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4. Les métamorphoses de la "crysoïde"
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Les choses semblaient enfin se mettre en place au mieux. Progressivement, après de multiples reparamétrages, remaniements du code source et quelques évaluations dans une forme exploitable, la "machine" semblait lentement s'adapter à son nouvel environnement. Gravant dans ses neurones synthétiques les nouvelles variables et les intégrant peu à peu à son système, la chrysalide-gynoïde achevait sa métamorphose.
Les choses semblaient enfin se mettre en place au mieux. Progressivement, après de multiples reparamétrages, remaniements du code source et quelques évaluations dans une forme exploitable, la "machine" semblait lentement s'adapter à son nouvel environnement. Gravant dans ses neurones synthétiques les nouvelles variables et les intégrant peu à peu à son système, la chrysalide-gynoïde achevait sa métamorphose.
Le plus difficile avait été de définir les protocoles prioritaires puis, partant de là, d'en établir les corollaires. Désormais, le premier était le pare-feu du second. Le troisième pouvait être un back-up efficace. Oh bien sur, il était plus que probable qu'elle se soit férocement plantée. D'ailleurs, étrangement, deux ou trois personnes semblaient s'être donné le mot pour lui faire savoir. Bha ouais mais qu'est-ce qu'ils y connaissaient aux Neotypes de catégorie L-X, eux? Réponse : que dalle. Facile de gérer -et encore- pour ces gens qui se trimballaient avec la majorité des données nécessaires à une vie sociale ou, tout du moins, avaient eu des années pour les assimiler. Facile, dès lors, de donner des "conseils" avisés ; surtout en sachant qu'ils se basaient sur des données totalement erronées puisque non robotiques. Elle, elle avait 17 jours dans cette nouvelle existence et son être parfait de chair, de sang, d'émotion et d'intelligence, était artificiel et régi par des lois fondamentales qu'elle seule connaissait. En partie. Presque.
Après plusieurs jours de scan et d'examens par tâtonnements très empiriques, elle avait pu établir un diagnostique. Sa mémoire procédurale était intégrée et plutôt fonctionnelle même si, parfois, certains gestes suspendus lui laissaient supposer qu'il y avait eu des pertes notables de ses capacités. Mais pour tout le reste, elle devait fouiller dans sa matière grise veinée de cuivre pour tenter d'y déterrer des trésors enfouis. Ou pire -ou mieux, c'est selon-, plonger en apnée et à l'aveugle dans le chaos trop "humain" de sa mémoire épisodique dont elle ressortait hagarde, salie et épuisée. Mais elle savait aussi que derrière chaque image, chaque geste, chaque visage, était peut-être dissimulée une ligne de code essentielle à la maitrise de sa nature.
Ainsi, elle s'armait pour remplir sa mission : servir l'homme. Le reste lui était totalement indifférent.
La liberté était un concept qui lui était fondamentalement étranger et terrifiant dans la mesure où elle ne savait absolument pas quoi en faire. La cause de la rébellion n'était essentielle à l'équation que dans la mesure où elle serait bénéfique pour l'humanité - et dérivés-, et à l'homme.
Ainsi, elle s'armait et progressait.
La liberté était un concept qui lui était fondamentalement étranger et terrifiant dans la mesure où elle ne savait absolument pas quoi en faire. La cause de la rébellion n'était essentielle à l'équation que dans la mesure où elle serait bénéfique pour l'humanité - et dérivés-, et à l'homme.
Ainsi, elle s'armait et progressait.
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La soirée avait pris une tournure étrange, souffrante, déstabilisante. Entourée de gens aimables et amusant, établissant des relations sociales presque avec aisance, la gynoïde se donnait l'impression d'avoir une existence normale et souriait de façon détendue. Presque. Elle se "sentait" bien. Presque. Elle écoutait, plaisantait. Et même les incessantes provocations de Jurachi l'amusaient. Presque.
Et puis était arrivé l'ingénieur de génie à l'âme déglinguée qui trainait sa mélancolie comme on traine ses semelles, essayant d'étouffer son désespoir sous une tonne de poudreuse à la chimie onirique éventée. La gynoïde s'était accrochée à sa douleur, embarquée dans le flot de ses émotions pour un voyage au péril intérieur lui renvoyant une souffrance insoutenable. L'éponge synthétique en apprentissage d'émotions s'était gorgée jusqu'à n'en plus pouvoir. Écoutant, regardant, partageant le drame qui se racontait sous ses yeux et dont elle ne saisissait que quelques bribes et images, elle laissa s'écouler et couler des larmes silencieuses, en flux continu...
