EDC de Nayr~25414
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Cacher
La Culpabilité
Rouge.
C'était tout ce qu'il était capable de voir, à travers le voile de peau tendu sur ses globes desséchés par la chaleur. Les rayons infrarouges perçaient la pellicule fine sans la moindre difficulté, n'accordant aucun repos à ses fovéas épuisées par la réception incessante de stimulations lumineuses.
Tu n'aurais pas dû tenter. Tu le sais, n'est ce pas ?
Tu n'aurais pas dû tenter. Tu le sais, n'est ce pas ?
Oh, oui... Oui... Il savait. Mais qu'y avait-il à faire d'autres, quand tout semblait terminé. Agir lui avait semblé la dernière chose à tenter. Même si c'était sottement. Même si cela ne servirait à rien. Il le fallait. Il en avait besoin, pour se dédouaner de ce qu'il estimait être une souillure indélébile dans sa conscience. Il en avait besoin, chaque atome de chair le lui demandait. Conscience que l'homme s'est efforcé de garder intacte tout ce temps. Exempte de toute ombre. Quitte, parfois, à se tromper lui-même. Ou quitte à la réprimer à grand coups d'auto-persuasion. Tout sauf le remord.
Il avait vu ses compatriotes se laisser bouffer par ce monstre sans pitié aucune. Le dégoût de soi qui emplissait leurs orbites vides. Cette hésitation en chaque geste. Ce manque de foi qui les conduisait à chaque pas vers un état d'immobilisme parfait.
Des loques.
Il n'avait pas voulu, au début, reconnaître que ce qui lui remuait la poitrine, ce qui palpitait aux bouts de ses doigts, ce qui creusait ses tripes et l'éloignait des plaisirs dont il abusait avant l'incident, était cette conscience remontant, boule d'amertume, du fond de sa gorge.
Il se mit à éviter les miroirs.
L'écusson qu'il portait encore à la poitrine semblait aussi y creuser une abysse aux bords lisses, sa chair sans merci creusée.
L'homme se supporta néanmoins de longues années ainsi. Chaque jour le poussant un peu plus vers cette nausée indescriptible. Et, qui sait, les humains sont résistants, il aura pu continuer ainsi encore, et encore. Des mois. Des années, à s'oublier pour supporter son existence, à se haïr, au fond, comme le plus revanchard de ses ennemis. Mais...
... Un sourire éclos sur un visage avait dissuadé son endurance. La détentrice des traits fondus dans l'amabilité n'était rien, bien sûr. Personne. Juste un être qui semblait l'apprécier, ne pas voir ce fiel empuanti qui lui coulait dans la poitrine à gros bouillons. Et la seule pensée qu'une entité douée d'intelligence puisse trouver un gramme de matière plaisante en lui termina de le révulser.
Il revit alors, sans cesse, par bribes intervenant selon des rapprochements de son esprit avec ce qui lui tombait sous l’œil, des réminiscences de passés qu'il touchait encore du doigt.
Et, bientôt, il ne chercha plus qu'un exutoire pour décharger cette abjection qui lui crevait la poitrine. Les injecteurs de kronatium n'y firent rien. Le creux de cuisses accueillantes non plus. Le sang de l'ennemi commun déversé, pas plus. Il n'y a que la souffrance la plus intime, au plus profond de ses chairs malmenées qui arrivait à le libérer. Il le découvrit par un hasard chargé d'ironie, au détour d'un raid chaotique ou une lame, déjà sale des fluides vitaux de ses compatriotes, lui avait été enfoncée dans l'abdomen.
De là, il ne chercha plus que le courroux de ses ennemis, se faisant amas de viande en pâture. Et quand ils furent lassés, il se débrouilla pour s'introduire comme une bête folle, dans le sacro-saint bastion ennemi.
Encore.
Et encore.
