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EDC de Nayr~25414

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Comme prévu

"Tout est froid."
C'était la seule raison qu'il trouvait à sa détermination quand dans les sinuosités de sa pensée il plongeait.
"Tout est froid, oui."
Quand il respirait, quand il marchait, quand il parlait, quand il buvait... Rien n'éveillait plus une quelconque sensation en lui. Entre ses dents, tout avait le goût de cendres. L'alcool ne réchauffait plus sa gorge. Sa chair n'aspirait plus aux plaisirs coupables. Sous ses doigts, tout paraissait froid.
Il l'avait senti venir. Il avait même poussé le vice jusqu'à se libérer une heptade de préparation en conditions réelles. Il avait consenti à se draper dans le verre clair et glacial. Il s'était regardé perdre vie, lentement, dans un carcan impénétrable. Et il avait aimé ça.
Tout était froid, mais cette fois, il avait compris pourquoi. Son esprit avait continué à se questionner vainement les première heures, puis, anesthésié, il n'avait plus subsisté qu'un calme surnaturel. Ses synapses avait cessé de transmettre des impulsions électriques. Tout était bien.
Cependant, il s'était fait violence pour se libérer. Il avait promis. Et quand une voix douce avait répondu à ses mots solennels, il avait un instant cru qu'il y aurait finalement une paire de lèvres pour sceller son repos provisoire... pour cette fois.
Mais il n'avait guère tardé à comprendre. Quand le corps sans éclat de vie palpable fût là, étalé sous ses iris délavés par la retraite qu'avait entamé le sang gorgeant son visage de coutume, tout était devenu clair.
Il avait comprit, oui, qu'il n'y aurait rien. Rien, pas même la buée du souffle vital d'un égaré, ne viendrait troubler l'éternel sommeil qu'il se promettait prétentieusement.
Éternel... C'était ridicule, une toquade de son orgueil qui, par la plaie qu'on lui avait causé, s'était gonflé de sarcasme comme une blessure infectée s'emplirait d'un pus nauséabond.
On leur avait donné, à tous, un goût d'éternité en bouche, la promesse d'années sans fin. Cela ne rimait plus à rien et ils finissaient par s'en lasser. Tous, les uns après les autres, partaient quérir cet avant-goût de mort drapée dans son costume d'infinité. Glace et silence. Ils n'étaient pas fait pour l'éternel, non.
Surtout pas lui.

Les choses s'imbriquaient bien dans sa pensée, désormais. Il chassa de son esprit un questionnement qui l'avait taraudé longtemps et qui avait pour propos le pourquoi de son arrivée dans cette ville et mis en mouvement ses membres valétudinaires. Lente, la marche finale débutait.
"Tout est froid..."
Ne cessa t-il de penser, ses yeux déjà éteints se promenant sur les rues noyées dans leur camaïeu de gris. Il faisait de mouvoir ses muscles mécaniquement. Il aurait été machine insensible qu'il n'aurait pas trouvé moins de plaisir à se sentir maître de ce corps qui lui était indifférent. Si indifférent, à la vérité, qu'il ne lui paraissait plus qu'une enveloppe vulgaire de peau et d'os, sans autre but, vraiment, que de contenir. Un vase lui aurait paru plus utile que tout cet enchevêtrement de tissu ridicule. Peut-être était-ce pour cela, qu'il avait trouvé refuge dans un cocon translucide.
"Si froid..."
Il approchait. Son corps condamné le sentait, mais il ne fit pas faiblir le pas. La haute stature du bâtiment se dessina finalement, une lumière bleue semblait percer ses ouvertures.

---
Il était nu désormais et le froid commençait à s'infiltrer à travers le voile insignifiant de son épiderme. Ce fut seulement cette sensation qui mit fin à toute pensée parasite. Une sérénité étrange l'envahissait avec une lenteur calculée et avant qu'il ne put s'en apercevoir, son enveloppe charnelle courrait elle-même à sa perte.
Assuré, un pied se posa dans la cuve. Puis le second. Il se retourna pour poser son regard, qui avait tout perdu de sa teinte safranée maintenant, sur l'épais panneau translucide entamant son lent mouvement pour se refermer sur lui. Il n'y pas de doute de dernière minute. Pas d'envie de se mouvoir pour se donner du temps. Tout ceci était pour lui naturel. La couverture de glace qui bientôt l'entourerait maternellement n'était qu'un signe ostentatoire de sa vérité intérieure.
Il était déjà froid, bien que les yeux des autres ne s'en apercevaient pas.

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Chroniques
30 Novembre 2012
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