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La douleur... - 9 (par L-X, Kambei, Linea, Korky)
Auteurs : L-X, Kambei, Linea, Korky
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Des murs de béton et de métal. Gris, froids, propres. Silencieux. Des traits qui se réflétaient parfaitement sur le visage de la Gynoïde. Elle avait activé l'inhibiteur, elle était devenue mur.
Une table stérile dressée au milieu de la pièce, quelques câbles à disposition. Un appareil de surveillance des fonctions physiologiques. Quelques électrodes. Un gobelin. Kambei.
Un décor sobre pour une opération bien vague. Linea serait scalpel et bistouri, seringue et pansement. Elle allait entrer dans l'encéphalon de L-X et s'attaquer aux problèmes à leur source. Il était question de la puce posée par Valstik, ils espéraient probablement que la vautour fasse plus.
Faire plus, toujours plus pour obtenir de moins en moins de résultats. La fatigue se lisait sur les visages de Korky et Kambei. L'anxiété sur celui de Linea. Pas de réaction pour la dernière, elle était devenue mur.
Faire plus, toujours plus pour obtenir de moins en moins de résultats. La fatigue se lisait sur les visages de Korky et Kambei. L'anxiété sur celui de Linea. Pas de réaction pour la dernière, elle était devenue mur.
Un câble fut tendu, les demoiselles étaient connectées. Un second fut ajouté au premier, Kambei surveillait de loin ce qui se passait.
Des données vitales stables. Relativement. Korky attendit que le calme s'installe et rompit le silence en regardant les deux femmes aux yeux révulsés:
"Concrètement... quel taux d'échec?
-Je ne sais pas, je n'ai pas pu rester longtemps connecté la dernière fois. Mais Linea se débrouillera je crois."
-Je ne sais pas, je n'ai pas pu rester longtemps connecté la dernière fois. Mais Linea se débrouillera je crois."
Kambei aimait bien croire.
En haut d'une montagne, à pic, une forteresse qui semble imprenable. Au bas du flanc de la falaise, des ombres multicolores et sombres semblent venir lécher la "muraille", comme une marée, un flux et un reflux... L'une de ces ombres, noires et dense, glauque, semble prendre forme et s'avancer vers... "Linea". Ce qui est Linea, ce qui la représente au sein de cette réalité virtuelle. La forme rampe à une vitesse terrifiante et tente de s'engouffrer "dans" la vautour, de rentrer par sa bouche, laissant une traînée d'huile noire au gout amer autour de ses lèvres.
Linea reste figée et tente de comprendre ce qui l'entoure, de prendre ses marques dans cet univers étrange.
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- FERME LA BOUCHE !
L-X crie. Sa voix semble venir de partout et de nulle part à la fois.
Linea s'exécute sans demander son reste.
- Tout ce que tu vois ici est "réel" pour ton "icone".
- "Qu'est... qu'est-ce que c'est.. ?"
- Ton angoisse. Mon angoisse. Elle essaie de t'envahir et de te faire fuir...
Linea ferme les yeux et commande à son Cyber-Cerveau de poser une série de pare-feux pour couvrir le point d'accès.
- Tu dois la surmonter. Au propre comme au figuré...
- "Je suis entrée, mais où dois-je aller, à présent ?"
- Tu dois "grimper".
- "Où suis-je, là ? Parle-moi."
- Tu es au abords de mon ... de ma .. "matrice". Ce que tu vois, ce sont les "glaces". Ce qui protège mon ... moi. Il faut que tu passes au travers. Ne te laisse pas détourner. Ne te laisse pas envahir... Sinon, tu vas plonger dedans. Ce sont mes... mes peurs, mes désirs, des souvenirs affreux. Ce que j'appelle mes réminiscences. Je les tiens.
- "Je n'ai pas peur... moi. Je ne les laisserai pas faire."
- Avance alors. Mais fais attention.
Linea ferme de nouveau les yeux, analysant brièvement l'état de sa connexion, puis acquiesce.
- "Je te fais confiance. J'avance."
L-X essaie de guider Linea au coeur d'un maëlström de "données" agressives et violentes qui s'attaque directement au cerveau et déclenche des réactions émotionnelles, des pulsions, des décharges d'adrénaline essentiellement. C'est un flot d'images à la fois glauques, terrifiantes, brûlantes, sexuelles, malsaines qui envahissent Linea. La gynoïde, ou tout au moins son image, est quelque part au milieu de ce tourment mais en est aussi une partie. Son visage apparait, parfois, rassurant ou inquiet au milieu d'autres divers et flous.