Jusqu'à ce qu'eux aussi, se lassent de le tuer. Les tortures ? Il en redemandait, à grand cris désincarné de sa voix rauque, brisé par les hurlements de délivrance sous la douleur intense. Ils l'enfermèrent. Il se jetait contre les murs, s'ouvrait le crâne. On arrêta de lui prodiguer des soins. L'homme à la peau brunie par les ruissellements de sang séché se maintenait là, entre vie et mort, juste assez amoché pour qu'une souffrance constante le transperce d'un bout à l'autre.
Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait plus. Il appela, il supplia. Une femme vient répondre à ses attentes sous les lumières aveuglantes. Il ne fut bientôt plus qu'un déchet de peau et de sang maintenu en vie.
Réponds ! Tu le sais, n'est ce pas ?
Il revoyait, par visions hachées, les épaules blanches battues d'une pluie sèche, bruine calme qui venait laver le ciel des nuages de poussière qui s'en était envolé.
Il revoyait, par visions hachées, les épaules blanches battues d'une pluie sèche, bruine calme qui venait laver le ciel des nuages de poussière qui s'en était envolé.
Patiemment, il retire son masque anti-particules. Ses yeux parcourent la finesse de cette nuque, la naissance, qu'il sait douce, de la chevelure relevée.
"Mais... Comment ça ?"
"Je n'ai plus qu'à profiter de la confusion pour aller m'installer là-bas."
L'information ne veut pas être assimilée par son cerveau. Ou bien est-ce le contraire... ?
"... Mais... Comment ça ?"
Elle lui fait face désormais. Elle et le dessin parfait des ses lèvres. Elle et son sourire éthéré. Elle et son année pas encore complète au sein du secteur, fraîchement sortie de cuve de maturation à son arrivée.
"Je m'en vais. Je ne me suis jamais acclimatée ici... Tu le sais. Ils m’accueilleront bien, tu verras... Je leur fournirais des informations pour m'assurer leur confiance. Tout ira bien."
"Mais... Comment ça ?"
"Je n'ai plus qu'à profiter de la confusion pour aller m'installer là-bas."
L'information ne veut pas être assimilée par son cerveau. Ou bien est-ce le contraire... ?
"... Mais... Comment ça ?"
Elle lui fait face désormais. Elle et le dessin parfait des ses lèvres. Elle et son sourire éthéré. Elle et son année pas encore complète au sein du secteur, fraîchement sortie de cuve de maturation à son arrivée.
"Je m'en vais. Je ne me suis jamais acclimatée ici... Tu le sais. Ils m’accueilleront bien, tu verras... Je leur fournirais des informations pour m'assurer leur confiance. Tout ira bien."
Tout n'est pas allé bien. L'homme ne sait encore aujourd'hui, si c'est de désespoir de la voir le fuir ainsi ou si c'est par amour de son secteur et pour e sauvegarder la sécurité qu'il l'a fait. Mais, il sait ce qu'il a fait.
Elle souriait encore quand elle a touché terre.
Elle et ses mèches maculées de sang. Elle et son buste aux seins encore attirants, vidée de souffle. Elle et son corps sans vie qui allait disparaître. Elle reviendrait, il en était persuadé à cet instant, son esprit vidé de ses idées malsaines.
Des torrents d'eau chargée de poussière cristalline coulait dans les rues et lui, lui courait à contre-courant.
Il ne savait pas encore qu'elle avait fait le nécessaire.
Elle avait toujours été une femme prévoyante.
De l'autre côté du mur, son corps nu s'était reconstitué dans une cuve.
Dis le ! Dis que tu sais que tu n'aurais pas dû tenter, que je me débrouillerais de toutes façons ! Dis que tu l'as toujours su ! DIS LE !
Il avait presque oublié comme elle était rancunière.
Informations sur l'article
Nouvelles
28 Mai 2012
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◊ Commentaires
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Nayr~25414 (9☆) Le 30 Mai 2012
Personnellement pas encore satisfaite du résultat mais... Merci. Il y en aura du même acabit à venir.