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XXII. Vale Quirin
- Vale Quirin... Requiesce in pace -
Un jour de l'an 359.... Marran....
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Il existe des moments dans la vie auquel nous nous préparons chaque jour. Des mariages, des fêtes, des cérémonies de toutes sortes, des oraux, des examens, des entrevues. Tant d'événements qui pouvaient un jour devenir routiniers et communs. Chaque jour représente un défi, une mise à l'épreuve de soi, de ses connaissances ou même de ses compétences. Cependant, malgré le précieux héritage du clonage, il y a bien une chose à laquelle nous ne sommes jamais entièrement préparés. La mort. La mort, cette faucheuse rendue mythique par les affres de nos centres de clonages. La mort qui rôde dans les ombres, sans qu'on la voit. Cette même mort qui se moque délicieusement de nous, lorsqu'enfin elle a l'opportunité de frapper. Nous qui , pauvres fous, nous nous moquons d'elle à tous les jours. Il fallait bien qu'elle se venge un jour.
Mais toi, ton histoire, jamais je n'aurais cru qu'elle côtoierait la mort, certainement pas de cette manière là. Que dire. Nos premiers déboires n'avaient rien de splendides. Fier homme de SMI, tu étais à l'époque aux côtés de Khran. Comme bien d'autres, comme ton fils d'ailleurs, Bastos. Notre première rencontre aurait pu tourner au cauchemar. Faire naître colère et rancoeur. Mais au fond tous les deux, on le savait clairement - c'était simplement la mission. De ton côté pour les idéaux de SMI, du miens parce que j'étais le Lieutenant de la CAR. Moi, petite vautour. Je me souviendrai toujours de ce jour. De l'alerte que l'Ambassadrice avait été attaquée en rue - pas très loin d'Armacham. Besoin de renfort immédiat. Ni une ni deux je m'étais rendue sur les lieux, armée. La grosse blague. Je n'ai jamais été combattante - encore moins à l'époque. Mais c'était le devoir. J'avais pu relever le Legatus rapidement, pour qu'elle puisse se mettre à l'abris. Ce ne fut pas très long que vous m'êtes tous tombés dessus. Le pire, c'est que dans la mêlée il y avait mon fils - Dante - Lieutenant également, un orc de bonne taille. Qui s'est éclipsé sans demander son reste. J'étais seule, devant vous tous. Et bien que je n'étais pas combattante, j'ai tout de même essayé.
Cette bravoure aveugle m'avait valu le respect de bon nombre d'entre vous. Et pourtant, sans l'APM, j'aurais été morte ou pas très loin. Je garde encore le souvenir que toi et les autres vous aviez veillé à ce que je sois prise en charge à l'Hôpital Impérial. Après tout, ce n'était pas moi votre cible. J'étais qu'un messager comme un autre. C'était la seule fois que je t'ai vu de près. Romantique n'est-ce pas? J'ai bien sûr eu d'autres occasions - d'autres altercations. Que ce soit aux Honoras - quand tu pouvais scander haut et fort un " Ad Majorem SMI Gloriam" ou au travers de mes nombreux fils de communications quand tu grondais un agent par ce biais pour ses fautes - je me souviens l'un t'avait même manquer de respect - C'est moi qui ensuite lui avait tapé dessus comme une furie - l'engueulant comme pas un. Mais pourtant jamais je n'avais espérer t'approcher.
Les années se sont mis à défiler ensuite. Tu t'es effacé un temps de la vie publique, du monde. Tu t'es fait un peu plus discret. Bien que, avouons-le, tu avais toujours ce potentiel destructeur qui grondait en toi. Je me souviens encore. Tu ne manquais pas de faire des coups d'éclats, surtout quand tu défendais tes convictions. Que dire comme j'ai été surprise un jour de voir trois Alte Nobiles à la prison alors que moi-même je purgeais une peine? C'est d'une ironie. Mais toi, Quirin, tu étais toujours prêt à la chute, toujours prêt à retomber sur tes pieds. Même dans les pires moments. Quelques années de plus de l'ombre.
