EDC de L-X~19531
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35. Ego te absolvo
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Ses yeux fixaient la flamme qui de l'or à l'ocre, lentement, virait à l'azur puis à l'indigo, dernière couleur avant l'extinction, dernier éclat avant de mourir. Un adage d'un autre temps disait que pour vaincre un ennemi, il faut lui survivre et un par un, ils s'en étaient allés par delà les porte d'un non-retour presque assuré quand elle ne cessait d'être là. La mort définitive, les glaces éternelles, les murs de la cité : à chacun son "au-delà". Et une par une, elle avait soufflé les flammes mourantes de ceux qu'elle avait par deux fois vaincus pour certains. Ses ennemis d'hier reposaient désormais en image dans son mémorial personnel, mausolée de béton destiné à honorer ses disparus, ses non-vivants, ses fantômes... Les lumières des flammes bleues projetaient leurs ombres, tout ce qui restait d'eux.
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Dawne la première. La "Reine de poussière" lui avait fait connaitre la colère, la peur, la rage, la détresse. Elle avait en elle éveillé la violence et pire que tout, la haine. Le pamphlet brulant qu'elle avait publié contre celle qui pouvait à l'époque la tuer d'une balle et qui ne se gênait pas pour venir le faire de nuit tandis qu'elle dormait, lui avait appris à mépriser la lâcheté des forts et haïr leur orgueil si mal placé. La petite gynoïde, alors encore punkette sans plumes et sans cheveux, avait servi ses mots et ses peintures dans un combat inégale contre la cuve. Et pourtant, ses mots étaient restés au long des ères mais pas l'elfe aux yeux violets qui n'était plus désormais qu'une pâle légende presque oubliée et que seul un vieil elfe désabusé continuait d'aduler à la lumière d'un néon blafard, sous la poussière de ses souvenirs.
"A toi, Aube rouge et sanguinolente, princesse des ruines, « Dame » de fer piquée de rouille,..." j'adresse le salut des vainqueurs, sans arrogance, ni mépris : car à chaque jour qui passe, je me souviens de ce que tu m'as appris et l'écueil de ce que tu devins est une barrière à mon propre orgueil. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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"A toi, Aube rouge et sanguinolente, princesse des ruines, « Dame » de fer piquée de rouille,..." j'adresse le salut des vainqueurs, sans arrogance, ni mépris : car à chaque jour qui passe, je me souviens de ce que tu m'as appris et l'écueil de ce que tu devins est une barrière à mon propre orgueil. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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D'un geste lent, ses doigts effleurent les flammes bleues du dernier instant quand ses souvenirs évoquent deux émeraudes reptiliennes qui se posent sur elle et plongent dans son propre regard, exprimant presque la surprise d'une voix sifflante mais qui n'est plus persifleuse. Les aveux, les confidences, les regrets du passé dans l'atmosphère chaude et luxueuse d'un établissement dont le nom engage au présent. Son bar, son présent. Les mots d'un amour déçu se confrontent aux amertumes de l'envie, et la détresse de l'enfant rejetée à ceux d'un pardon tardif mais sincère. Tandis que la première des parques reposait dans la glace, la seconde offrait une reddition de femme épuisée, souffrant de malamour. Bien sur, autant qu'elle l'avait haie, elle l'aima ; et loin de ceux qui se battaient pour la piétiner encore ou pour la retenir malgré elle, la gynoide lui proposa quelques instants de paix. Plus que jamais, carpe diem dans le partage d'un simple verre, dans l'effleurement d'un baiser.
"J'espère avoir votre bravoure au moment de franchir ces portes.
J'aurais aimé trouver le temps d'un dernier au revoir
Pour le savourer comme j'ai aimé tous ces moments partagés dernièrement."
Quand l'outrilienne franchit le pas de son adieu, l'enfant indigo posa une dernière fois ses yeux sur la silhouette souple qui allait rejoindre son enfer vert et lui accorda sans hésiter le salut aux braves. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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"J'espère avoir votre bravoure au moment de franchir ces portes.
J'aurais aimé trouver le temps d'un dernier au revoir
Pour le savourer comme j'ai aimé tous ces moments partagés dernièrement."
