le semi-orc comprit sans mal que la première scène imprimée dans sa mémoire devait être ignorée. Effacée. Anéantie.
La Déléguée ne lui pardonnerait aucune faiblesse, il en était conscient.
Aussi lorsqu'il se saisit du bras féminin, il réprima le débouché du geste qui aurait voulu qu'il la ramène contre lui dans l'élan, et se cloisonna dans sa brusquerie habituelle. Ses doigts s’enfoncèrent dans la chair brune sans ménagement et quand ses muscles se contractèrent pour la jeter dans la cellule d'isolement crasseuse à laquelle elle était destinée, il regarda sa carcasse sans vie s'écraser à même les dalles recouvertes de fluides corporels plus ou moins repoussants sans sourciller.
Incarcération de l'individu :
Point Horaire 1934
Informations recueillies via terminal de la prison :
***** 3/219.4 Meurtre d'un D.I. Passage illégal en SR. Haute Trahison. : 120 CH.
Note de service, 1 Cycle Horaire après incarcération de l'individu :
Consignes aux gardes : sujet dangereux. Contact minimum imposé. Pas de transfert autorisé. Isolement durant toute la peine imposé.
Message reçu simultanément :
Je devrais l'interroger aussi rapidement que possible. Je veux que vous... "m'assistiez". Soyez là au Point Horaire 00 ce soir.
[Salle des gardes de la prison1, PH 2043]
Le rétroéclairage de son communicateur faiblissait lentement. La déléguée ne voulait pas un assistant pour poser les questions à sa place. Elle voulait quelqu'un pour faire craquer ses jointures et briser quelques os en cas de résistance, le sang-mêlé ne le savait que trop bien, pour avoir déjà souvent rempli ce rôle.
Il ne tenta même pas de refuser.
Après tout, c'était un ordre. Et les ordres étaient fait pour être suivis. Suivis à la lettre. Sans broncher.
[Cellule d'isolement 1 : PH 0157]
Devant lui, une kobolde en uniforme allait et venait d'un coin à l'autre de la pièce, au bord de l'explosion. Elle avait tout essayé, des menaces jusqu'aux hurlements. Mais le corps de l'humaine n'avait que tressailli par intermittence.
Pas un seul mot n'avait passé sa bouche.
[Cellule d'isolement 1 : PH 0212]
... ÇA SUFFIT !
[Cellule d'isolement 1 : PH 0213]
Jusque là, la scènette s'était déroulée sans son intervention. Être spectateur lui avait autorisé la prise de distance, la négation des sens.
Mais lorsque son poing heurta pour la première fois le ventre déjà violacé de la criminelle déchue de son statut de citoyenne... La donne changea.
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Nouvelles
01 Décembre 2012
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