Puis un jour tu es sorti de cet ombre. Je me souviens encore. Je fouillais paisiblement dans la rue sous le lourd smog d'une nuit. Tu t'étais approché de moi. Au départ, c'est moi qui t'avais écouté. Je ne t'en voulais pas. Je t'ai offert un travail. Loin de me douter que ce geste allait nous conduire bien plus loin après. Moi aussi, j'avais des blessures à panser. Déceptions amoureuses poignantes et brûlantes. Tu t'es révélé être à ton tour une oreille attentive. Tu te montrais doux et compréhensif. À l'époque j'étais loin de me douter. Tellement loin. Ta patience a été sans borne, alors que je m'obstinais à rester aveugle, toi tu gagnais mon affection, un dessert nocturne à la fois. Et alors que tu étais amoureux, tu n'as jamais cherché à forcer la chose. Jamais un geste de trop, jamais un reproche. Ta persévérance a fini par porter ses fruits. Tu ignores comment toutes ces nuits, où tu m'apportais une pâtisserie m'ont été précieuses. Le pire étant, que tu devais bien te casser la tête pour ne jamais faire la même deux fois. Nous étions amis ne cessais je de me répéter comme une sotte.
Te souviens-tu, de cette nuit chez toi? Celle où lovée contre toi, tu m'avais encore laisser déguster ce dessert dont mon âme avait tant besoin. Une douceur qui apaisait mes maux. Cette fois-là, tu avais bien l'intention de ne pas me laisser filer. De ne pas me laisser te déserter encore. Tu connaissais l'animal blessé que j'étais, et pourtant tu croyais pouvoir panser ces vilaines blessures. Le ton n'a jamais monté cette nuit là. Tu es resté d'un calme olympien. Je t'écoutais, j'avais peur. Une part de moi savait, une autre refusait de croire à cet amour. Pourtant nous avions réellement passer un cap. Entre les flirts anodins, les baiser voler au coin d'une rue. Des caresses tendres à peine voilées. Qui pouvait vraiment nier ce qui se passait entre nous. C'est pourquoi, malgré la peur qui me dévorait les entrailles. Malgré l'abysse qui se présentait à moi, dévorante. J'avais entendu l'avertissement subtile que tu avais glissé. Il fallait que je fasse un choix. Tu avais eu ta part de souffrance, et bien que tu te montrais bienveillant, tu n'étais pas non plus du genre à vouloir te torturer indéfiniment. Tu avais besoin de ma réponse. De m'entendre prononcer ces mots-là. J'avais fait un doigt d'honneur au putain de destin. Quitte à brûler en enfer, valait il mieux pas y brûler à deux?
J'avais fini par le dire, pour toi, pour nous. Ce "Je t'aime" qui allait sceller un nouveau chapitre de nos vies respectives. La vie de couple s'installait entre nous - progressivement. Au départ nous étions pas si pressé de nous dévoilé. Moi Sudiste, criminelle à mes heures. Je figurais parmi les vilains du Quartier. Et toi, peu de temps après tu t'y es joins. Notre vie s'est rythmée à coup de traque. Deux vautours. Mais, j'ai tout de même eu le bonheur plus précieux encore de t'amener avec moi dans la matrice. Tu as été le seul d'ailleurs, à ce jour, à vivre cette initiation au coeur même du DevOps comme je l'avais moi vécue autrefois avec mon premier mentor - Yang. Je me souviens encore l'importance que cela revêtait pour moi. Et fais encore plus comique - à cet époque, j'avais eu ma première expérience comme homme. Mais cela me fera d'autres histoires pour plus tard à raconter. Gwaedh. Je regrette que nos vies fussent tellement mouvementés que se retrouver parfois dans cet univers toi et moi fut tellement compliqué.
Nous nous sommes finalement mariés. Devant nous, des années de bonheur nous attendaient. Tout le poids du smog s'était levé comme pour nous permettre de nous envoler. Chacun de nous a jouer avec le feu. À sa manière. Tu as quitté le Quartier, tes aspirations avaient changés. Tu rejoignais ton ami, ton frère même, Nimah. Je suis restée un temps au sein de la famille, l'Empereur sait comment j'ai pu me tenir aussi loin que possible des discordes. Mais ton retour au Cercle de l'Orient allait inévitablement faire parler, tout comme ton ascension plus tard à la Noblesse. Qui l'eut cru d'ailleurs? Je me souviens comment tout le monde était tiède à t'y voir. Mais t'avais des idées, tu as tenté. J'ai fini par quitté aussi la famille. Non pas par dépit mais je me sentais horriblement inutile. J'ai suivi de loin tes projets. Je t'offrais mon oreille pour écouter chacune de tes frustrations. Tu n'as pourtant jamais baissé les bras.