Quand l'outrilienne franchit le pas de son adieu, l'enfant indigo posa une dernière fois ses yeux sur la silhouette souple qui allait rejoindre son enfer vert et lui accorda sans hésiter le salut aux braves. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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Alors même qu'elle martelait jusque sur le fronton de son paradis qu'il fallait cueillir le jour, alors même qu'on ne cessait de lui répéter que la recherche du passé était une quête dangereuse et stérile, garder la mémoire des disparus était devenu son quotidien quand chacun de ses fantômes lui laissaient en héritage le souvenir de leur vécu et la chargeaient d'être la vestale de leur apocalypse.
"Paradoxalement, vous êtes tout ce qui me reste, Elix."
L'ironie du sort qui mettait un terme à son destin avait frappé de plein fouet la conscience de la Dame de fer dont les cheveux se teintaient d'argent depuis quelques heures. A l'heure même où la fin du chemin se profilait au sommet d'un mur, elle pressait contre elle l'humanité de celle qu'elle avait tant haïe pour sa froideur et son insensibilité, et ses larmes à peine cachées la laissaient dans un désarroi presque effrayant. Le disque de métal qui, dans sa poche, pesait une tonne de plomb et d'or, lui laissait sur l'âme l'empreinte d'un froid morne et d'un effroi silencieux. L'absence. L'adieu...
Quand la troisième des parques disparut à sa vue, s'élevant vers sa dernière demeure de sentinelle perdue dans le gris du smog, la gynoide eut simplement mal. Et la solitude qu'elle ressentit en cet instant broya son coeur de carbone. Ses larmes furent celles de la tendre machine à l'humaine dont l'histoire qu'elle avait précieusement recueilli se finissait, et qui accordaient le salut de l'âme à celle qui en avait finalement une. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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"Paradoxalement, vous êtes tout ce qui me reste, Elix."
L'ironie du sort qui mettait un terme à son destin avait frappé de plein fouet la conscience de la Dame de fer dont les cheveux se teintaient d'argent depuis quelques heures. A l'heure même où la fin du chemin se profilait au sommet d'un mur, elle pressait contre elle l'humanité de celle qu'elle avait tant haïe pour sa froideur et son insensibilité, et ses larmes à peine cachées la laissaient dans un désarroi presque effrayant. Le disque de métal qui, dans sa poche, pesait une tonne de plomb et d'or, lui laissait sur l'âme l'empreinte d'un froid morne et d'un effroi silencieux. L'absence. L'adieu...
Quand la troisième des parques disparut à sa vue, s'élevant vers sa dernière demeure de sentinelle perdue dans le gris du smog, la gynoide eut simplement mal. Et la solitude qu'elle ressentit en cet instant broya son coeur de carbone. Ses larmes furent celles de la tendre machine à l'humaine dont l'histoire qu'elle avait précieusement recueilli se finissait, et qui accordaient le salut de l'âme à celle qui en avait finalement une. Ego te absolvo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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Lui survivre...
Les flammes ne voulaient pas s'éteindre. La braise poursuivait sa calcination et le charbon ardent devenait graphite pour tracer son portrait, encore et encore, à l'infini, pour le rappeler à sa mémoire encore et encore : l'homme qu'elle avait au monde le plus haï, celui qui avait créé le plus de terreur par sa folie et qui avait fini par l'emporter avec lui avant de la laisser en rade avec son espoir et son héritage. Dompter sa terreur, l'apprivoiser et en faire un monstre domestiqué qu'elle avait caressé du bout des doigts jusqu'à l'entendre céder. Jusqu'à lire ses aveux. De lui aussi, elle avait recueilli les confidences post-mortem. Horriblement, le document s'était décrypté "en temps et en heure" et si elle avait lu ces lignes, c'est qu'il était mort, disait le fichier de la vérité crue, sans masque...
Le pire du meilleur et le meilleur du pire, ils se l'étaient livré, l'un à l'autre, l'un après l'autre, et désormais, elle restait seule avec cette éternité inachevée.
"Nous avons passé tant de temps à nous combattre, à nous haïr et nous vouloir du mal. De la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas que nos bouches ont franchi et je veux vous embrasser encore et encore jusqu'à bout de souffle... "
Ramenée dans le passé par la pensée, plantée devant ce tunnel de souvenirs qui défilait comme un vieux film, elle revivait à l'infini la dernière scène de leur confrontation et comment, lui aussi, lui déjà, elle avait accompagné vers son dernier voyage "Vale e me ama"...
