EDC de Naurestel
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Cacher
XIX. Caged Bird.
Je suis la nuit,
l'Ombre mon alliée,
l'Obscurité mon royaume.
Et dans le noir profond,
Je suis la sombre reine des tréfonds.
Noir Retour.
Une idée folle. Sombre et sordide. Ce genre d'idée que l'on attend des détraqués de ce monde mais auxquelles on ne s'entend pas de la part de personnes supposément saines d'esprit. Et pourtant, elle était venue, saugrenue. Elle était venue lentement s'installer dans mon esprit sans doute malade, dérangé, mais surtout marqué par de nombreuses années de combats, de traumatismes divers, comme tous les dreadcastiens je m'étais perdue à un moment de ma vie. Cette immortalité s'allongeait doucement devant moi comme un long fleuve et j'étais restée coincée au milieu sans trop savoir quoi en faire. Sans trop savoir quoi faire de plus pour avancer sur ces eaux agitées qui est mon psychisme.
Pendant des années. Je m'étais concentrée sur tant de choses. Ma carrière, mes rêves, mon amour, mes joies, la route que je dessinais comme un trait de fusain sur une feuille blanche, d'abord si nette, si précise. Si pure que le doute n'avait pas sa place, puis lentement volatile, un souffle déplacé, un geste incertain, et celle-ci s'estompait, les pas devenaient moins sûrs. Où allait donc ce trait déjà? Est-ce que je m'en souviens seulement? Je n'en suis pas certaine. Mais j'avais négligée une chose. Une chose certaine. Pour avancer je ne devais pas que soigner mon esprit. Je devais le pousser plus avant.
- Un esprit solide dans le corps humain,
C'est la plus grande force dans la plus grande faiblesse -
Isocrate
Je lui en avais alors parlé. Il ne m'a pas jugé. L'idée folle. C'en était presque étonnant mais depuis le temps que je le connais j'ai cessé de m'étonner de sa résilience. Il est comme ça. C'est une partie de son être. La discussion s'était allongée, longuement, j'étalais mes raisons comme du synthé-beurre sur une tartine. Plus j'étendais, plus j'avais l'impression que j'égarais l'essence des raisons qui me poussaient à faire cela. Pourquoi le faisais-je déjà? Était-ce seulement nécessaire? Pourquoi cette idée m'avait traversée l'esprit? Comme le synthé-beurre, ma conviction se fondait dans le doute, mais je restais tout de même accrochée à cette conviction toute simple que si je voulais m'en sortir, je devais emprunter ce chemin sinueux.
Le temps était passé, ma conviction effritée. Je ne me souviens plus ce qui l'avait ramené à mon esprit, mais ce fut comme sortir la tête de l'eau. J'ai inspiré comme si je retrouvais l'air dont on m'avait si longtemps privée. Je lui demandai alors de commencer ce traitement comme si j'étais une grande malade à une date obscure et il accepta, sur-le-champ. Je sentais les premières vague d'une lointaine tempête me foncer dessus avec force. Mon anxiété pointa le bout de son nez, comme une vile créature tapie dans l'ombre. Mais je n'allais pas la laisser gagner.
- Seul le corps peut aller en prison,
l'esprit ne peut être prisonnier,
on ne peut attraper le vent. -
Le fameux jour J. Première tentative. J'ai sans aucun doute été bourrin. Et sans doute aveugle aussi. Dans un lieux secret de Marran, il m'avait conduit à travers un dédale de couloir. Il s'était arrêté devant une porte, tel un gardien et comme à son habitude il m'expliqua en quoi tout ceci consistait. J'opinais de temps à autre, comprenant chacun de ses mots. Mais étais-je seulement bien certaine de les comprendre? Ou était-ce mon égo qui parlait? Il m'annonça le mot de code, ce mot si précieux qui devait me tirer de la tempête si j'avais besoin d'être secourue. Je l'enregistrai bien dans mon esprit. Puis il m'invita d'un geste à pénétrer dans une petite salle exiguë. J'inspirai et marchai, pénétrant dans celle-ci d'un pas résolu alors que je me jetais volontairement dans la gueule du Gnoll. Et là tout commença.
