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Requiem pour la Mort.
D'un bord à l'autre...
Ce soir, comme tous les soirs de désuétude spirituelle, on attaque le voisin. Coup de sonnette mortelle. "Ding"... Un glas électronique résonne en face. "Dong". Rendez-vous est pris avec la guerre. On tue des gens parce qu'on s'emmerde... Au cœur des souterrains, dansent les lames, fusent les traits de feu et d'acier, coule le sang et au milieu de ce chaos, une absence... que personne ne remarque parce qu'on l'a oubliée depuis bien longtemps.
Ainsi disparut la Mort...
...et avec elle ceux qu'on ne voit plus. Ceux que l'on attend, trop longtemps, et qui jamais ne reviennent. Jamais. Ce mot a-t-il encore une signification réelle? Ayant perdu le poids de son infini, il s'est vu dépouiller de sa force terrible. Dans sa suprématie, le genre humain a triomphé de la mort et, avec elle, il triomphé de la peur. Peu importe qu'on aille se foutre sur la gueule, dans une heure, on reviendra. Et on recommencera. Peu importe qu'on meurt, c'est pour de faux. Enfin... c'est pour de vrai mais pas vraiment. Ça picote juste un peu. La relativité n'est plus une théorie mais un fait quotidien : "Ce con m'a trompé ; je lui coupe la tête, ça lui fera la bite." ; "Celui-là m'a parlé mal, je le déglingue." ; "L'autre m'a regardé de travers, je le flingue" ; "La petite peste me tient tête, je lui sers une 'douce sanction' du bout de mon canon". Ça leur servira de leçon. Ou pas.
Une cuve. Un clone. Et encore, et encore, et encore. Ad vitam aeternam.
La vie est devenue éternelle. Mais à quoi bon, pour ce que l'on en fait? Plus rien. Sans conscience de la mort, on ne se donne même pas la peine d'exister. Et pourquoi le ferait-on? D'ici la vieillesse, on aura bien trouvé un remède. Et les clones s'enchaineront plus vite que les jours : 23854 .... 23855 ... 23856 ... Un rythme funèbre endiablé pour une sarabande mortelle à laquelle on s'invite, d'un bord à l'autre, par ennui. Par habitude. Par principe. On joue à la mort parce qu'on a plus de ballon. Et on se retrouvera pour jouer encore, post mortem, comme une bonne blague.
Post Mortem? Ça n'a plus de sens. La mort n'a plus de sens. La tragédie n'a plus de sens et se laisse teinter d'ironie. La vie ballade sa gueule en biais au sourire faux, barrée d'un pli cynique, et nous traine derrière elle vers un avenir sans but. Elle a vaincu sa vieille ennemie et se retrouve seule. Ciao la Mort...
Et pourtant, moi je l'ai vue.
J'ai vu le regard empli d'une terreur indicible se poser sur la conscience du jamais plus.
J'ai vu la fin, la vraie, celle qui ne recommencera plus, qui saisit l'esprit devenu fou de ses doigts glacés, et qui l'étreint, l'étrangle.
J'ai vu une conscience s'étioler, s'effilocher jusqu'à n'être plus qu'un fil translucide qui se déchire une dernière fois.
J'ai vu une âme mourir.
J'ai vu la fin, la vraie, celle qui ne recommencera plus, qui saisit l'esprit devenu fou de ses doigts glacés, et qui l'étreint, l'étrangle.
J'ai vu une conscience s'étioler, s'effilocher jusqu'à n'être plus qu'un fil translucide qui se déchire une dernière fois.
J'ai vu une âme mourir.
Mais pas seulement.
J'ai vu un corps mourir. J'ai senti un cœur cesser de battre. Une gorge qui se crispe sur un hurlement déchirant. Un poing qui se serre et des muscles qui se tendent pour s'accrocher. Une bouche qui s'ouvre sur un dernier souffle qui se refuse.
J'ai vu un corps qui ne s'est pas téléporté et qui reste là, à pourrir, à se décomposer. Rigor mortis. Le masque de cire qui déforme le visage. La déliquescence des chairs. La putréfaction des humeurs. L'odeur de la mort...
"J'ai vu la mort se marrer..."**
J'ai vu la vie s'éteindre.
J'ai vu une âme disparaitre.
Pour toujours. A jamais. Expiration.
Bip. Un seul son qui s'éternise pour pavane.
Et puis le silence.
Fin de l'histoire...
J'ai vu un corps mourir. J'ai senti un cœur cesser de battre. Une gorge qui se crispe sur un hurlement déchirant. Un poing qui se serre et des muscles qui se tendent pour s'accrocher. Une bouche qui s'ouvre sur un dernier souffle qui se refuse.
J'ai vu un corps qui ne s'est pas téléporté et qui reste là, à pourrir, à se décomposer. Rigor mortis. Le masque de cire qui déforme le visage. La déliquescence des chairs. La putréfaction des humeurs. L'odeur de la mort...
"J'ai vu la mort se marrer..."**
J'ai vu la vie s'éteindre.
J'ai vu une âme disparaitre.
Pour toujours. A jamais. Expiration.
Bip. Un seul son qui s'éternise pour pavane.
Et puis le silence.
Fin de l'histoire...
Votre sentiment de toute-puissance, au final très relative, n'a rien de sublime. La mort pue. Elle est sale. Affreuse. Mais surtout, elle est absolue, elle. Et définitive.
A vous, mortels immortels, mort-vivants, non-morts... Accordez moi une seconde. Rien qu'une. Stoppez tout ce que vous êtes en train de faire. Arrêtez vous un instant. Juste un instant. Immobile. Dans le silence. Et contemplez cette seconde qui s'étire à l'infini, ce temps suspendu... Contemplez-la comme un gouffre sans fonds, un abime au milieu de votre chemin... Et imaginez qu'elle s'éternise.
Voilà la mort. Le rien. Le plus rien, plus jamais...
Voilà la mort. Le rien. Le plus rien, plus jamais...
Une seconde de silence...
Voici ma supplique pour une absente défunte et c'est à vous tous que je l'adresse. A vous, A-morts qui appuyez sur une gâchette comme on clique sur un bouton, qui coupez une tête comme on coupe un papier, rappelez-vous que la technologie n'est pas infaillible. Que le chemin vers la cuve peut se perdre, le code s'embrouiller, la recomposition foirer. On ne joue pas à la mort. N'oubliez jamais...
MEMENTO MORI
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Intermezzo
28 Avril 2012
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