Recherche

EDC de Léonie

Bienvenue sur les EDCs de Dreadcast
Vous trouverez ici tous les articles rédigés par Léonie

Cacher

🐭 Rat des goûts 🐭

La borne de commande inactive, la dévote mobilise son énergie pour déplacer la plaque d'égout, ornée de lichen et rongée par la rouille. L'écho de ses pas, martelant une échelle métallique, se dissout dans les méandres alors qu'elle pénètre les entrailles assoupies de la Ville.

La Prêtresse s'enfonce dans la touffeur du réseau tentaculaire et sordide, aux remugles méphitiques et prégnants, refuge chthonien d'un culte aussi obscur que viscéral. Elle déambule, les pieds nus, vêtue d'un anapurnol éliminé aux émanations fauves; gage d'humilité et de déférence. Le loup du Rat masque son minois, laissant filtrer son regard ambré qui se plisse en sondant la pénombre, écorchée par des néons blafards grésillant.
Léonie est drainée par les eaux croupies, sillonnant les veines nécrosées pour atteindre le cœur pulsant des égouts fétides.

Des paires d'yeux perfides l'épient. Sa main ne tremble pas quand elle tranche ses paumes, le sang corrompu en perlant, excitant les rongeurs qui s'agglutinent pour suivre la maîtresse. La vermine couinant s'inscrit dans son sillage, effleurant ses chevilles puis se portant en tête du cortège morbide, pour la guider jusqu'à l'autel en trottinant. Ils trépignent mais contiennent leur ardeur. Ils seront récompensés. Loué soit-Il!

La sbire du culte parvient jusqu'au sanctuaire de fortune: une paillasse miteuse encadrée de bougies qu'elle allume. Elle s'y installe, s'adossant contre le mur maculé de symboles ésotériques à la gloire du Maître des lieux. La jeune femme puise dans sa besace portée en bandoulière, en extirpant quelques fétiches qu'elle éparpille sur la couche.

Le temps s'égraine, elle récite ses mantras en murmurant.

Quand la meute des rats attentifs frétille, elle hume l'air, impavide.
Acculée. Le bourreau alors lui fait face. Patient. Hésitant. Un comble.

Fruit d'un accord tacite, elle saisit un étui en cuir, contenu dans sa besace et garni d'une pipe finement ouvragée qu'elle dévoile. La Prêtresse dépose son masque et déstructure son chignon. Une cascade à la rousseur sauvage coule sur ses épaules menues puis ruisselle dans son dos. Léonie porte la pipe à sa bouche puis l'allume, tirant de longues bouffées, des volutes acres et blanchâtres émanant. La drogue consommée, sa lucidité se délite et la chimère devient veule et livide, se liquéfiant. Son anapurnol glisse le long de ses épaules déliées. L'heure de de curée a sonné, le prédateur le sait, le prédateur le sent, avide de chair et de sang.

La chose s'approche, la renifle, s'imprégnant des fragrances de la Prêtresse qui sombre dans un angoissant anéantissement quand des crocs se plantent dans son cou offert. Nourrissante, la dévote est déchiquetée, recyclée, digérée, intégrant le cycle tragique de la Vie. Morbide poésie à l'acmé de sa dévotion. Culbutée, la gorge arrachée, la lutte est molle et ses forces s'étiolent. Douleur et plaisir de ne plus être s'enlacent.

Puis, dans un râle bouillonnant d'hémoglobine, immergée dans un néant transcendantal, elle expire.

Alice s'éveille.
Spoiler (Afficher)
Hailie

◊ Commentaires