La lourde porte se referma derrière moi et les lumières s'éteignirent brusquement, me laissant seule avec le silence étouffant et un vieil ennemi que je n'évoquais jamais. Pourtant je savais que mon protecteur se trouvait l'autre côté de la porte, patientant que j'en finisse, que je n'en puisse plus, avant de me libérer de cette prison. Mais je ne l'entendais pas comme ça. À tâtons je cherchai un mur dénué de toute substance, aucune décoration, aucun meuble, aucune lumière. Que le bruit blanc d'une machinerie douteuse que je ne parvenais pas à identifier. Et je trouvai ce mur. Rapidement. Mes mains le rencontrèrent et je pus me guider, me retourner et me laisser glisser contre lui, m'asseyant au sol.
Ma vue ne parvenait pas à s'habituer à cette obscurité. Mon souffle s'accélérait lentement. J'avais choisi volontairement la pire des prisons pour moi. Une pièce étroite, sans issu. Dans le noir complet. Claustrophobie était le nom de mon plus vieil ennemi et il pointa rapidement le bout de son nez. Assise, le dos appuyer contre le mur, je me forçais à respirer profondément. Pour moi la clé du contrôle de mon anxiété résidait à me forcer au calme. Par tous les moyens possibles. Mais ne faisais-je pas fausse route? Je n'en savais rien. Je me forçais au calme, je m'accrochais à cette idée. Puis, je me suis mise à perdre pied. Lentement. De manière insidieuse.
Crois-tu vraiment qu'il te libérera?
La voix n'était qu'un murmure, mais elle m'arracha tout de même un frisson. Un frisson qui me parcouru l'échine, hérissant mes plumes. Car il y avait quelque chose de sadique dans cette voix. Quelque chose de sarcastique qui fit grimper mon angoisse. Respirer. Je devais respirer. Je devais rester calme. Combien de temps s'était-il écoulé?
Il te tiens prisonnier. Il se fou de toi. Tu n'es qu'un jouet de plus pour lui.
C'est faux
Tu en es sûr? Tu es enfermée, à sa merci...
Je lui fais confiance.
Tu es naïve.
À ce stade je compris que je perdais le contrôle. Avais-je perdu la partie? Avais-je failli? La conversation se poursuivit pendant de longues cyclo-minutes. Je répondais franchement, avec fermeté car je n'arrivais pas à douter de lui, je n'arrivais pas à remettre en cause ses intentions. Non pas lui. Il ne me trahirait pas. Parfois je m'exprimais avec colère. Je m'étais levée et je tournais en rond, tourmentée. J'entretenais cette conversation qui s'éternisait. Et le doute vint à s'installer, ma peur me la soufflait comme on souffle une promesse à un enfant. Cela me terrifiait. Je finis par la chasser. Le silence revint alors, étouffant. À ce moment, j'avais la respiration lourde, mon coeur battait rapidement dans ma poitrine. J'avais perdu mon calme.
Je ne m'avouai pas vaincu. Je tentai de me calmer à nouveau. Retournant m'asseoir dans un coin. J'avais des vertiges. Je m'allongeai à même le sol, face à un mur. Le froid me piquait le derme et je pouvais reprendre un peu mes esprits. Mais je ne savais pas pour combien de temps encore. Ma respiration s'apaisa un peu. Je devins à nouveau attentive aux bruits blancs. Aurais-je gagné cette fois? Ma persévérance m'assurait-elle cette victoire? Une partie, infime, allait se réjouir lorsque je sentis contre toute attente un souffle dans ma nuque. Je frissonnai. N'étais-je pas censé être seule? Le souffle se répéta. Insistant. Cette fois je n'y tint plus. Je me levai d'un bond, cherchant à fuir ce souffle qui me chatouillait, invisible. Quelques caresses. Je me retrouvai bien vite acculée contre un coin. Je me laissai tomber, j'étouffais. Paniquée je me mis à crier.
- Et parfois ce n'était même pas des mots,
que le son dont des mots veulent naître.
Le son d'autant d'Ombre que de Lumière,
Ni déjà la musique, ni plus le bruit. -
Yves Bonnefoy
La lumière revint brusquement, me piquant les yeux. Mais j'étouffais. J'eus à peine conscience de sa présence, jusqu'à ce que je sente sa main contre mon bras, l'enserrant doucement comme pour m'apaiser. Je manquais d'air, je tremblais, mon esprit s'était fissuré par la peur et le doute suscité.
