EDC de Murphy~53174

Je peux la sentir. Elle rôde, tout autour de moi, elle me lèche, elle remonte en moi, dans mon échine, dans ma gorge. Je viens du passé et je peux sentir l'avenir, comme une putain d'sorcière. Oui, elle brûle, toute proche, alors que l'état du SAS se détériore à vue d'œil, et que partout l'agitation règne. La mort...

Mon esprit est en fusion. Le secteur est en train de subir une attaque massive. Dans nos geôles, une noble est torturée. J'ai honte d'être rebelle. Mais je répare ce putain de SAS. J'suis soldat, je me battrai pour protéger nos terres, nos civils. Kin'tchâââ débarque. J'sais que tout se déroule dans sa prison, sous ses griffes acérées. J'admire sa puissance et son look d'enfer, mais je la hais. Quand elle me provoque se moquant de mes capacités de petite bleue... je bondis sur elle pour lui foutre mon poing dans la tronche, mais... mes supérieurs me donnent l'ordre de reprendre mon poste. Ce que je fais, toute sage...
Mais bientôt... il faut nous replier en urgence hors du centre militaire. Former les lignes : les zimps arrivent. J'attends. Ghinzu, Malia ils me disent de me cacher. Mais pour moi, c'est juste impossible, j'suis soldat, j'veux prouver que je mérite d'être là, prouver que j'suis utile pour mon secteur, pour la liberté. Alors je désobéis et reste toute proche des troupes. L'attente est courte. Trop courte.
Soudain, des tirs, les balles fusent, de tout côté. J'suis à l'arrière, mais le Général impérial nous prend à revers, j'suis touchée dans le dos. Je hurle de toutes mes forces. Malia revient avec des troupes, le danger est écarté dans le périmètre mais pas pour longtemps. Tout pète, dans tous les sens, dans un bordel indescriptible. Des ordres sont criés, mais sans groupe affecté, je me mets à courir. Bientôt je perds de vue Malia, et Kin'tchââ. J'suis paumée. Je cours. Je ne reconnais plus les nôtres, plus nos ennemis, dans le smog, la fumée et la poussière.
Je me retrouve étonnamment seule dans une grande avenue. Celle de ma banque, où je me promenais paisiblement encore hier. Mais là... tout est changé. Le sang se mêle à la sueur dans mes yeux noirs. Je suis restée pour servir, et je ne sers à rien, avec mon insubordination, ma désobéissance. La griffue a raison, j'suis trop p'tite. Soudain... une énorme explosion me projette à plusieurs mètres. Mes tympans explosent. Je plaque les mains sur mes oreilles, je hurle. Juste... je hurle.
J'entends une voix lointaine. Je rampe. Peut-être Valfaria qui me dit de me mettre à couvert. Alors que je me redresse, roll 1d100, ma cuisse est traversée par la balle d'un sniper, qui doit me guetter depuis quelques secondes. Bordel. C'est pas vrai... non... pas comme ça... Je cherche Malia, Kin'Tchââ, du regard, je veux appeler à l'aide, mais la douleur me remonte dans les entrailles, je ne peux plus, je n'ai plus de voix. Alors je me retourne doucement, au sol, et je l'aperçois, plus loin, qui me vise... Ma petite voix grave et cassée ne résonne alors que pour moi...
Non... Fais pas ça...

Il tire.
La douleur fulgurante du métal qui pénètre mon œil gauche.
C'est la douleur qui tue. Rien d'autre.
Et puis... le noir...
Mon corps disparait. Il se reconstitue, dans une simple cuve.
Ma première cuve.
Mes cellules cérébrales gardent l'impact de l'horreur.
Et je me demande...
Je me demande mon rôle dans cette guerre.
Sans réelle frontière. Sans honneur, Sans fin.
Faut m'accrocher, à ce en quoi je crois...
Elle... qui m'a laissée seule.
La liberté, ma seule vraie prière.
Mes parents, que j'aime, depuis toujours.
Mes frères d'armes... que j'ai abandonnés en expirant.
Parce que j'ai désobéi.
Par fierté.
Je n'étais pas prête, pour tout cela...
Assumer... maintenant...
Juste...
Assumer.