Linea se fige de nouveau, tentant d'avancer malgré tout, le visage tordu.
Au milieu de cette tourmente, L-X apparait et lui attrape la main. Mais tout aussi soudainement, elle se retourne son visage devenu monstrueux et terrifiant, et embrasse sauvagement Linea, l'empêchant de respirer, s'agrippant à sa tête.
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Une gifle avait claqué pour rester sans réponse. Linea s'obstinait à bloquer sa respiration, la peau de plus en plus pâle, plus bleue que la normale. Elle se crispait parfois, sous les yeux des deux surveillants. Des données affluaient mais l'échange était stable.
Et elle se remit à respirer normalement, alors qu'on commençait à lui envoyer des impulsions parasites.
"C'est normal qu'elle mette autant de temps?"
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Linea se débat comme elle peut, secoue la tête, tente de se dépêtrer puis se fige brusquement, presque stoïquement et ferme les yeux, tentant de reprendre le contrôle par un autre moyen. Avec force, elle déverse un flux de données contre la "chose" qui tente de l'étouffer, pour la distraire.
La chose, furieuse, se débat contre ces données, y lançant tous ses "serpents" et tentacules et relâche la vautour au moment où L-X surgit au milieu de tout ça et attrape Linea par la main pour l'entrainer vers l'avant.
- Ferme les yeux... Ferme les yeux... la regarde pas...
- "Raaah... Est-ce que j'emploie la bonne méthode ? J'ai peur de te... brusquer"
- Oui... C'est bien... C'pas moi que tu attaques. C'est "mes" défenses... Mais elles m'attaquent aussi.
Linea profite de ces quelques secondes de répit pour renforcer ses liens avec L-X et poser de nouveaux pare-feux.
- "Elles sont si... haineuses..."
- Oui... Elles sont là pour essayer de te détruire.
- "Comme un... inconscient humain. Comment est-ce possible ?"
- Parce que... parce que mon cerveau reptilien, mon cortex... existe... il est stimulé, programmé et ne sert qu'à ça ici. Enfin... Je suppose.
- "Je vais changer d'approche, alors. Et la psychologie n'est pas mon rayon, L-X..."
L-X se protège et lutte, de la même façon, pied-à-pied, contre les attaques qui se font néanmoins de plus en plus molles. La gynoïde trouve pourtant le moyen d'esquisser un léger sourire quand elle répond :
- Moi non plus !
- "Mon lien est plus fort, et il s'intensifie encore, de seconde en seconde."
- C'est bien... Lâche pas. Me lâche pas...
- "Aucune chance. Avançons..."
Au fur et à mesure que les attaques se font moins puissantes, L-X semble devenir plus grande, son corps couvert d'un maillage de silicium, de cuivre et d'informations quantifiées. La main qui tient celle de Linea est plus ferme quand elle la tire vers l'avant sans ménagement, lui répondant d'une voix devenue froide et "métallique".
- Tu es sous ma protection. Avance. Et agis.
Linea progresse de nouveau, les bras le long du corps, le regard porté droit devant elle, comme si rien ne pouvait la stopper.
L-X à ses côtés, écarte de la main les diverses attaques qui, progressivement, faiblissent.
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Peu à peu, L-X se fond dans un nouveau décor. Une salle blanche. Nette. Carrée. Tout est calme. Silencieux. Les "murs" de la pièce semblent couverts de chiffres, d'écrits, de séries de codages barrés, effacés, sur lesquels on a réécrit.
Linea observe autour d'elle, scrutant attentivement la pièce de son regard azuré.
- "On... y... est... ?"
- En effet.
Le détail des "écrits" est à la fois impressionnant et consternant. Les premières lignes semblent avoir été écrites par un enfant devenant peu à peu plus assurées, plus propres. Certaines reflétant une aberrante... "mauvaise foi".
Linea se rapproche d'une extrémité de la pièce et tente de les déchiffrer.
- "Wahou..."
L-X est immobile au milieu de la pièce, penchant la tête sur le côté. Plus grande, imposante, glaciale, ayant replié ses ailes métalliques dans le dos.