Je n'avais pas du tout planifié de retourner au sein du Gouvernement à l'époque. Mais je m'étais dit que je pouvais très bien m'impliquer comme médecin et comme plongeuse. Ton temps au CdO aura été assez mouvementé. Toi et Nim' aviez fait tellement de vague en déterrant tous ces dossiers qui avaient été bâclés, erronés. Pour certains ex-accusés ce fut une bonne nouvelle, parce que certaines injustices purent être réparée. Pour d'autres ça grondait fort. Mais tu t'en battais les couilles. Doucement, tu t'es retiré à nouveau. Cette brève période sous les projecteurs t'avais usée, tu cherchais à faire une pause, sans doute pour mieux revenir ensuite. Mais cette pause, elle a aussi été signée par notre divorce. Un divorce qui s'est passé dans le plus grand des respects. Toi et moi savions. Si notre couple prenait fin, ce n'était pas par amertume. Nous n'étions pas en colère l'un contre l'autre. Tu ne me détestais pas. Tu m'aimais encore. Néanmoins tu avais besoin de cette rupture, de prendre ce recul. Dire qu'elle n'a pas été douloureuse autant pour toi que pour moi serait mentir. On le sait. Notre relation allait retrouver notre relation d'origine. Amis, confidents. Mais pas tout de suite.
Tu as fait un petit retour dans le monde corporatif, je dis petit parce que le nombre d'années a été réellement dérisoire. Tu avais ouvert ta banque. Tu te promettais quelques jours tranquilles. Ta vie avait repris un cours plus ou moins paisible. Et la première fois, je me souviens, tu m'avais fait venir. C'est en compagnie d'une amie commune, très chère à nous, Aexe, que tu nous annonçais devoir retrouver un caisson de cryogénie, pour quelques années. La cryogénie a toujours été un vieux monstre dévoreur d'âmes qui rôde quotidiennement. Lui, contrairement à la mort, il était bien réel, tangible, effrayant. Nous nous sommes inquiétés bien que tu nous avais promis de revenir - un jour. La date n'était pas décidée. À chacune de nous tu avais alors confier quelques trésors, tu t'étais préparé comme s'il n'y aurait aucun lendemain. Éventuellement tu es revenu. Cette fois c'est moi qui s'était retrouvée à la noblesse. Tu t'étais fait à nouveau discret. Je redécouvrais petit à petit l'amour auprès de Seek.
Je me souviens encore de ton petit sourire en coin quand je te l'ai annoncé. De ton petit ton qui me narguait encore. Parce que tu t'en es jamais privé. Comme de bons vieux amis, tu ne te gênais d'aucune familiarité. 'NauNau' ou de ces pincements aux fesses, à la dérobée. Tout comme je ne me suis jamais vraiment privé moi non plus. Après tout, c'était un peu ça la beauté de notre amitié. Assumé. Tes dernières années, tu semblais aller et venir, entre le gouvernement, la vie paisible. Comme si tu commençais un peu à chercher ta place. C'était un peu l'impression que tu me laissais par moment. L'âge aura-t-elle eu raison de toi, de ta volonté? Je doute sincèrement que ton départ soit dû à de la lassitude. Pas toi. Toi qui étais toujours plein de ressources, si c'était la raison - je t'aurais maudit. Et probablement traité de vieux con au passage. Mais tu le sais - ça n'aurait été que la traduction rude de ma tristesse. Mais j'ai pu te voir à nouveau heureux, encore, une dernière fois. Du moins, j'ose l'espérer que tu l'étais vraiment.
