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EDC de Lincoln~62170

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Secondes lueurs artificielles

THEME
Le volet électrique s'ouvre lentement, trop lentement. Il peine, grince, gémit et son élévation est pénible.
Tout s'éclaire peu à peu alors que le monde s’effondre.
Si le papier peint pouvait parler il hurlerait. Si le canapé pouvait parler il hurlerait.
Plaquant ses mains contre son crâne à moitié écrabouillé, cabossé vers l'intérieur, Lincoln beugle.
Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Qu'est-ce qui se passe ? C'est déjà la fin du monde ?
Il se redresse et quelques vagues souvenirs lui reviennent à l'unisson d'une intense sensation de rejet de ses organes vitaux par son corps.
Il tente de se lever, c'est alors qu'une pression double s’exerce sur sa boite crânienne. Il vacille et s'écroule à genoux. Une vague impression de remontée gastrique se précise secondes après secondes. Alors incapable de réagir, il repeint son plancher de gargouillis gutturales indigestes.
Les échos de la jungle urbaine ne lui prédisent rien de bon. Il préfère fuir en direction des chiottes, enfoncer sa tête dans la cuvette et terminer son oeuvre.
Peut être qu'il a une tumeur lui aussi ? Son cerveau lui fait l'effet de pousser contre sa boite crânienne, une espèce d'énorme éponge séchée qui aurait traîné là pendant des siècles.
Il tente de rassembler ses souvenirs comme il peut, de vagues images accentuant sa migraine, comme des flash de lumière étourdissante.
La cuvette est à présent remplie de liquide plus ou moins ambré, doté d'une charmante touche de jaune bile et de quelques morceaux d'un croque-machin à moitié digéré, ingurgités la veille.
D'autres images lui reviennent sans vraiment avoir de sens, sans parfois même de logique.
Mais certaines choses se révèlent, c'est en général le pire qui fait surface en premier.
Étrange nuit que celle d'hier, foutue nuit que celle d'hier.
Il rampe jusqu'au salon et roule sur le dos, perpétuellement affublé de milles douleurs. Son regard se perd dans l'hypnotique rotation du ventilateur de plafond qui tourne et tourne... Et merde.
L’inconvénient du métier de barman, se disait-il alors, c'est qu'on passe son temps au milieu de l'alcool. Quoi qu'même une fois chez soi...

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18 Mai 2016
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