Respire Nau. Tu as été très courageuse. C'est fini.
Je... j'étouffe...
Il resta près de moi à prodiguer des paroles apaisantes, je finis très tôt par me calmer, dans un frisson d'horreur. Subitement je me sentais idiote. Mais avais-je d'autre moyen? Doucement, il m'invita à sortir, me soutenant alors que je me relevais. Je soufflais, me mis à respirer profondément, alors que je raisonnais à nouveau. Il m'amena dans une pièce à part, loin de ma cellule provisoire. Et je m'installai lourdement dans un fauteuil. On parla. Comme à chaque fois que je franchissais une étape. De ce que je ressentais, de mon impression, et c'est sans cacher mon appréhension que je lui demandai combien de temps j'avais tenu et son ressenti. Et il me répondit de sa franchise désarmante.
Tu as tenu deux cycles. C'est franchement plus que ce que je m'attendais... je n'aurais pas cru que tu tiendrais si longtemps. C'est prometteur.
Je restai bouche bée. Deux cycle? J'avais peine à y croire. La stupéfaction devait se lire sur mes traits car très vite, il ajouta que c'était un signe vers la bonne direction. J'opinai. Je me sentais proche d'une vérité qui me fuyait encore, ma curiosité s'en trouvait attisée. Je voulais savoir. Mais je devais d'abord me laisser un peu de temps. J'annonçai que je recommencerais. Au début je dis une heptade plus tard, essayant de ne pas me surestimer. Et nous en restions là. Commun accord gardé dans un sombre secret. Que cherchais-je à faire vraiment?
- L'Ombre ne vit qu'à la lumière. -
Deux jours passèrent. Deux jours avant que je ne craque à nouveau. Avant que je ne cède encore à la curiosité qui m'habitait. Cette curiosité qui se battait férocement contre ma plus grande phobie. Cette appréhension mêlée de curiosité qui m'offrait une étrange exaltation. J'avais hâte, mais peur à la fois. Peur de ma phobie, mais curieuse de savoir jusqu'où encore je pouvais repousser mes limites. Moi qui plusieurs années plus tôt je craquais instantanément dès que je me retrouvais dans un lieu sans issu. Quel étrangeté tout de même que je fus capable de tenir. Était-ce ma volonté seule qui m'avait permis cela?
Je m'ouvris alors à lui, un soir, sans réellement réfléchir. Et les mots vint d'eux-mêmes avant que je ne puisse les penser, les contrôler.
Je veux retenter la salle. Je suis prête.
Très bien. Allons-y.
J'accusai un frisson. Sans doute surprise de ma propre audace à vouloir me jeter dans le vide. J'ignorais encore comment cela se passerait. Serait-ce mieux que la dernière fois? Pire? Je n'avais aucune conviction à ce sujet. Je voulais simplement tenter le coup. Avancer. La tête haute, le regard droit. J'avais le droit moi aussi à ce genre de choses. À cet estime de moi qui trop souvent m'avait fait défaut. Il était temps que je prenne le contrôle, que je me construise en conséquence. Et c'est résolument que je sortis de chez moi. Dans le smog, je marchai encore jusqu'à ce lieu secret. Un dernier à la rue vide à ce cycle avancé de la nuit, et je m'engouffrai.
Je connaissais le chemin, je m'y glissai sans vraiment m'en rendre compte. Il m'attendait, là, paisiblement comme un gardien en devoir, son regard perçant me détaillait et je ne cherchai pas à me défiler de cet examen minutieux.
Comme la dernière fois?
Comme la dernière fois.
J'opinai, il me céda le passage et je me glissai à nouveau dans cette pièce aux enfers. Le cauchemar allait recommencer.
- Là où la lumière est la plus vive,
L'Ombre s'épaissit d'autant. -
Héraclite
La lumière se coupa. La porte se verrouilla sèchement et mal à l'aise je retirai le trench qui représentait la famille de ma mère. Cette mère qui me manquait tant. Mais je n'étais pas là pour m'apitoyer sur mon sort. Je frissonnai. Mon souffle se travaillait déjà et je dû me répéter quelques fois de rester calme. Mais cette fois, tout ne se passait pas comme la dernière fois. Plus je songeais au calme, plus je sentais mon angoisse grandir. Comme si forcer la main à mon esprit avait des effets néfastes. Et je n'étais pas au bout de mes peines. Ça ne faisait que commencer.
