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Quoti'd'naine : l'héritage d'Avok

Cela faisait désormais un an que le filleul de Mara, AvoK, s’était cryogénisé. Son départ ne se fit pas particulièrement dans le silence assourdissant de la cohorte des nemos, venus agrandir plus encore la nécropole numérique, il l’avait annoncé comme si il s’agissait d’une bête maladie. Il allait revenir, qu’il disait, laissant en suspens la question du quand. L’elfe légua tous ses biens à sa marraine, qui lui promis d’en faire bon usage. Elle dilapida sans scrupule le fruit de ses trouvailles et de sa glane, ramassés à la sueur du front et l’érosion de sa pelle, dans de la drogue. Beaucoup de drogues. Il y en avait pour des millions.
Les filias transformaient la pensée en une suspicion paranoïaque, les arkalions en un sentiment d’omniscience résolue, quant aux caducées.. elles étaient devenues familières plus que de raison pour Mara : impossible à exprimer pour la naine, il fallait vivre cette découverte du vivant par ses propres synapses. Seulement quarante sacs le wissp1' !
Ses yeux se perdaient longuement dans les courants d’air chorégraphiques du smog, à travers la quiétude du verre épais de son appartement. Elle s’en foutait d’être défoncée toute la journée, personne ne le remarquait vraiment.
***
L’oeil torve et rongé par l’acide de l’écureuil fixait la naine à travers le hublot du tuyau d’évacuation dans lequel il s’était coincé. La bête mourut étouffée par les excréments et les déchets toxiques des labo clandestins, femelle d’un mètre au garrot qui cherchait un abri pour pondre en toute quiétude.
La pièce technique était faiblement éclairée par les néons de service dans une dominante rose, vieillissement des tubes pour la plupart centenaires. Située sous le gratte-ciel, la naine et le reste de l’équipe des STV y furent dépêchés afin de résoudre cet incident. La gobeline qui l’accompagnait, Naisana, s’occupait de la sécurité. Elle gardait ses mains à portée de flingues énergétiques, en tout temps.
Lorsque Mara programma la pompe pour expulser l’écureuil et le renvoyer à sa vacuité dans les égouts, la naine se laissa aller à quelques sombres pensées : elle pourrait se retrouver un jour à sa place, à n’être qu’une petite chose gênante à expulser.
***
Regarde ce massacre, on dirait ton ancienne vie.
Le spectacle était peu joli : des membres découpés aux tranchants de katanas, doigts solitaires et recroquevillés, mandibules sanguinolentes et dents dispersées, trait rubis d’une artère proprement sectionnée et douilles de chevrotines. Encore un règlement de compte. Mara prit la pince et glissa les ersatz de clones dans un sac poubelle floqué des STV, chuintement de bouillie apoptotique collée au trottoir.
L’arkalion la guidait.
Continue d’avancer. Rassemble les morceaux sans les regarder. Continue d’avancer.
Désormais ingénieuse en chef des STV, ses accréditations de déléguée adjointe furent suspendues. Elle ne se remit pas particulièrement en question à propos de cette rétrogradation, c’était une naine après tout : dominante, maniaque, avec cette tendance à compenser sa petite taille par la rapidité du verbe. Sa loyauté lui coûta finalement : prête à tout pour accomplir sa mission c’est parfois aux manettes d’un char d’assaut qu’elle achevait le travail.
Arme de destruction inutile dans l’arène politique truffée de mines.
***
Tu es au milieu d'un champ de tir.
Alors que les chants grégoriens résonnaient à proximité de la domus imperatoris ce jour là, c'était un autre chant qui s'apprêtait à vibrer à proximité du bâtiment des STV, culasse mécanique d'une arme automatique et cellule plasma qui monte en puissance. La naine assistait impuissante à la scène, grondement d'accrétion farin broyée, de part et d'autre du bâtiment deux groupes qui se jaugeaient, son flirt accompagné de membres de la réserve Impériale d'un côté, ses dealers de l'autre, au milieu la bouillie apoptotique de son collègue et elle. Une embrouille de glaneurs et de fouilleurs qui avait dégénéré jusque sur le canal d'alerte sectoriel, même le Legatus Jorem s'y pencha pour démêler l'affaire. Une nouvelle loi vit le jour.
Une fois la tension légèrement retombée, après la mort du glaneur Lasgard, dont le visage fut écrasé à l'ancienne façon2' elle s'éloigna vers le Sud, accompagnée de la patronne de la déchetterie, Guillemette et de sa dealeuse, Maëlle, afin de régler ce différent et surtout de poser cette question qui la taraudait, froideur toxicomaniaque :
Ça va l'approvisionnement en ce moment? Dans un an je repasserai commande.

Ad Majorem Intoxicare Gloriam!
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AvoK~75007
  • 1 Le wissp est le nom que l'on donne au chuchotement du petit doigt.
  • 2 Autrefois, pour s'assurer de la mort d'une personne que l'on voulait assassiner il convenait de lui écraser le visage sur le sol et de la laisser là, morte.

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