EDC de Masheran~56489

Un sursaut. Sans douleur, d'une fulgurance inconnue de toi jusqu'à ce jour. Tu n'avais rien senti. Tes muscles étaient devenus flasque, hors de ton contrôle. Dans le bureau vide, tu te levas enfin, le regard dénué d'expression. L'un après l'autre, tes pas soulevèrent la poussière de ton antre silencieux, déserté par tes collègues; même par ta patronne. Le néant dans ton esprit et tes souvenirs.

Lorsque tu reviens à toi, tu compris encore moins. Que faisais-tu ici ? Que faisiez-VOUS ici ? Parmi les rassemblés, des visages connus. Gabrielle. Gheko. Teträm. D'autres, parfaitement inconnus. Mais rapidement, ça grogne, ça s'agite. Un gnoll imposant, au pelage noir et aux crocs luisants aboie des ordres.
Encore sous les effets de la brume matricielle qui s'est emparée de toi -visiblement, de vous tous ici présents, pliés à Sa volonté-, votre procession se met en marche.

Les couloirs se succèdent, au rythme des piques et insinuations diverses sur les pseudos capacités des uns et des autres. Tu n'accordes qu'une oreille distraite à ces jérémiades, de toute façon. Bien trop occupée à vouloir comprendre ce qu'il se passe. Votre troupe s'arrête, à un coude particulièrement malodorant. Aucune possibilité de savoir où vous vous trouvez, aucun indice, ni élément particulier. Le gnoll de tête gueule ce que tu comprends être un nom... Un elfe fini par surgir des ombres, avec un large sourire scotchée sur la face. Ta machoîre se crispe, d'instinct. Il est pas net. Clairement pas. Le sourire qu'il arbore est un sourire de psycopathe satisfait. Et ça, ça n'augure rien de bon. La troupe reprend sa route, guidé par cet exaspérant individu... Mais un détail t'intrigue.

Tu n'es pas la seule exaspérée par son comportement tantôt sérieux, tantôt tête en l'air, pour ne pas dire niais ou benêt. Le meneur gnoll -dont tu appris un peu plus tôt qu'il s'appelait Zlorbax- semblait parfois se retenir de lui arracher la gorge d'un coup de griffe...
Pourquoi une telle retenue ? De la loyauté ? Envers cet individu à la déficience mentale perceptible ? D'aucun dirait que cela était génétique (le pauvre Negus étant elfe), mais ne sombrons pas dans la facilité.

Vous parvenez aux bout du tunnel... Littéralement. La progression fut loin d'être aisée... Des alarmes assourdissantes, des escaliers branlants, une salle inondée... Un endroit unique, dans lequel tu espères ne jamais avoir à remettre le pied. Mais au bout de ce tunnel, vous ne voyez pas la Lumière. Ou du moins, pas tout de suite. En effet, Unique sentinelle s'interposant entre vous et la sortie, une longue échelle se dirigeant vers la surface. Aucun d'entre vous n'est rassuré... Mais avez vous vraiment le choix ? Grievous est en tête du cortège et s'y hisse. Rapidement suivi par le reste de la troupe... Vous atteignez la surface... Et tu frémis. Tu ne sais pas jusqu'où tu viens de mettre le pied -ou la jambe- dans le piège à gnolls, tout un tas d'émotions se bousculent.

La peur, la curiosité, la perte de contrôle... C'est à la fois grisant et effrayant. Mais aviez vous vraiment le choix...? Tu pressens que les évènements qui se déroulent ont un sens... Cela devait-il forcément en avoir un ? Il le fallait ! Livrée à toi même, les scenarii s'enchaînent, de mêlent et s'entremêlent alors que tu t'extirpes enfin ! De l'air ! De l'air ! La bouffée devient vitale, nécessaire.

Une halte est décidée. Rapidement, de petits groupes se forment ça et là, autour de précieux tubes de synthétabac, ou s'agglomèrent par simple connaissance. L'appel du familier, du concret semble à tous -ou presque, à juger du cri de détresse d'Astaa plongeant dans une TechV- leur faire oublier un point essentiel.

A l'ouest, se dresse une lisière frémissante, inconnue, bourdonnante dans le lointain. A votre droite, d'immenses murs vous toisent dans leur ombre, menaçant. A votre gauche, un insondable cratère, sifflant en silence sous le vent qui secoue la corniche. La frappante réalité s'abat. Plus de machine arrière possible...

... Vous êtes dehors ...