À ce moment-là c'est toi qui m'avait annoncé être tombé amoureux. Je me souviens comme tu as adoré joué avec ma curiosité maladive. Tu ne voulais pas me dire qui. Juste pour me faire languir. J'ai râlé très fort. Ma persévérance a été récompensé à un certain moment. Mayiine. Je n'aurais jamais deviner. Mais tu semblais réellement amoureux. Les étoiles dans les yeux et tout. Tu me parlais d'elle de temps à autre de votre vie de couple, de tes projets. Puis tu as adopté. Joy. Tu venais enfin de te trouver une famille. Secrètement j'ai espéré que tu aies enfin trouvé la bonne. Je me souviens encore, cette soirée chez Kindle. Et toi tu te souviens Quirin? Tu avais Mayiine blottit contre toi, nous jouions encore au jeu mis au point par Lexa. Elle avait été une cible de prédilection. La pauvre - la dernière séance elle s'en était un peu trop bien sortit. Mais j'avais dû m'incliner face à toi. Nos chamailleries avaient durées un bon moment!
Que dire maintenant que tu n'es plus? J'emmerde la mort. Vraiment. Telle une pétasse qu'on renvoie sans ménagement. La nouvelle a fait une onde de choc. Tu ne te doutes même pas. L'effondrement de ta femme et ta fille. Les messages d'Estelle qui voulait que je veille sur elles. J'avais mes propres réticences. Pardonne moi d'ailleurs vieil ami. Je sais que tu l'aurais voulu. Mais je ne crois pas être la personne qui leur faille. Pas vu le lien, la nature du lien. Parfois revoir une personne aussi proche risque de faire l'effet inverse que l'apaisement. Je n'ai pas envie d'infliger plus de douleurs que celle déjà poignante de ta perte. Le pire? J'ai été con. J'ai cru à tord, quand t'es venu chez moi que t'allais simplement retrouvé un caisson, quelques temps. J'aurais dû me douter quand tu m'as rendu ton alliance, cet alliance que nous avions eu ensemble. Je crois que mon déni avait déjà commencé à ce moment là. Et que de voir ton Id s'afficher sur mon com' lorsque j'ai voulu te demander ton retour m'a fait l'effet d'une balle tirée en plein coeur.
Les deux premiers jours je suis resté engourdi. Comme dans un état de choc. Mais je savais que je devrais alors distribuer certaines de tes possessions à des personnes précises. Des personnes que tu affectionnais plus que tout. Il me faudrait cependant du temps, certains dorment. Puis, sans crier gare, j'appris par le biais de l'AITL que ta femme et ta fille organisaient un Hommage. Un Hommage qui fatalement allait se passer à une date où je ne pourrais pas être là pour te dire Adieu. J'admets. Ça m'a mis hors de moi. Célébrer 86 ans de vie, et sur ces 86 ans, j'avais quand même eu la chance inestimable de te fréquenter pendant 40 ans et même un peu plus. Ce qui - disons-le représente la moitié de ta vie. Personne ne m'avait prévu. J'ai eu l'impression d'être un étranger. Tout comme les expulsions à la chaîne de ces nids sur lesquels j'avais toujours veillé. Le gouffre s'est creusé. Abyssal. La réalité de ta mort est devenu beaucoup trop tangible. Si tangible qu'elle tord les tripes. Après Nimah. Après Isilin. La mort se montrait d'une cruauté sans limite.
L'alliance est allé rejoindre les différents memento que je porte, que je garde précieusement. Ton souvenir vivra en moi Quirin. Et un jour, je serai de ceux qui pourra dire - j'ai connu ce vieux con de Quirin. C'était quelqu'un de bien, même si pas toujours facile à vivre. Je t'ai déjà dit par le passé je t'aime. Aujourd'hui, je me tiens devant l'Impasse, là où tout a vraiment commencé. Et c'est avec la promesse de ne te pas t'oublier que je te dis:
"Vale Quirin... Requiesce in pace "
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Informations sur l'article
📖Vita Vulturis
11 Janvier 2024
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◊ Commentaires
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Kindle (0☆) Le 11 Janvier 2024
[Pour ne pas changer ... Super bien écrit !! N'étoile 🌟
Et oui le trio Nim', Isi, Quirin ...
J'ai adoré surtout cette époque là et elle restera gravé chez l'elfe.
(keur) Copain ]