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Vermine
Le soleil tardait paresseusement à transpercer le smog jaunâtre qui recouvrait l’extrême banlieue sud-est de la ville. Les tours décrépies de ce quartier laissé à l’abandon par l’administration Impériale prenaient un air lugubre. Des tas d’ordures et d’immondices dont il ne voulait rien savoir jonchaient le sol. Au loin dans la rue faiblement éclairée une silhouette menue, suivie d’une autre plus massive, pénétra dans le porche d’un vieil immeuble délabré.
L’homme attendit quelques instants avant de poursuivre son chemin. En passant devant l’entrée il jeta un rapide coup d’œil dans l’embrasure de la porte dégondée. Quelques râles et soupirs abjects lui parvinrent. Aucun danger de ce côté la songea-t-il en continuant.
Il passa une première ruelle à droite, et avança jusqu’à une avenue plus large. Au coin un brasero fumait, des morceaux de bidoche qu’il n’arrivait pas à identifier grillaient en émettant une odeur atroce. Un vieil homme ratatiné, emmitouflé dans une couverture en lambeaux, essayait de se réchauffer auprès du feu. Dans sa main un pitoyable couteau s’avérait être la seule défense qui protégeait son commerce.
L’homme traversa pour éviter tout malentendu. La grille télémétrique de son affichage tactique lui indiqua qu’il s’agissait du troisième bâtiment. Il l’identifia automatiquement : un entrepôt industriel d’une dizaine d’étages qui avait du faire la fierté d’une mégacorpo en son temps.
Maintenant des lézardes couraient le long de la façade dont les parements en marbrocristal avaient dû constituer le dernier revenu d’une entreprise à l’agonie. Les gigantesques portes donnant accès aux quais ou des myriades de supertrucks faisaient naguère la navette avaient été défoncées. Des blocs de carbobéton effondrés en bouchaient le passage.
Deux gamines, des adolescentes de seize ou dix sept ans étaient affalées sur les marches de l’entrée du personnel menant aux étages administratifs. Elles le regardaient de leurs yeux vides et ternes, presque sans le voir, perdues dans le monde que leur procurait la mauvaise came qu’elles ingurgitaient à longueur de temps.
Presque des jumelles avec leur uniforme de travail. Une coupe courte, formant comme un casque, sans doute pour éviter la vermine. Un misérable boléro échancré couvrant à peine une poitrine manifestement renforcée au nanos. Une jupe minimaliste et sale remontant très haut sur des cuisses maigres. Des tissus standards sans même une projection holographique censée aguicher le chaland. Manifestement leur proprio avait investi le minimum de crédits sur elles.
L’homme monta l’escalier. De près des contusions étaient visibles sur leurs côtes frêles, leurs bras et leurs cuisses. La plus jeune semblait soutenir l’autre complètement dans les vapes. Il révisa son estimation, sans doute moins de quatorze ans pour elle.
Rageur, il pénétra dans le bâtiment et passa en mode scan actif. Sa dermo combinaison de combat amplifia son volume prête à se durcir en une nanoseconde au moindre projectile. La recherche dura peu de temps. Le laboratoire était en fonctionnement rendant plus facile sa localisation.
Il prit dans son sac à dos un tube de cristal dans lequel la soupe de nanomachines luisait faiblement. Précautionneusement il en versa la moitié du contenu sur chacune des machines. D’ici quelques secondes les minuscules robots auraient dissout ces merdes à came. L’homme rédigea son rapport de destruction, le déposa bien en évidence et repassa son scan en mode passif.
Deux de plus ce qui portait à huit son tableau de chasse de la matinée. Toutes appartenant au même gang il en était certain, les indices fournis par les fouineur de réseau et le satellite ne mentaient pas.
Il se dirigea vers la sortie de l’entrepôt et le monde des bas fonds. Les deux filles étaient toujours là. La plus jeune bascula la tête en arrière et tenta d’esquisser un lamentable sourire séducteur en écartant les jambes pour révéler une culotte souillée et déchirée qui dévoilait un pubis rasé.
Un poing glacé comprima la poitrine de l’homme, inconsciemment il bloqua sa respiration une micro seconde. Une rage froide et implacable déferla en lui.
En bas des marches l’homme se retourna pour graver dans sa mémoire le visage de ces gamines sans avenir. L’ordre d’éliminer ces charognes de trafiquants et leurs clones tardait à arriver mais il finirait bien par passer outre.
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19 Mars 2012
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