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EDC de Nayr~25414

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Jeux / de devinettes (2)

Il continua de me dévisager. J'étais comme percée à la poitrine d'un poignard gelé alors que ses iris me détaillaient, me fouillaient sans restriction aucune.

S'il me faut vous entendre gémir au moindre...

Je secouais frénétiquement ma tête de gauche à droite, de crainte qu'il décide finalement de rester -coquille impénétrable- désespérément clos.

Bien, bien. Je continue.
Un souffle de soulagement m'emplit. Cependant, il ne semblait pas décidé à cesser de jouer avec l'appréhension qui s'était éveillée en moi l'instant précédent.
Prenez tout de même garde, de là à ce que vos chastes oreilles soient à jamais souillées par mes profanes paroles...
Quelque chose sur son visage bascula. Un incongru air espiègle s’étalait maintenant sur ses traits ravinés et moi, prise au dépourvu, je fronçais peu perceptiblement le front, l'incitant du regard à continuer, insistante.
Certaine ?
Je confirmais en silence.
Allons bon.
Que vous disais-je donc... Ah, oui.
Air espiègle se fait chasser par celui de l'effort qui aide à rattraper le fil de son souvenir, ce dernier lui même chassé par l'air grave qui l'avait quitté un moment auparavant.

Un vaillant.
Et, ma foi, je lui prédisais une mort certaine, connu comme il l'était devenu. Et je vous parle de cela... Il n'avait pas vingt ans. Un gamin avec de grands airs. un gamins avec des instincts d'Homme, surtout. La tête bien faite et pleine de mauvaise malice...
Je me surprenais à constater ce qui m'avait fait écarquiller l’œil plus tôt. Ce n'était pas la fécondité démentielle des femmes culbutées à la chaine, non. Mais plutôt le fait que le dit culbutage nuit sur nuit, fille après fille, lui ait semblé hors mœurs. Il avait attendu, et cru, que cela me choquerait. Cela ne faisait que renforcer cette impression qu'il était sans âge. Comment pouvait-il être si éloigné des habitudes actuelles... Si... Vieux "jeu" ?
Et puis, quand cette histoire se passait-elle donc, pour que les coucheries préoccupent quelques personnes ? Pour qu'il y ait des pères auprès de leurs filles ?
... toujours à échafauder son prochain tour, la ruse qui surpasserait la précédente. Et un bagout ! Enfin, il devait finit par butter contre un obstacle : ainsi vont les affaires. J'ai, vraiment, toujours cru qu'il finirait embroché par un patriarche aux filles mères avant l'âge. Ou Par un fiancé l'ayant retrouvé entre les cuisses de sa promise. Mais, voyez, quelqu'un là-haut devait lui réserver plus sombre dessein. Et sombre, ma demoiselle, voilà qui est bien peu dire.
Le croustillant du propos s'annonçait enfin.
La période la plus froide de l'année s'annonçait. Temps des transfigurations. Des migrations, aussi. Ils sont arrivés avant que la saison des tempêtes batte son plein.
Il me semble bien que le bougre a senti que cette fois, le jeu aurait des règles dont il ne serait pas seul à décider. Même bien informé, il y est allé, tout gonflé de prétention, mou membre ayant déjà pris contrôle de son être : il n'y avait eu besoin que d'un regard lancé sur le bariolé d'une jupe pour que l'effet se fasse sentir.
Il prit une pause. Je sentais le moment charnière se profiler, mais il semblait vouloir faire flotter cette atmosphère de suspend noirci à la "sombre" annonce. Son regard, de nouveau, se tourna vers moi, franc et limpide.
Connaissez vous la définition du terme "fléau", mademoiselle ?

Un instant de surprise surgit et se dissipa bien vite. Je l'observai puis niai d'un long mouvement de la tête. Oui, j'aurais pu tenter de lui livrer une explication bricolée mais non. Je ne voulais pas interrompre le courant de paroles qu'il me coulait à l'oreille. Il prit une lente inspiration après un instant de latence qui continuait à appeler une réponse... Puis sa voix prit son essor, encore.
Un fléau. Une calamité, un désastre météorologique, une maladie pandémique, un conflit catastrophique. Et aussi... La destruction incarnée dans un être humain. On a souvent prêté une face animale à ce genre de fléau là. Des chimères aux pouvoirs cataclysmiques. Mais... Je suis sûr que vous arrivez sans mal à voir des visages -ou à vous figurer des noms- de fléaux incarnés flotter dans votre esprit à la seule évocation de leur nature commune.
En effet, j'y arrivai très bien.
Et si la plupart d'entre eux annoncent leur nature à leur simple vue, à la simple entente de leur voix d'outre-tombe, au simple ressenti de cette aura létale qui les entoure... D'autres sont indécelables. Certains sont justes discrets, furtifs, rusés, mais ce dont je vous parle sont... Plaisants. Le sourire avenant, le geste amical, la verbe douce à l'oreille...
Comme la sienne à la mienne... ?
... La beauté envoûtante, invitante, qui vous induit en erreur et vous a charmé déjà au premier instant.
Vous voyez où il veut en venir, n'est ce pas ? Ainsi reporté, cela me paraît limpide également. Mais, croyez le ou non, prise dans sa toile, je ne faisais qu'écouter, me laissais nourrir de ses mots, laissais leur sens s'imposer à moi sans me questionner sur la suite de l'histoire. Et quelle suite.

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Nouvelles
25 Juin 2012
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