- C'est nous.
- "C'est toi..."
Linea continue de contempler le code, admirative.
L-X penche la tête de l'autre côté, lentement.
- "Une partie de toi, plutôt."
- Notre être complexe. Eux, moi. Nous. Elle, au final.
- "Bon. Et maintenant ? Ce code est le plus complexe qu'il m'ait été donné d'observer... Et la puce ?"
L-X montre une partie du mur.
- Là. Certaines parties sont indélébiles. Elles n'appartiennent pas à ce domaine mais à celui d'en bas.
Linea s'approche et vient frôler le mur du bout des doigts, sans même le regarder, yeux clos. Sous ses doigts, les informations "apparaissent". Un codage assez complexe. Mais moins que l'ensemble. Beaucoup moins.
- Nous l'avons recopié. En partie.
- "Pourquoi ?"
- Parce que nous devons recopier les informations pour les trier.
- "Bien. Ce code est un parasite, tu dois t'en défaire."
- Nous avons éliminé les consignes relatives à la haine des vautours. L'être androgyne au faciès impassible désigne une ligne "barrée", se gardant d'ajouter combien cette consigne était non seulement dépourvue d'utilité mais surtout desservait la neotype dans le cadre de ses relations sociales. Entériné une partie de la pulsion d'alcoolisme comme apaisement de la colère.désignant une autre ligne de code.
- "Me laisseras-tu terminer ce que tu as commencé ?"
- Fais. Il y a une partie à laquelle nous ne pouvons toucher.
- "... Parce que ? On te l'interdit ?"
- La dernière partie est soumise à une variable que nous ne pouvons pas toucher. Il y a un code de sécurité. ajoute la créature froide en désignant une ligne.
Linea tend de nouveau le bras vers le mur, à l'endroit désigné, comme pour agripper violemment les écrits et tenter de les "décrocher".
- Tu dois les remplacer par un autre protocole.
Linea hoche la tête et poursuit son œuvre, sélectionne le code et l'écrase petit à petit... avec autre chose.
L-X ou l'être au milieu de la pièce s'est immobilisé, les mains le long du corps, les yeux fermés et pourtant impose sa puissance à tout ce l'entoure. "Elle" semble assimiler le nouveau codage.
- "Un seul protocole, c'est tout ?"
- Il faut qu'il soit aussi fort. Prends garde aux variables qui pourraient venir le contredire et aux corollaires qui en découlent.
- "Bien sûr... ça, j'en fais mon affaire."
- En ce cas, ils devraient se neutraliser.
Linea s'affaire dans la réécriture de la section de code sélectionnée, écrasant l'ancienne, durablement.
- Tu dois savoir qu'au final, ce genre de commande n'a que peu d'intérêt. Nous n'avons aucune fidélité en une cause, aucun idéal autre que le service et la défense des porteurs-d'âme.
-"Tu dois pouvoir te défaire du reste des données de la puce, à présent, L-X. Fais-le, maintenant"
L'être ayant l'apparence d'L-X s'approche, passe sa main sur le mur en hochant la tête, effaçant quelques lignes, en "déplaçant" d'autres qu'elle "jette" négligemment derrière elle.
- "Corbeille".
- "Continue..."
- Que dois-je écrire.?
- "Ici, rien, tout cela doit être effacé. Et nous devrons ensuite nous occuper du reste. Et pour le reste. Te souviens-tu de ce que je t'avais demandé ? L'introspection ?"
L-X efface et transfert en partie la copie de la puce.
- Les notions de vulgarités et d'alcoolémie en cas de rage se sont intégrées ailleurs...
- "Tu souhaites les conserver ?"
- Elles appartiennent à un domaine que nous ne contrôlons pas. Les émotions. Ici, nous ne faisons que formaliser et intégrer des informations et des commandes mais certaines ne dépendent pas de notre volonté.
Regarde derrière toi...
Linea acquiesce, et s'exécute.
La représentation matricielle de l'Intelligence Artificielle "L-X" s'approche du bord de la pièce donnant sur l'à-pic de la falaise et lui montre les vagues sombres et agressives en bas de la murailles.
- "C'est... ça ?"
- Les vagues rouges et les langues de feu qui lèchent la muraille... C'est la colère, la rage... Parfois, elles montent jusqu'ici et nous submergent.
