EDC de Lisiane

J'ai froid, j'ai faim.
Je n'ai rien à manger, et la chaleur faiblissante de mes deux frères et ma sœur ne suffit pas à me réchauffer.
Mes yeux clos se tournent inlassablement dans les ténèbres à la recherche de... peu importe quoi.
Je suis le plus solide de nous quatre. Pourtant je n'ai que la peau sur les os et une taille insignifiante pour un individu de mon âge.
Mais je m'accroche. Ma sœur ne bouge plus, et un de mes frères peine à respirer. Mais moi je me bat. Après tout, je n'ai que quelques jours.
Mes oreilles sensibles captent de nombreux sons étouffés, qui frappent, vibrent et sifflent inlassablement, troublant le peu de repos que je pourrai avoir malgré mon estomac qui me tiraille. Je gratte les parois métallique de l'espace confiné et cylindrique dans lequel nous sommes sans vraiment y prêter gare. Et pourtant, peut être est-ce ce geste qui nous sauvera.

J'ai chaud.
J'ai toujours faim mais j'ai chaud.
Cette chose grise recouverte d'une étrange peau brune est venue dans notre petit espace et nous en a extirpé. Et maintenant nous sommes tous les quatre contre ce tissu bleuté, chaud et émettant un sifflement doux et continu qui me berce.
Bien vite, nous voilà dans un nouvel endroit. Spacieux, clair, dont la lumière vient frapper mes paupières closes. Mes yeux s'entre-ouvrent et découvrent à nouveau cette chose avec cette peau brune et pourvue de cinq membres fins et gris. Ma jeune vue trouble s’éclaircit, et découvre un prolongement, plus grand, complexe, quelque chose qui nous fixe sans bouger.

J'ai faim.
La main nourricière se tend vers moi.
Cette nourriture est trop consistante, mais je lape la substance sucrée de deux trois coups de langue. Déjà je n'en veux plus. Cette texture agresse mon estomac fragile.
Le temps défile et s'écoule, et finalement, autre chose se présente à moi. Une odeur qui m'est vaguement familière, une matière liquide et blanchâtre. Je lape et avale. Puis j'attaque la boisson avec avidité. Elle me rappelle mes premiers jours. Ceux blottis près de ce corps protecteur.

Les jours passent. Je reprends des forces.
Je reste bien petit et fragile par rapport à la norme, mais je suis en bonne voie. La Machine continue de nous nourrir tous les quatre. Sa chaleur et le sifflement qu'elle émet me sont agréables, j'apprécie de les retrouver.
Je reconnais de plus en plus les sons modulés de la chose. Lorsqu'elle attire mon attention, elle en émet un particulier. Bientôt, c'est lorsqu'elle produit ce son que mon attention se focalise sur elle.

Je suis Alpha. Premier de ma fratrie.
Bêta est mon frère au regard figé dans le vide et ne bougeant que ce qu'il faut.
Gamma c'est l'autre. Il absorbe sûrement l'énergie de Bêta.
Delta est notre sœur, joueuse et curieuse.
La Machine, c'est celle qui nous a arraché aux griffes de la mort juste par défaut.