EDC de Ladoria~7869

Assise où presque elle seule sait, une kobolde réfléchit en observant une épaisse fumée blanche s'élever dans les airs, sortant de l'extrémité de son cigare fétiche.
Un projecteur diffuse un film d'animation que la fumée intercepte et la tête du héro écureuil mignon tout plein, pour une fois, s'affiche dans une 3D relative, semblable à un fantôme.
Le petit animal est en train de faire des réserves avant l'hiver, collectant la nourriture des méchants rebelles. Tout moches tout plein, bien sur, les rebelles. Un bon film impérialiste.


Ah, lui c'est un bon. J'aime, il vole pour pas travailler, il a tout compris! Eh', D-rtt, on en est où au fait, question crédits?

175.000 crédits, au dernier comptage, Maître.

Pour hier?

Oui, Maître.

Et avant-hier?

115.000, Maître.

Ah... Et aujourd'hui on a fait combien?

39.000, Maître.

M'ouais ben j'imagine que j'peux glander, un peu, jusqu'à demain, moi. Elle ricane, en pensant à une tête chevelue.

Oui, Maître.

M'n'empêche, c'était fun. Hey, tu m'fais un bilan? J'ai perdu l'compte y'a des années.

Synthèse en cours, Maître...


Le dessin animé s'arrête et une liste s'affiche dans la fumée, plus ou moins visible, progressivement.





Elle ricane, notre kobolde, les canines brisées, fêlées, visibles par-dessus ses lèvres. Le cigare acquiesce à ses rires, voyant son foyer ravivé à chaque souffle.


M'éh... Roh... Merde!


Elle jette un œil à son antre, qui ressemble de plus en plus au contenu d'un coffre fort qu'autre chose. Elle préfère le côté rétro des mallettes pleines de grosses coupures au charme futuriste des crédits-puces ou virements bancaires, au grand damne de la pièce. Et puis le vert du palpable, c'est bien.
Enfin, on n'y ferait pas un pas sans chiffonner une dizaine de billets, dans son antre. Puis son lit à l'allure d'une rivière verte, de loin différente de ses poufs habituels. Peu pratique.

Il en reste que la scène d'un film lui revient en tête alors que son cigare s'éteint. Un barbu d'humain, après un casse de banque, comptant les gains du larcin, brûle les billets marqués en faisant ses comptes. La Grande imite l'acte, la flemme du comptage en plus, et refait rougeoyer le foyer en consumant une liasse de 2.000 crédits.


Faire disparaître de l'argent conduit à l'inflation et serait passible de pris...

Ta gueule, je tripe, ça se voit pas?

Oui, désolé. Maître.

Gentil petit.


La Rouge toussote sous l'odeur âcre des crédits consumés et ses yeux commencent à être irrités, mais elle continue, joyeusement, à profiter.


M'ah, hummm... D-rtt, j'vais t'en apprendre une bonne, mais bien parce-que c'est toi. Peut-être une leçon de vie, tiens, si ça te dit. Et ça te dit, hein?

Oh, toujours. Maître.

Bien, gentil soumis. Ben, t'vois, j'filoute et c'est discret, 'faut être discret. Y'en a qui tirent des millions d'un coup, d'autres qui préfèrent l'pouvoir mais tous s'font dézinguer. Hey, ça f'rait une jolie règle numéro un, ça. M'ouep, j'la lui ressortirai, tiens, à elle : Ne jamais en vouloir trop.

'Fin... Euh... Bref... Hummm... Ah oui! Y'en a d'autres aussi : les bonnes pommes. Ceux-là qui travaillent pour les autres. Nan mais t'imagines? Pas pour eux, mais pour d'autres! Incroyable. Et on les r'connait facilement. Ils font des réunions et chopent des ulcères ou partent en déprime cryogénique parce-qu'ils persistent alors qu'ils s'rendent bien compte qu'ça mène à rien. M'ahah.
Y'a pas grand-chose à ajouter. Ici, 'faut filouter. R'garde, on fait plus qu'en taffant et on n'est pas noyé sous les responsabilités. M'ahah, mieux, on nage dans les biftons!


Un ricanement survient lorsque qu'une pluie verte lui tombe dessus, initiée par des pattes agrippant des billets à pleine poignée avant d'être projetés vers le plafond.
Gamine, c'est le mot. Une gamine qui s'amuse à faire comme les grands. Mais les petits grands, ceux qu'on ne voit pas, qu'on ne suspecte pas, ceux qui restent en vie.


M'hé, donc, t'es prêt pour ta leçon? M'hein, et tu la noteras celle-là. 'Faudra que je m'en rappelle, si j'm'égare un peu.

Je note. Maître.


La Rouge prend une grande inspiration, s'enivrant toujours plus de son passe-temps fumeux favori.


Le travail, c'est pour les cons, les écureuils à grosse fourrure, qu'on passe son temps à tondre, ceux appelés les moutons par les larbins des chaines de production. Ils vivent pour engraisser les autres, m'ahah.
Mais 'ttention, 'sont indispensables, 'faut les bichonner, faire semblant de les aider. Ben ouais, parce-qu'si ils partent, nous, 'faudrait qu'on travaille!

M'ahah, merci Impérator d'avoir inventé les grands, et surtout les glands.

'Puis d'm'avoir placée au milieu.