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Quoti'd'naine : libérée du placard
La Cité n’offrait pas de répit : licenciée des STV pour avoir répondu à un coup de pression de la hiérarchie, Mara regagna ses pénates sudistes. Terminé le ronronnement de la tour de refroidissement, les ventilateurs de la console et le rugissement de la benne roulante. Elle n’avait plus que son badge, accréditations techniques envolées, unique objet-souvenir de cette longue année de service.
Alors qu’elle s’éloignait vers le T-cast du 196 rue imponite, elle sentait se bousculer dans sa tête les souvenirs et ses aspirations au début de sa courte carrière aux STV, bribes holographiques. Les tickets d’incident resteraient jamais à graver dans sa mémoire, interventions dignes d’un Imperium stakhanoviste, jeunes nemos qui se retroussent les manches et embrassent la vie, avant d’être réduites à peau de chagrin faute de vision.
La naine envoya un unique message pour retrouver rapidement un travail puis décida de passer le reste de la journée à se défoncer sur son pouf préféré, le front collé à la fenêtre. Le pyramilène expansé était agréable sur sa peau nue bariolée de tatouages lumineux, réceptacle cryptique halo farin qui attendait son heure.
C’était son premier jour de repos depuis son embauche aux STV. L’année qui venait de s’écouler était une montagne Marrane typique : ascension/déclin, le classique pour les personnes qui s’investissaient trop. Chute devant! Non pas que la naine s’en retrouva fatigué, bien au contraire le poids s’était enfin ôté de sa poitrine, elle avait réussi à se faire virer sans commettre d’infraction. Libérée du placard de sa rétrogradation de façon brutale, elle allait pouvoir se concentrer sur ses projets tandis que la réputation de Shawn en prenait un sacré coup.
Personne n’arrive à m’suivre, je dois m’péter la tête tous les matins ou passer quinze heures par jour sur une console pour pas voir qu’des mous du cul.
Elle renifla bruyamment, conclusion naine lambda et implacable : les narines avaient parlé, son départ fera le château de boules de gomme s’effondrer. Elle essuya du revers de la main son nez et goba un autre pun’go. Du temps elle le consacra à l’érection d’un gratte-ciel, en basse-ville, futurs logements pour les nemos aux jambes cotonneuses, un projet censé rapporter gros.
Le temps passait à la Donnellys Factory, c’était d’autres ronronnements, d’autres circuits de refroidissement, un autre corps industriel lancé dans une boucle de processus. La naine en était la cheffe roboticienne, experte en électronique elle était chargée de veiller au bon fonctionnement des chaînes de montage. Monomaniaque, elle fit un paquet d’heures supplémentaires pour se payer le système de sécurité du futur gratte-ciel.
Ce travail était également l’occasion de renouer avec ses racines sudistes subtilement et de se faire adopter à nouveau par la vie locale, celle de quartier. Animé, elle y croisait toutes sortes de personnalités à l’occasion de ses prospections et des rares sorties qu’elle s’autorisait : omelette, bières de luxe, pun’go, champis, les Sudistes avaient une vie crypto-hédoniste sans penser au lendemain ; en chier toute la journée comme un pouilleux avec le bout de sa pelle pour trouver de l’or ou de l’aluminium, pour aller ensuite se payer le luxe de poser ses mains gonflées et crasseuses sur les rebords d’un bento à trois-mille crédits. No future, alors autant bien manger!
Elle passait de temps en temps à la clinique Aielor-Korbaeiv, à synthétiser du pun’go pour sa propre consommation et avancer sur ses travaux. Elle parvint, grâce à son réseau Marrane qui devint plus tentaculaire encore en cette annnée 346, à monter une petite équipe d’apprentis motivés, gardant en tête ce que lui avait dit Kaluku, à propos de l’accouchement d’enfants terribles. Ô, il y en aura bien une, parmi ces jeunes personnes, qui basculera dans le fond de l’abysse. En attendant cet avènement la formation des disciples accéléraient la tenue des projets et lui donnait prétexte pour fumer des joints en espérant des réponses.
Hé, j’ai dix minutes à tuer, j’vais méfu.
Elle prenait de temps à autre des nouvelles des STV, s’inquiétait des destins démissionnaires, cryogéniques et funestes qui se profilaient chez ses anciens collègues et plus encore lorsqu'ils s'accomplissaient. Dans la Cité la seule machine qui ne s’arrêtait jamais était celle de la nécropole numérique, son tapis roulant charriant les âmes en peine ou éteintes. Nul passeur à payer, venez comme vous êtes, pour l’éternité vos trésors accumulés seront bien gardés jusqu’à être oubliés.
La naine se demanda si les meilleurs passeurs d’âmes n’étaient pas les vivants au fond : pression sociale, bore-out, burn-out, marionnettistes cruels qui brisent les carrières, égos qui ne tiennent pas dans moins de 10m², carriéristes, profiteurs et squatteurs.
Informations sur l'article
Mara
06 Janvier 2023
385√
6☆
5◊
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◊ Commentaires
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Miyuki (8☆) Le 06 Janvier 2023
[Un excellent écrit, la syntaxe est agréable, mais la fin est toute molle, dégonflée, alors c'est peut être un effet de style pour véhiculer une idée de ralentissement, mais je trouve que ça dénote un peu trop avec la qualité du reste, qui raconte rien d'extravagant mais raconte si bien] -
Mara (380☆) Le 07 Janvier 2023
Salut Miyuki, merci pour ce retour. La fin est ennuyeuse en effet, probablement parce que j'ai essayé de conjuguer plusieurs choses pour cet article et que sa fin devrait être le début d'un second article. Je pense que je vais développer les deux premières parties aujourd'hui et reporter la troisième dans un second article : l'héritage de Naisana! -
Mara (380☆) Le 07 Janvier 2023
Et c'est chose faite -
Liouli (378☆) Le 09 Janvier 2023
Elle se fait des shots de pun'go en solo ? ahah
C'est l'acronyme de quoi STV ?
*Pour la tranche de vie de la naine bleue bien écrite sinon. -
Mara (380☆) Le 09 Janvier 2023
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