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Les Gelés
C'est étrange, quand il y pense, il a toujours aimé cet endroit.
Les hauts murs nus, le silence vrombissant qui emplit l'espace, la lueur bleue paraissant inonder jusqu'aux corps vivants qui s'aventurent jusqu'ici.
Les hauts murs nus, le silence vrombissant qui emplit l'espace, la lueur bleue paraissant inonder jusqu'aux corps vivants qui s'aventurent jusqu'ici.
Oui, il a vraiment toujours aimé cet endroit. Depuis sa première découverte du sol lisse sous ses pieds nus, débouché d'une recherche de paix hasardeuse au fil des rues du secteur. Il s'était retrouvé là, droit, muet, le froid mordant sa chair et pénétrant ces vertèbres pour le cribler de frissons, doucement. Il s'était avancé, mu d'une curiosité sans visage particulier, et avait observé, longtemps. Il y avait dans cette atmosphère sans vie une quiétude qui était attirante, reposante. Les cris du monde, à l'extérieur, l'insupportait. Et, dans un contraste trop prononcé, la demi-mort de ces visages blancs, figés dans le temps, était devenue synonyme de sérénité.
Depuis la première confrontation, il était souvent venu en visite, avec le même rituel s'enchainant par automatisme. Il passait devant les coffrets translucides, se laissait aller à des suppositions capillotractés en observant les traits calmes de ces inconnus, puis repartait avec un nouveau lot de patience pour affronter les incohérences du l'au-dehors. Il avait fini par s'approprier chaque corps glacé jusqu'aux entrailles comme on interprète un tableau exposé sur un pan de mur.
C'est après cela que son regard changea sur les Gelés.
Une bille d'envie grossissait dans sa gorge lors de ses visites, désormais. Il voulut tant de fois clore les paupières comme Ils l'avaient fait avant lui et ne plus rien voir, ne plus supporter.
Il se découvrait lâche, en somme.
Lâche et anormalement usé par une vie que d'autres menaient sans ciller.
Un soir, à la pénombre d'un humain à la peau parsemée de cristaux à peine visible derrière la paroi embuée, il se dit que c'est peut-être parce qu'il n'avait rien à faire là. Ou peut-être parce qu'il n'était qu'un pauvre vautour sans ambition. Un piaf ascendant serpillère.
"Oué... Vautour ascendant lopette..."
C'est étrange, oui, quand il y pense, il a toujours aimé cet endroit. Ce calme plat, parfait pour débiter des inepties, pour s'inventer un monde inachevé, sans queue ni tête. Parfait pour décuver ou se remettre d'un abus de sucettes, aussi.
Et, quand il y réfléchit, il sait qu'il finira là. Sans frissons, sans pleurs d'une cohorte de proches s’égouttant contre la vitre de sa jolie boîte, sans trace de lèvres amoureuses celant son repos.
Et, quand il y réfléchit, il sait qu'il finira là. Sans frissons, sans pleurs d'une cohorte de proches s’égouttant contre la vitre de sa jolie boîte, sans trace de lèvres amoureuses celant son repos.
Juste le silence d'un Congé pour Congélation à Durée Indéterminée et, peut-être, avec malchance, le regard d'un inconnu venu méditer.
Informations sur l'article
Chroniques
04 Octobre 2012
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◊ Commentaires
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Nayr~25414 (9☆) Le 04 Octobre 2012
Seul le grand dieu des congelés Toupargel le sait !