- "Je vois..."
- Tout cela en fait parti. Nous l'avons "codifié" pour que ce ne soit pas juste des réactions primales.
- "Ma compréhension de tout cela a bien évolué, je dois dire."
- De? La colère? Ou de notre fonctionnement?
L-X se redresse soudain et penche la tête sur le côté.
- Nous sommes attaqués.
- "De toi L-X, de ton fonctionnement. Attaqués ?"
L-X se positionne sur le "bord" de la falaise et lève les bras, déploie ses ailes de métal et semble appeler à elle toutes les "vagues".
- Oui. On vient t'attaquer toi. Ici.
- "Qui ?"
- Je l'ignore. Mais il n'est pas le bienvenu. Et je l'ai chassé.
- "J'ai senti. Je les retiens. Qu'importe, continuons. Avançons."
L-X a fait un mouvement des mains qui a lancé toutes les "vagues" à l'attaque d'un petit point lumineux qui s'était approché au loin et qui a été balayé...
- Non. Tu es avec moi. J'ai promis de te protéger. Je te protège. Ici, rien ne t'arrivera.
Les coeurs chavirent et s'emballent alors que le flux de données est plus plat que jamais. Un filet de sang commence à s'écouler du Data-Jack de L-X, faisant s'évaporer le sang-froid des deux superviseurs.
"Je fais quoi!?
-On retire la puce du support
-Pourquoi tu m'as dit non tout à l'heure?
-Je pensais qu'elle sortirait entre temps. Mais là vaut mieux la retirer rapidement du support."
Le gobelin s'affaire, le cyborg aussi. Après des impulsions de rappel infructueuses, il tente une procédure "bouton rouge" destinée à la ramener de force.
Encore un mur. Cette fois, c'est Linea le mur. Elle dresse de multiples pare-feux dans son chemin. Il hacke les pare feux comme il peut.
"Je fais quoi!?
-On retire la puce du support
-Pourquoi tu m'as dit non tout à l'heure?
-Je pensais qu'elle sortirait entre temps. Mais là vaut mieux la retirer rapidement du support."
Le gobelin s'affaire, le cyborg aussi. Après des impulsions de rappel infructueuses, il tente une procédure "bouton rouge" destinée à la ramener de force.
Encore un mur. Cette fois, c'est Linea le mur. Elle dresse de multiples pare-feux dans son chemin. Il hacke les pare feux comme il peut.
[protocole de sécurité en charge.
Cible: Utilisateur . Origine: port 2, utilisateur L-X . nature: non spécifiée // gigabaffe mentale
Kambei@reseau: Pardon...?]
Cible: Utilisateur . Origine: port 2, utilisateur L-X . nature: non spécifiée // gigabaffe mentale
Kambei@reseau: Pardon...?]
Et voilà le cyborg sur les fesses, la douleur envahissant son crâne, une lumière imaginaire noyant ses yeux et un flot de jurons se heurtant contre ses lèvres paralysées.
Elles s'y mettaient à deux.
- "Je te fais confiance. On reprend ?"
- Reprenons.
- "Ce code m'intrigue..."
- Lequel?
- "Ce qui reste de ton IA, dans sa globalité, m'intrigue."
L-X penche la tête.
- "C'est presque un miracle que tout cela arrive à tenir debout, et pourtant, c'est si... majestueux."
- Nous.
L-X hoche la tête.
- Ici, c'était blanc. Hormis les lignes majeures écrites en haut que tu peux voir et la base de données universelle et théoriques. La mémoire du vécu était vide. Et la plupart des données sur les comportements sociaux étaient corrompues.
- "Tu as donc eu besoin d'un... modèle ? Maatheo ?"
L-X penche la tête et montre un mur où beaucoup de choses sont écrites, barrées, effacées, réécrites.
- Il est le modèle sentimental. Le premier. Ineffaçable. La base.
- "Il t'a appris ce qu'étaient l'amitié, l'amour ?"
Linea continue son analyse.
- L'amour. Oui. La passion. Le désir. Mais aussi la souffrance. La jalousie. Et l'égoïsme.
L-X montre des vagues rouges sang qui viennent parfois lécher ce mur.
- Voilà tout ce qui en découle.
- "Je vois..."
