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EDC de Nayr~25414

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Jour 1.5 - Arrivée

Avec une lenteur prudente, comme si les communications électriques entre les neurones elles-mêmes craignaient une surcharge d'informations à transmettre , l'être prend conscience de lui. Chaque cellule de son corps, par groupement bien ordonné, se met au garde à vous pour signifier son incorruptible loyauté envers les ordres du cortex moteur. Ainsi, il se découvre une bouche... Des doigts... Des orteils... Des bras, des jambes, un buste, un crâne et... Un mal, de crâne.
Impressionnant comme ce qui n'existait pas pour vous l'instant d'avant vous donne une furieuse envie d'ablation imminente l'instant d'après.
Malheureusement, l'ablation de céphalée est encore une opération très délicate, uniquement pratiquée par des gobelins qui, étrangement, finiront quatre fois sur cinq par décréter que vous avez mystérieusement perdu toutes vos facultés motrices consécutivement à l'opération. Ceci étant possiblement dû à la perte fortuite de votre lobe frontal après un geste malheureux. Le pire étant que vous aurez toujours un mal de tête à avoir envie de vous l'éclater contre un mur après cela.
Pas d'ablation pour cette fois, donc. Le sang continue de pulser aux tempes douloureuses de l'être étalé, comme sans vie, sur un sol dont il commence à peine à percevoir la fraîcheur à travers le rempart de tissu qui l'enveloppe. Les perceptions visuelles surviennent quelques instants après les sensorielles et les auditives. D'autres loques, autour, gisent de la même inquiétante façon...
[Un nombre indéterminé d'unités temporelles plus tard...]
Sa cage thoracique se meut à un rythme irrégulier alors qu'enfin debout sur ses jambes, il s'appuie d'un geste incertain sur la façade du bâtiment dont il vient de s'extirper. D'autres corps encore, d'autres visages déboussolés, s'entrecroisent partout à la portée de son regard ahuri. Les chairs douloureuses, ankylosées comme si on l'avait trainé sur plusieurs mètres sans indulgence, le vautour respire l'air lourd chargé d'une humidité qui emplit ses poumons pour mieux l’asphyxier. Ses pupilles dilatées furètent d'un côté et de l'autre, fovéas fébriles. Des impulsions électriques et autres diffusions chimiques s’opèrent à l'abri de sa boîte crânienne... Mais rien n'y fait, il se trouve n'avoir aucune information sur son environnement direct.
Une suite de réflexes se met cependant en place. Après avoir vérifié le bon fonctionnement de son attirail de phalanges, il fouille lentement l'uniforme grisâtre qu'il a sur le dos. Le seul fait de trouver du tissu sous ses doigts l'étonne autant qu'il le rassure. Avouons que pour rencontrer d'éventuels autochtones à la recherche d'indices, le côté "Hey, t'as vu comme y s'balance ? Rigolo, nan ?", ça n'aide pas nécessairement.

[Une carte, quelques crédits, une superbe casquette et un boulot trouvés plus tard...]

Technicien à la Centrale énergétique. La dénomination sonnerait presque bien aux oreilles du plumé. Bon, bien évidemment, il ne sait toujours pas ce qu'il est réellement supposé faire ici, ni même ce qu'"ici" signifie exactement. Le maigre guide fourni avec son barda ne l'éclaire pas plus. Et c'est avec crainte, les genoux flageolants, qu'il déambule au fil des les rues plongées dans une pénombre s'intensifiant de minute en minute. Les façades sans la moindre trace d'âme qui vive se succèdent et les questions se bousculent sans l'esprit du spécimen tentant se rassembler ses connaissances, espérant que quelque chose dans le fouillis de sa souvenance puisse l'aider.
C'est alors que se fait entendre non loin une série de bruits aussi familiers qu'il sont effrayants. Des 'bip' mêlés au son distinct d'articulations hydrauliques se mouvant. Et la lueur translucide de deux faisceaux carmins à une paire de pas de là finit de lui confirmer son impression : une machine approche.

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Chroniques
06 Septembre 2012
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