Alors que je marchais dans l'étroite prison, comme un oiseau en cage, je la sentis à nouveau. Cette présence étrangère. Son souffle vint me caresser la nuque. Subtile, à peine perceptible. Et je me mis très vite à tourner sur moi-même. Dans l'obscurité je voyais une ombre fugace qui fuyait mon champs de vision. Il m'était impossible de me concentrer sur celle-ci. Mon esprit fragmenté.
Je t'ai manqué on dirait.
Non.
Non? Tu avais dit une heptade, pourtant te voici au bout de deux jours.
Ne nie pas, je te connais mieux que quiconque. Je connais tout de toi.
Je me sentais prête. Je dois vaincre ma phobie.
Vaincre ta phobie? Pourquoi? Pour te faire rassurer ensuite?
Qu'on te console comme le poussin effrayé que tu es.
Je la chassai. Comme j'avais fait la dernière fois. Avec une certaine rancoeur. Que cherchais-je au fond? Devenir plus forte ou me rassurer comme une enfant terrifiée? Le fait que cette ombre aient vu si juste me mettait en colère. Et elle s'évapora, me laissant complètement seule. Avec ma peur. Et c'était autant vicieux que punitif. Je tournai en rond quelques cyclo-minutes cherchant à nouveau à me calmer. Et si je prenais le problème à l'envers? Si je faisais fausse route? Je ne voulais plus être seule. C'était une évidence qui lentement s'imposait à moi. Et il m'en coûtait plus que de raison de l'admettre.
Reviens.
Le silence perdure, je reste attentive à mon environnement sans trop savoir sur quelle voie je m'engageais à présent. Je savais mon mentor de l'autre côté. Attentif. Mais rien ne se produisit, pas même le souffle qui plus tôt me faisait frissonner de crainte. Je tentai encore.
Reviens.
Elle revint alors, progressivement. Je la vis, se former devant moi. Une silhouette sombre. Et je fus obligée de me concentrer dessus pour tenter de distinguer ses traits dans la pénombre. Lentement le tout se précisa. Et je fus surprise. L'ombre n'était qu'une version, une pseudo-moi, plus sauvage, plus assurée, plus guerrière. Elle m'observait avec l'assurance tranquille de ceux qui n'ont rien à perdre, me toisant.
Alors? Tu m'as rappelée bien vite...
Je veux vaincre.
Pourquoi vaincre à tout prix? Tu devrais me suivre, sans te poser de question.
Parce qu'entre toi et moi, c'est moi l'Ombre. C'est moi, la vraie Naurestel.
Non.
Non? Pourtant si. Regarde toi. Tu cherches encore à être rassurée.
Je veux comprendre. Pas être rassurée.
Que veux-tu comprendre? Tu ne devrais pas te prendre la tête. Cesse de coincer.
La discussion se poursuivit de longues cyclo-minutes. Si longues. Et je me battais maintenant pas pour être rassurée. Mais pour trouver la lumière qui m'indiquerait un chemin. Une chose pour laquelle je me battrais sans hésitation. J'agaçai ce double de moi qui souvent me réprimanda de mon hésitation, de mes craintes.
Je vais bien, ouvre. J'ai terminé.
As-tu confiance en moi?.
Je... Oui...
Ferme les yeux.
J'obéis, sans savoir où cela mènerait. Mais je voulais essayer. Je fermai les yeux, respirant à fond. Sans que je me rende compte, la présence de ce double m'apaisait et je recherchais inconsciemment sa présence. Comme je cherchais une part de moi, brisée et oubliée. Je sentis alors un effleurement sur mes lèvres, comme un baiser. J'hésitai. Un baiser? Je ne comprenais pas. Et l'Ombre sentit ma résistance. Elle se retira un peu.
Tu n'as pas confiance.
Reste. J'ai confiance. Je suis seulement surprise.
Es-tu prête à m'accepter Naurestel?
Oui.
Es-tu prête à ce que nous fassions qu'un?
Oui.