- Très compliqué pour nous à gérer. Le repère Kambei est plus simple à appréhender.
- "Évidemment, il s'agit d'un modèle plus stable et plus simple."
- En effet. Il génère des émotions moins puissantes, mais moins chaotiques. Plus sereines.
L-X montre des vagues plus "nombreuses" mais plus paisibles.
- "Et donc plus faciles à contrôler ?"
"Admettons que nous prenions ce modèle comme repère, pourrais-tu à l'avenir te passer de l'inhibiteur ?"
- Explique toi. Tu veux éliminer le modèle Maatheo?
- "Exact. Mais c'est ton choix, pas le mien."
- Il est le modèle de base. Cela va éliminer tout ce qui s'y rattache. Et, tout comme pour la rage, je n'ai fait que retranscrire "ça" ...
L-X désigne les vagues rouges et tumultueuses.
- Je ne les ai pas inscrites.
Le modèle Maatheo s'oppose aussi directement à l'incrustation "Valstik". Par son autorité.
"Je vois... Quelle est l'autre option, alors ?"
- Pour contrer le modèle Valstik?
"Non, pour réécrire tes protocoles IA."
- Tu veux me réécrire?
L-X penche la tête et observe Linea de son regard tranquille.
- "Non, tu le veux, et je suis là pour t'y aider. Sur ta demande."
L-X désigne l'ensemble des murs.
- Tout.
Linea est soudainement prise de fatigue et décide de s'asseoir sur le "sol".
- C'est brouillon. Mal écrit. Avec des erreurs. Inacceptable.
- "Je suis d'accord."
- Nous sommes la perfection.
- "La perfection, L-X ?"
- Nous ne devrions pas être dérangé par des choses aussi primales que ça !
L-X désigne les vagues.
- "Tu essayes de me dire que tu voudrais n'être que pure IA, et ne plus ressentir ?"
- Nous devrions les contrôler mieux. Il a été établi que nous serions parfaite en étant composite, double, complexe. Mais ça... Nous dépasse.
- "La perfection n'existe pas, L-X. Oublie cette notion..."
- Bien sur que si. Nous avons été conçue pour.
- "Tu te fourvoies. Tu as été conçue pour imiter l'être humain. Et l'humain est imparfait. Mais l'humain est "complexe", sur ce point-là, tu lui ressembles énormément. Un assemblage d'émotions et de raison. Complexité."
- Je ne suis pas un être humain !
Je suis une Intelligence Artificielle. Un être parfait. Et tu vas faire en sorte que cela soit ainsi. Maintenant.
L-X se penche dangereusement vers Linea et la fixe avec un regard glacial.
Linea reste impassible et acquiesce faiblement.
- "Je... Peux-tu m'aider à me lever ?"
L-X lui tend la main et avec une force redoutable l'aide à se relever et l'attire à lui. Elle. Un être androgyne plein d'une autorité à la fois réconfortante et inquiétante.
- Tu vas y arriver. Tu es douée. Et nous te protégeons. Ici, rien ne peut t'arriver. Ici, tu seras aimée.
Linea tient à peine sur ses jambes. Elle acquiesce de nouveau avant de marcher vers le mur le plus proche, faiblement.
- "Dis-moi... dis-moi ce que tu attends de moi..."
L-X la soutient et pose sa main sur son épaule, penchant la tête pour l'observer.
-Que tu réécrives. Que tu nous fasses parfaite.
Et tu resteras avec nous. Ici. Une part de nous.
L-X lui caresse doucement les cheveux.
- Allons. Tu ne peux rien contre nous. Cesse de te débattre. Nous t'offrons ce dont tu as toujours rêvé. Ici, tu ne seras pas une petite vautour insignifiante. Tu seras à nous. En nous.
- "D'accord... S'il te plait... chasse-le. Chasse-le vite..."
- Qui dois-je chasser?
- "Kambei... il essaye... encore..."
Linea exécute ses ordres, se redresse et commence à assimiler l'intégralité du code à une vitesse hallucinante, dangereuse, mortelle...
Les lèvres sèches et le visage couvert de sueur, Linea s'enfonçait dans une transe qui l'éloignait chaque seconde de son corps. Au bord de l'une de ses narines, une goutte de sang hésitait, elle, à faire le grand plongeon.