La lumière disparaissait au loin dans ses souvenirs, comme les flammes qui bientôt lâcheraient leur dernier feu dans un soupir de fumée acre : il ne laisserait derrière lui qu'un smog un peu plus épais à respirer, sans souffle, chargé en cendres funéraires sans matière car il n'y avait pas de corps pour leurs morts. Ego te amo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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Les flammes ne voulaient pas s'éteindre. La braise poursuivait sa calcination et le charbon ardent devenait graphite pour tracer son portrait, encore et encore, à l'infini, pour le rappeler à sa mémoire encore et encore : l'homme qu'elle avait au monde le plus haï, celui qui avait créé le plus de terreur par sa folie et qui avait fini par l'emporter avec lui avant de la laisser en rade avec son espoir et son héritage. Dompter sa terreur, l'apprivoiser et en faire un monstre domestiqué qu'elle avait caressé du bout des doigts jusqu'à l'entendre céder. Jusqu'à lire ses aveux. De lui aussi, elle avait recueilli les confidences post-mortem. Horriblement, le document s'était décrypté "en temps et en heure" et si elle avait lu ces lignes, c'est qu'il était mort, disait le fichier de la vérité crue, sans masque...
Le pire du meilleur et le meilleur du pire, ils se l'étaient livré, l'un à l'autre, l'un après l'autre, et désormais, elle restait seule avec cette éternité inachevée.
"Nous avons passé tant de temps à nous combattre, à nous haïr et nous vouloir du mal. De la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas que nos bouches ont franchi et je veux vous embrasser encore et encore jusqu'à bout de souffle... "
Ramenée dans le passé par la pensée, plantée devant ce tunnel de souvenirs qui défilait comme un vieux film, elle revivait à l'infini la dernière scène de leur confrontation et comment, lui aussi, lui déjà, elle avait accompagné vers son dernier voyage "Vale e me ama"...
La lumière disparaissait au loin dans ses souvenirs, comme les flammes qui bientôt lâcheraient leur dernier feu dans un soupir de fumée acre : il ne laisserait derrière lui qu'un smog un peu plus épais à respirer, sans souffle, chargé en cendres funéraires sans matière car il n'y avait pas de corps pour leurs morts. Ego te amo et miserere tuam memoria. Puisque je te survis...
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Je te survis.
Je vous survis.
Je leur survis.
Toujours.
Je demeure, immuable, plantée dans le gris du smog et j'entends leur mémoire qui gémit. Chaque seconde de mon souffle qui perdure, je me maudis de devoir rester là, à les écouter. Chaque aube, je les entends hurler, chaque seconde, je souffre leur absence. Les âmes de mes ennemis me hantent par l'amour que je leur voue et c'est de ces cendres froides que je recouvrirai la poussière d'un monolithe de sable...
Je vous survis.
Je leur survis.
Toujours.
Je demeure, immuable, plantée dans le gris du smog et j'entends leur mémoire qui gémit. Chaque seconde de mon souffle qui perdure, je me maudis de devoir rester là, à les écouter. Chaque aube, je les entends hurler, chaque seconde, je souffre leur absence. Les âmes de mes ennemis me hantent par l'amour que je leur voue et c'est de ces cendres froides que je recouvrirai la poussière d'un monolithe de sable...
Je serai Miséricorde et telle cette lame, j'irai remuer dans la plaie du souvenir qui voudrait s'éteindre, dans la mémoire qu'on voudra effacer, dans les réminiscences qu'on voudra chasser.
A mes ennemis, j'adresse mon dernier salut et devant eux, je m'incline. Ego te absolvo et miserere tuam memoria.
A jamais, prisonnière de ma victoire et de ma revanche.
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A mes ennemis, j'adresse mon dernier salut et devant eux, je m'incline. Ego te absolvo et miserere tuam memoria.
A jamais, prisonnière de ma victoire et de ma revanche.
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[art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=13171]=> 36. Audaces fortuna juvat [/art]
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Informations sur l'article
L-X : Réminiscences d'une gynoïde.
29 Avril 2014
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