Je restai les yeux fermés. Là, immobile. À attendre qu'il se produise quelque chose. Le contact revint sur mes lèvres, doux, presque amoureux. Comme si mon double m'avait déjà accepté. Le baiser se fit, encore, pressant. Subjuguant. Mon souffle devint court, alors que lentement, un verrou sauta. Et je l'acceptai enfin. Je me mis à lui rendre son baiser, n'étant plus passive. Puis brusquement. Je sentis qu'elle se fondait en moi. L'Ombre disparut. Le calme m'envahis. Complet. Je clignai des yeux dans les ténèbres. Comme si j'eus du mal à croire que tout ceci s'était réellement produit.
Je me levai, accompagnée de l'Ombre. Je la sentais qui m'habitait. Nous ne faisions plus qu'une. Et la peur n'existait que pour me galvaniser, me porter vers l'avant. Inspirée, je me suis mise à observer tout ce qui m'entourait. Je me mis à explorer ma cage. De fond en comble. À découvrir tout ses défauts, ses failles, ce qui la composait. Et je ne m'arrêtai plus. Plus du tout jusqu'à ce que ma curiosité s'apaise. Je cherchai alors la porte toujours privée de ma vue. Je la trouvai tout de même et je tentai de l'ouvrir. Mais elle ne cédait pas. Je fis une légère moue. Je cognai.
Je vais bien. J'ai terminé. Ouvre.
Silence. Rien. Je cognai à nouveau, avec force.
J'ai terminé. Ouvre. Ne m'oblige pas à hacker la porte!
Toujours rien. Je réfléchis alors un peu et je me souvins alors de ce qui avait été convenu, et des conditions que j'avais posé. J'inspirai.
- Qu'un chemin soit droit ou tortueux,
ce n'est pas une raison pour le suivre ou le quitter.
Fréquente les voies qu'ont frayées les anciens. -
Cpap'ker Kal
La lumière revint, toujours aussi agressive. Je clignai un instant pour m'habituer et la porte s'ouvrait sur le même temps. Je me souviens de son expression. L'étonnement que je réclame si vite l'ouverture, et que je sois debout, là. L'air paisible. Il me demanda si tout allait bien, je répondis que oui. Il hocha me laissant sortir. Il s'enquit tout de même de ce qui s'est passé et à cet instant je savais que les mots ne suffiraient pas. Ce qui était dommage. Mais je fis l'effort. Par amour, par respect, par confiance. Car j'estimais qu'il avait le droit de savoir. Il était là pour moi, il s'inquiétait. Avais-je le droit de le privé de cette histoire.
Je lui racontai tout ce que je pouvais tout ce que je pouvais mettre des mots dessus. Et il m'observait curieux, sans doute un brin envieux. Et il me l'avoua. Moi, je ne savais toujours pas ce que c'était cette expérience. Je l'avais vécue dans la plus grande simplicité dans un moment de vulnérabilité. Je me sentis en harmonie, entière. Cette nuit là nous retournâmes au nid. Et pour la première fois depuis longtemps, je dormis avec l'insouciance d'un enfant.
- Les manoeuvres inconsciente d'une âme pure,
sont encore plus singulière que les combinaison du vice -
Plus tard, beaucoup plus tard. Il m'apprit encore une chose que je n'avais jamais su faire. Il m'expliqua ce en quoi cela consistait. Et je l'écoutais avec ferveur. Forte de mon union avec ce double. Ma conscience. Très vite, il m'invita à tenter le coup. Et je m'y pliai. Je fermai les yeux essayant de me concentrer sur le code et un souvenir bien précis. Lorsqu'il fut prêt, je lui envoyai. J'espérais avoir trouvé la clef à ce qui m'avait fait défaut.
【 📶 - ∞∴💜Ñau's conex ∴∞ 】
- ▶️ Paquet sensitif en suspend.
Accepté?
【 ﴿Ѻ﴾ - CONEX#68866 】
Accepté
Une sensation se dégage alors dans l'être. Comme une peur latente qui se diffuse, venant le caresser doucement.
La pièce de méditation se transforme en endroit étroit, clos, sombre, lentement une silhouette se forme devant lui, un double de sa fille à l'aura guerrière, forte. Ses traits invisibles. Elle s'approche et lui caresse la joue comme une invitation à la suivre aveuglément.
Une minute s'est écoulée, peut-être deux, et les sensations refluent lentement redevenant à la normal.
Maintenant il savait. Et il saurait encore bien d'autres choses.
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📖Vita Vulturis
21 Novembre 2019
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