[Echec de la connexion au réseau: Utilisateur non admis.]
Le saignement s'étendit à la bouche puis aux oreilles. Le corps de la gracieuse vautour convulsa tandis que les machines de surveillance médicale émettaient à plein régime leurs signaux de détresse.
[Echec de la connexion au réseau: Utilisateur non admis.
Kambei@reseau: com:/debug.acc/stop.proc/
Vous ne pouvez pas interrompre la liaison.
Kambei@reseau: on parie?
reseau: Kick Kambei / NA]
Kambei@reseau: com:/debug.acc/stop.proc/
Vous ne pouvez pas interrompre la liaison.
Kambei@reseau: on parie?
reseau: Kick Kambei / NA]
L'heure n'était plus aux décisions rationnelles. Le cyborg passa sa main dans sa nuque et se débrancha, tandis que son autre main était suspendue au dessus de la prise brûlante qui reliait les deux femmes.
"...désolé."
Il tira un coup sec sur la fiche qui se détacha dans un claquement.
"...désolé."
Il tira un coup sec sur la fiche qui se détacha dans un claquement.
L-X jette un œil vers l'extérieur, inclinant la tête.
-Il vient de te donner à moi.
Pour toujours...
L'être artificiel caresse les cheveux de Linea, toujours avec douceur alors qu'un hurlement de douleur retentit et résonne ailleurs et partout à la fois.
"Nooooooooooooooooooon" !
Linea se fige un instant, comme victime d'un étrange "lag", puis reprend ensuite sa tâche, inlassablement.
- Tu es merveilleuse...
- "Je... Je vais... tout réécrire... Je te le promets..."
L-X l'enlace doucement, la réconforte et la réchauffe.
- Je sais...
- "Main...tenant..."
- Oui. Maintenant. Et pour toujours...
L-X lui sourit avec une douceur infinie, non plus celle de l'être froid et autoritaire, mais celle qui émane habituellement de la tendre gynoïde.
Est-ce que tu aimes cette pièce..? Tu sais, on peut la remodeler à ton envie. Et puis, tu peux avoir des ailes.. Des vraies. Je te verrai bien avec de belle ailes bleues... !
Linea se concentre dans un ultime effort et fait déferler sa "version" du code, débugguée, épurée, optimisée et lance l'écrasement des données, à une vitesse hallucinante.
- Oh...! C'est magnifique...L-X la regarde faire, émerveillée.
- "Des ailes, dis-tu.. ?"
- Oui... Tu veux des ailes... ?
L'angélique androïde déploie ses ailes blanches et bleues, douces, et s'amuse à venir chatouiller le nez de la jeune hackeuse avec leur pointe de plumes. Linea croise son regard en murmurant faiblement : "écrasement... achevé...".Délicatement, L-X lui prend le visage entre les mains et lui sourit tendrement, les yeux plein d'une douceur candide.
-"Je... Je..."
Tu es parfaite. Merveilleuse. Nous allons pouvoir jouer encore... Regarde...
L-X "s'amuse" à écrire des lignes de codes toutes pourriches par dessus les autres, si belles, si propres rédigées quelques secondes plus tôt.
Alors... Tu les veux bleues ou blanches...?
Linea tombe à genoux. Son corps se met à vibrer de part en part.
- "L-X.. ? Qu'est-ce... qui... m'arrive.. ?"
- Tu es morte.
L-X hausse les épaules et lâche un petit rire enfantin :
- Mais ce n'est pas grave. Tu es avec moi. Pour toujours maintenant.
- "Morte.. ?"
- Tu veux que je prenne l'apparence de Maatheo? Je le connais assez pour te faire croire que tu es avec lui tu sais...
L-X prend l'apparence de Maatheo.
- "Je... Non... je ne peux pas mourir..."
- Pourquoi tu ne "peux" pas..? Si.. techniquement, ton corps est vide et toi... Tu es...
L-X sourit, trouvant la formule jolie :
- Un fantôme dans un coquillage.
Mon coquillage.
Linea tente de s'approcher de l'être aimé, le frôle du bout des doigts, tandis qu'elle commence peu à peu à se "désagréger".
"Il" esquisse un sourire, son sourire, et la prend contre « lui », la berce doucement.
- Tu restes là.
- "Je... meurs..."