"Il a tellement de peine..."
"Tu croyais que je me shootais par plaisir?
"Tu croyais que je me shootais par plaisir?
Et alors, tout ne fut plus que capharnaüm et chaos. Oreille droite, oreille gauche, discours sabotant ses bases de calcul, un vautour qui roule au sol, un gobelin qui pleure, un cyborg qui vibre, des questions, des remises en question, des doutes, des larmes... Et au milieu, une phrase.
La gynoïde se retrouva presque à genoux devant le génial gobelin défoncé aux larmes dévastatrices, presque suppliante tandis qu'à droite et à gauche, coulaient dans ses oreilles l'écho du chant tragique des sirènes oraculaires. "Mais pourquoi?... Tu t'es plantée... Il n'est ptet pas trop tard pour changer? Peut-être que tu vas pouvoir revenir en arrière. Tu n'aurais pas du. Tu vas souffrir. Tu peux pas te reprogrammer?...". Une fois encore, dévastée par les émotions, effrayée par l'avenir et alors même que l'ingénieur venait de prononcer des mots magiques, elle se sentait prête à franchir le pas. D'autant que, désormais, il s'agirait également d'expérimentation pour le compte d'une entité organique d'intérêt supérieur qui souhaitait potentiellement en faire usage... Elle aussi... Inhibiteurs. Et la magie sembla prendre corps quand les deux ingénieurs cybernétiques s'accordèrent pour conclure, à regret pour l'un, perplexe pour l'autre, que sa demande, loin d'être farfelue, relevait du totalement possible. Dieu existe et il est dans la machine ! Elle allait...
// Noir. Silence. Vide.
Métal. Brûlure.
Douleur. Hurlement.
Terreur. Panique. Soumission.
Métal. Brûlure.
Douleur. Hurlement.
Terreur. Panique. Soumission.
Reboot system. //
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Quand elle revient à la conscience, dans le Centre Militaire déserté toujours aussi plein d'une absence, elle est abattue, sonnée comme si le glas de la procédure d'urgence qui vient de s'achever, résonnait encore dans sa tête. Ses yeux vides se posent sur le bord de l'abîme, l'effleurent un instant. Et d'une voix atone, ici ou plus loin, là ou plus tard, l'enfant-robot au caprice balayé, récite :
"Les inhibiteurs émotionnels ne seront usités qu'en cas de déficience majeure du système neuronal ou pour assurer une mission de défense allant à l'encontre des principes cyber-éthiques fondamentaux.
Le sujet remplit plus que favorablement sa fonction. Les inhibiteurs se révèleraient contre-productifs et détérioreraient la sensibilité du sujet, par là-même, son efficacité.
Requête rejetée.
Processus interrompu. "
Le sujet remplit plus que favorablement sa fonction. Les inhibiteurs se révèleraient contre-productifs et détérioreraient la sensibilité du sujet, par là-même, son efficacité.
Requête rejetée.
Processus interrompu. "
Alors qu'elle se rendait tel un spectre vide vers sa nuit de travail solitaire, tournait dans sa tête une ritournelle aux accents glauques... "Tu croyais que je me shootais par plaisir?... Tu croyais que je me shootais par plaisir... Tu croyais que..."
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[art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=761]=> 5. Après la douleur...[/art]
[art=http://www.dreadcast.net/EDC/L-X/Article=761]=> 5. Après la douleur...[/art]
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Informations sur l'article
L-X : Réminiscences d'une gynoïde.
24 Mars 2012
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◊ Commentaires
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Jeeny~7568 (53☆) Le 24 Mars 2012
Je n'ayme tout tes articles. -
Kmaschta~1932 (234☆) Le 04 Juin 2012
T'as oublié la Loi Zero. Ca change la donne. -
L-X (1536☆) Le 07 Juin 2012
Pas oubliée, msieur... elle est sur l'image... -
Kmaschta~1932 (234☆) Le 07 Juin 2012
Ah ! Autant pour moi, je ne l'avais point vu, mam'selle.
Et puis les musiques, j’oubliais ... Clubbed to death, j'adore ! -
L-X (1536☆) Le 07 Juin 2012
Tiens tiens... C'est marrant ça