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EDC de LĂ©onie

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đŸ”± Âme perfide #1 đŸ”±

Quand elle dĂ©cĂšle chez un homme une tentative de communication, ClĂ©opĂątre voit son ego scintiller d’éclats d’or, son nez s’allonger fiĂšrement et son menton se relever.
â™Ș Serge Gainsbourg - L'hĂŽtel particulier â™Ș

« Ce que je dĂ©plore dans la marmite bouillonnant d’infatuĂ©s prĂ©tendants, c’est le manque de fantaisie. Les cuisines du bonheur grouillent d’hommes enclins Ă  Ă©jaculer leur rĂ©ussite devant l’air subjuguĂ© d’une donzelle. Faire entendre qu’on est probe, parce qu’on dĂ©tient tel statut reconnu, me laisse dubitative. Si par amusement je joue le jeu de la complaisance, je me retrouve acculĂ©e Ă  subir un quiz prĂ©-matrimonial.

Comme les hommes ont cette miraculeuse propension à devenir contorsionnistes, quand ils jettent leur dévolu sur une jeune femme, ils opinent du chef à chaque réponse, que celle-ci soit couleur anthracite ou bien mandarine.

Ne sabotez pas mon pĂ©chĂ© mignon. Ne gigotez pas comme un nouveau nĂ© qui a besoin qu’on le change. LĂ  oĂč vous sentez de vilains picotements, je vois l’armure Ă©tincelante de mon fervent sigisbĂ©e.

Dans un Ă©lan magnanime, j’ai respectĂ© l’espace circonscrit de votre libre-arbitre. Un centimĂštre de jeu, n’est-ce pas gĂ©nĂ©reux de ma part ? Cette armure n’est-elle pas Ă  votre taille ? Ni Ă  votre goĂ»t ? Dois-je chauffer l’habit avant de vous en parer ? Ne jouez pas l’enfant capricieux.

Une respiration trop profonde peut vous crisper, je vous le concĂšde. Essayez de bomber le torse et faites frĂ©tiller vos alvĂ©oles sur le champ de bataille. Mais les relents de la chair en lambeaux ne peuvent que froncer le museau d’un boucher enfiĂ©vrĂ© ; vous n’ĂȘtes pas un avorton de Tartare. Je suis prĂȘte Ă  ensevelir le dĂ©serteur qui se soustrait Ă  son devoir.

Je ne pense pas sombrer dans l’excĂšs quand je vous adresse quelque invective finement ciselĂ©e. Je pointe du doigt votre trĂŽne afin de souligner l’importance que je vous octroie. Prenez cette sentence comme un honneur et non comme le chĂątiment d’une furie.

Est-ce ainsi que vous me ressentez ? Le couteau dans la poche, le poing serrĂ©, le sourcil froncĂ©, Ă©cumant de rage et prĂȘte Ă  pourfendre le cƓur de mon amant nonchalant ?

Toutefois, je persiste (aiguillonnĂ©e par ma sensibilitĂ© Ă©pineuse, splendide Ă  l’acmĂ© de son sadisme) Ă  me figurer telle une nymphe alanguie sur des coussins de soie dans l’attente d’une caresse. MuĂ©e en parangon d'innocence par un collyre complice embuant vos yeux Ă©carquillĂ©s, je contemple ma proie consentante.

Pour ne pas prendre la mine dĂ©confite d’un crucifiĂ©, songez Ă  servir mon dĂ©sir qui n’est que le reflet du vĂŽtre. »

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