EDC de Laplume

Ce matin je me suis levé en sachant que demain,
J'allais me lever comme un matin différent des autres matins.
Je suis allé travailler, comme tous les jours.
J'ai trié les pulls et les chemises sans amour.

Et j'ai traîné des pieds.
Jusqu'au CDC.
Le matin d'avant j'avais une caudale,
Le matin d'après, elle s'était fait la malle.

Il ne me reste que des photos de mon ancien moi.
J'ai beau réfléchir, je ne me comprends pas.
Hier j'étais deux, peut-être trois.
Aujourd'hui, nous sommes seuls.
Je suis sorti. J'ai froid.
C'est fini. Je me pète la gueule.

ça va madame ?

Le jeune gobelin regarde le vautour qui est tombé juste devant lui, perdant l'équilibre sur ses talons hauts rouges. Poli, il se baisse pour l'aider à se relever. Mais la femme ne bouge pas. Le gobelin panique avant de la voir se redresser. Sa robe rouge ruinée par la boue. Le visage délavé par la pluie. Elle retire ses talons aiguille, elle les tiendra par la main.

Dégage Mortel.

Les mots sont sortis de ma bouche,
Sans que j'aie le temps de les arrêter.
Pour lui, je dois avoir l'air louche,
Avec cette voix qu'on m'a greffée.

Et je pars.
Quelqu'un se marre.
Avant je l'entendais, maintenant je le vois.
Avant je l'ignorais, maintenant je me noie.

Je ne suis plus le même, je sens et je ressens
Cent fois, mille fois même, plus qu'avant.

J'ai changé. Et je changerai.
Pour l'éternité, et même après.