EDC de LexisBrown~55861

Toujours plus à l'étroit dans ce système nerveux limité, toujours plus endolori par cet œil en perdition et ce bras si fragile, Lexis était assis en tailleur, dans la rue, à contempler le membre qui le faisait tant souffrir de la vision trouble qui lui apportait tant de peines.

Je crois que je n'ai aucune chance, si je continue à m’accrocher ainsi à ce corps limité...

Willfried, hermatodonte de son état, observait son ami depuis le sol, lançant un regard inquiet sous ces mots dont il ne comprenait pas le sens mais entendait la détresse. Il aurait aimé pouvoir remonter le moral de cet humain qui avait tant fait pour lui mais, justement, il était lui même limité par son propre corps de rongeur volant insectivore.

Je crois bien que si je veux être à la hauteur... Il va falloir que j'abandonne... Quelques pièces défectueuses.

Cette idée lui glaçait le sang. Lui tellement touché par le mouvement CNH, tellement fier de dire qu'il ne rêvait que d'un retour à la nature et l'arrêt de la course à la productivité, il commençait à se rendre compte que pour espérer toucher ses rêves du doigt, il allait devoir lui même prendre part à la course effrénée à la cybernétisation et au développement artificiel des capacités humaines.

Bon... tout d'abord, il va falloir débrider cette satanée puce APM...

Le scientifique et pacifiste qu'il était répugnait encore plus la seule option qui se présentait à lui : en effet, il avait après que le seul moyen de débrider sa puce APM était de s’entraîner au combat, l'implant se servant des données recueillies pour mieux s'adapter à son corps et ainsi permettre de nouvelles possibilités. Décidément, être utopiste était un luxe bien contraignant dans un monde dicté par la haine et la loi du plus fort. Néanmoins une lueur d'espoir sommeillait toujours au fond du jeune homme. Lui qui avait été abattu, traîné au sol et confronté maintes fois à ses limitations, il s'était toujours relevé et, malgré la fragilité de son corps défectueux, continuait d'aller de l'avant.

Bon, J'ai du travail en retard...

Le jeune elfe se releva alors, laissant l'hermatodonte plonger dans la poche qui lui servait de maison. Encore une journée à prétendre maîtriser la situation, encore une journée à faire semblant d'ignorer les problèmes de la ville. Encore une journée à faire semblant d'être bien dans son corps.