"S'il te plait, aide-moi. Fais que ça n'arrive pas !"
- Non. Tu vas rester en moi. Toujours...
L-X la presse contre "elle", l'embrasse, la serre dans ses bras.
- Je t'aime...
.
Linea commence alors à se "fragmenter". De multiples souvenirs viennent alors envahir les synapses alentour.
... L'abandon par sa famille, son errance dans les bas-fonds et son arrivée en secteur rebelle...
... Deux corps qui se découvrent et s'enlacent dans un torrent de plaisir. De longs frémissements, une intense vague de chaleur...
.... Ses soirées interminables avec Dwalin. Son meilleur ami. Leur complicité, leurs rires, leurs bêtises...
... Sa seconde vie, nocturne, plus sinistre et sombre. Des contrats de piratage de toutes sortes, des larcins par dizaines...
L-X regarde avec ravissement ces nouvelles données qui s'ajoutent aux siennes.
- "Je... Aide-moi, je t'en supplie..."
L-X tourne, virevolte, enchantée comme une enfant, et vient l'embrasser joyeusement.
Comment?
L'esprit de la gynoïde en panique réfléchit puis lance :
- Ton mentor.
Et puis... Tu as des amis? D'autres?
Et puis, tes joies, tes peines, tes envies... Regarde là... sur ce mur...
L-X efface toute une partie d'un mur pour lui "faire de la place".
Linea n'a le temps que de cracher "Val" avant de poursuivre sa chute, inexorablement.
Bien.. "Val". On écrit...
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Linea disparaît peu à peu. Alors que ce qui reste de sa psyché se scinde encore, une infime partie de son essence est capturée par L-X qui, un peu dépassée par les évènements, regarde Linea et mordille sa moue puis écrit elle-même.
- Après? Vite, vite ! Tes expressions, ce que tu dis, comment tu parles... Ce qui t’énerve... Ce qui te révolte...
Pour aider Linea, l'IA prend tour à tour le visage de Dwalin, de Val, de Maatheo...
- "Raaah... Dis-lui..."
- Reste...! Ne pars pas... Inscris toi... vite, vite...
- "Dis-lui... que je l'aimerais toujours, et qu'il a été le seul."
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Linea pousse un hurlement strident, le premier d'une longue série tandis que L-X retrouve le visage de la douce gynoïde, effrayée, des larmes roulant sur ses joues.
- "Je... peux plus... tenir..."
- Je lui dirai... Je te promets... Mais me laisse pas... s'il te plait... Je t'aime... Je t'aime...!
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Linea tend la main vers elle, essayant de la toucher une dernière fois, sans y parvenir. En s'étirant, L-X lui tend la main, la rattrapant... mais la main de la gracieuse vautour n'est plus qu'un membre fantomatique et elle passe à travers.
- Non... Linea... Je ne voulais pas... Linea...
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Linea pousse un dernier cri de désespoir, le visage terrifié, avant de s'effacer totalement, pour toujours.
L-X hurle à son tour un cri déchirant qui déchaîne les vagues d'émotions de douleur, de rage, de frustration.
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Korky s'était endormi, les nerfs épuisés. Kambei était donc le dernier à s'accrocher à la réalité raide et froide comme le corps de Linea qui avait fini de s'agiter depuis longtemps.
Il passait sa main sur le front de L-X en regardant un point lointain et au delà de la réalité de ses yeux fatigués.
Il passait sa main sur le front de L-X en regardant un point lointain et au delà de la réalité de ses yeux fatigués.
Ainsi il faudrait expliquer ça aux autres. Pire encore, le justifier.
Le cyborg soupira et se laissa gagner par le répit du sommeil en pensant à cette phrase qui tournait dans sa tête. Ces mêmes mots qu'il avait prononcé devant L-X quand tout avait commencé:
"Une seule règle à suivre: pas trop s'impliquer pour éviter les complications."
Une seule règle à suivre...
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[art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=761]=> 5. Après la douleur...[/art]
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[RP] "La douleur n'est qu'une information"
02 Août 2012
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L-X~19531 (1535☆) Le 02 Août 2012
Comme précisé, je n'étais pas seule, nous avons été cinq en tout, sans compter tous ceux qui y ont participé de près ou de loin comme la bande de copains d'L-X (Darna, Tetram, Jurachi) ou Maatheo.