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EDC de Nayr~25414

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Le trou

Le renouveau.
Je ne sais pas vraiment si c'est une sensation commune à tout un chacun.
Je ne sais vraiment pas non plus si beaucoup ont posé le pied sur le sol souvent bourbeux du si célèbre "fond du gouffre" pour revenir à la surface.
Je ne sais pas beaucoup plus si ils ont eu cette sensation unique, absolument pas fidèlement descriptible de se défaire de tout le poids qui les a entrainé si bas à mesure que la remontée s'opère.
Remontée. A chaque palier vers la lumière encore trouble à vos yeux, des doigts d'une douceur parfois discutable s’efforcent de détacher les cordelettes invisibles arnachant des poids bien palpables à vos chevilles marquées de stries rougeâtres. C'est drôle comme on ne se souvient pas toujours, dans la rétrospective, que ses doigts ne sont rien de plus que les acteurs de notre volonté profonde, douloureuse, de sentir la chaleur du jour sur nos joues de nouveau. La liberté jouissive qui découle de ce lâché de poids surpasse un peu le reste, je présume.
Ce qui est amusant, aussi... Ou peut-être pas tant, mais... Intéressant, peut-être... C'est que l'on nomme ce phénomène, de façon assez commune et peu importe ce qui l'a déclenché : renaissance. Je ne reconnais pas mon impression dans ce terme. Non, décidément pas, puisque si, jusqu'à ma sortie du trou, mon enveloppe charnelle était bel et bien au monde, si toutes mes fonctions vitales et cérébrales étaient opérationnelles, si j'étais capable de sentiments, j'étais à distance de tout. Un film imperméable me protégeait, m'isolait, bridait quelque part mes émotions... Comme si elles ne parvenaient jamais assez profondément à l'intérieur de moi.
Ainsi, je ne voulais pas revoir la lumière. J'avais simplement toujours eu envie de voir à quoi elle ressemblait de près, ne l'ayant jamais observée qu'a travers cet écran à peine translucide.
Je ne sais pas au juste ce qui m'en a donné envie.
Peut-être une pointe de mimétisme animal couplé à l'esprit d'explorateur de l'homme. Plus possiblement le fait établi que si vous n'êtes pas à vos aises ici, quelque chose vous souffle qu'ailleurs, ce sera mieux. L'humidité sombre et fraîche troquée pour la chaleur, l'intensité de l'éclairage variant doucement, les alizés jamais mordants.
Et, effectivement... C'était mieux, dans l'ailleurs. A ceci près qu'il y a des gens, dans l'ailleurs. Pas que je n'avais pas eu à faire avec eux avant, non. mais là... Ils sont plus que des visages anonymes ou des voix sèches. La masse d'hommes indistinctes s'est fendue en des milliers d'êtres avec une allure, des intonations, des personnalités différentes. C'est à la fois merveilleusement effrayant et passionnant.
Notez bien que, aussi longtemps que vous demeurez dans l'ailleurs, l'envie furtive vous viendra de revenir dans la sécurité solitaire du trou si vous n'aviez connu que lui, au commencement. D'ailleurs, il fut un temps où l'on connaissait tous ce refuge créateur. Bien sûr, la cuve de maturation en a quelques aspects mais son caractère non-organique empêche une comparaison plus poussée.
L'avantage étant que... Si vous devez y retourner un jour... L'envie, a la seconde fois, disparaîtra totalement. A moins, que, bien évidemment, ce soit votre inadaptation aux rayons lumineux qui vous repousse, encore et encore, dans le trou. Là, volonté de revoir la lumière étant absente de façon plus ou moins définitive, le trou sera votre domicile attitré.
Vous aurez ainsi tout le loisir de vous faire à l'idée de mourir seul dans l'extinction douce et lente des sensations et des plaisirs avant tout vos autres congénères. Admettons que ceci peut avoir ces avantages... Non ?

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Nouvelles
20 Août 2012
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