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Homo homini lupus est
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Cher journal,
Aujourd'hui, j'ai enfin quitté mon bois natal pour commencer ma nouvelle vie. Je ne vais pas te mentir, ni me mentir, car il commence déjà à me manquer. Certes, dans cette forêt, j'étais loin de toute civilisation mais pas une seule fois je ne me suis senti isolé. Oui, il n'y avait ni voisinage ni commerce mais cela, jamais, ne me posa problème. Pour moi, la liberté et la tranquillité importaient plus que la convivialité et la douceur des chants aviens était plus adaptée à mon mode de vie que les poissonniers vendant à la criée. Mon cabanon me manque lui aussi. Ô que je m'y sentais en sécurité. Mais le voilà maintenant parti en fumée, à tout jamais, de la main de ceux qui m'ont chassé.
"- Monstre ! Va-t-on !, m'ont-ils invectivé. Monstre ! Quitte nos terres et va crever ailleurs !"
"- Monstre ! Va-t-on !, m'ont-ils invectivé. Monstre ! Quitte nos terres et va crever ailleurs !"
Me voilà ici, dans ce village inhospitalier, entouré d'hommes et de femmes mais plus seul que jamais. Il fait nuit noire. Je vais me coucher.
Cher journal,
La nuit dernière, l'impensable est arrivé : un pauvre diable de notre voisinage à été tué, jeté au fond du puits asséché du vieux village. Hier encore, je le croisai sur la route pavée non loin de ma maison; cette pauvre âme ne semblait pas être préparée au destin funeste qui l'attendait. L'homme n'était certes pas le plus apprécié du quartier mais il ne méritait pour autant pas une telle sentence. Qui aurait bien pu vouloir intenter à sa vie ? Je l'ignore... Personne... Tout le monde.
Oui, il ne faisait pas l'unanimité parmi les villageois : certains disaient de lui qu'il était casanier et peu sociable, d'autres qu'il était trop occupé par son travail pour se mélanger aux autres, mais tous étaient d'accord pour dire qu'il était imbu de sa personne, hautain ou tout autre terme peu flâteur évoquant son orgueil. Ainsi, celui qui toute sa vie regardait les autres de haut, perdit la vie plus bas que terre.
Cette nuit, les lumières du village s'éteignent dans la peur.
Cher journal,
La nuit dernière, de nouveau le mal a sévi au sein de notre village. Une nouvelle fois, le destin nous confronta à la mort et au deuil. Madeleine. Oui, tel était son prénom. Qui était Madeleine ? Quand je pense à elle, je pense à une jeune femme, belle, joviale, généreuse et débordante de vie. Madeleine était innocente et naïve, de sa personne n'émanait aucune pensée négative ou malveillante. Sa personnalité solaire était le signal du chant du coq. Le coq se réveillait lorsque Madeleine rentrait chez elle, chaque matin, après une dure nuit de travail passée à contenter toutes les âmes égarées du village. Aucun pilier de bar, aucun soûlard, aucun vagabond n'eut jamais à se plaindre de la jeune femme.
Ce matin, point de chant du coq. Madeleine gîsait sans vie dans cette ruelle s'abouchant sur un cul-de-sac.
Ce matin, point de chant du coq. Madeleine gîsait sans vie dans cette ruelle s'abouchant sur un cul-de-sac.
Ce soir, le village se couche attristé et endeuillé.
Cher journal,
Cette nuit, une fois de plus, le malheur s'est abattu sur notre village. L'adage qui dit " jamais deux sans trois " n'aura jamais été aussi vrai. Une fois de plus, nous découvrîmes le corps sans vie de l'un de nos voisins : celui de l'homme qui possédait l'entreprise qui emploie presque la moitié de nos gens. Qui était-il donc ? Je ne pourrai malheureusement pas faire les éloges de cet homme dont la vie humaine avait un coût mais aucune valeur. Son avarice n'avait d'égal que son mépris de la dignité humaine. Cet homme qui avait passé sa vie à exploiter les autres pour s'enrichir ne fût point sauvé par les deniers accumulés dans sa vaste et immodeste demeure. Le voilà maintenant mort, entouré de richesses qu'il n'emportera nullement avec lui en enfer.
Ce soir, le village se couche dans la peur.
Cher journal,
Tu connais maintenant le refrain. Cette nuit, un nouveau citoyen a succombé à la folie meurtrière du loup qui sévit au sein de notre village maudit. Voilà maintenant que ce monstre joue avec nos nerfs et revient sur les lieux de son précédent crime pour tuer le majordome de l'homme qui vendit le monde. Ce pauvre bougre vivait dans ce manoir depuis plus de deux décennies mais avait-il ressenti la moindre peine en apprenant le décès de son employeur ? Avait-il même déjà eu le moindre sentiment à l'égard de cet être horrible ? En vérité, oui. Un seul sentiment : l'envie. L'envie d'avoir les richesses de son maître. L'envie de fréquenter ses maîtresses. L'envie d'avoir sa vie.
Malheureusement, de la vie de son maître il n'eut que la fin funeste.
Ce soir, le village se couche dans l'indifférence.
Cher journal,
Cette nuit n'a pas été différente des précédentes. Une fois de plus, le réveil a été marqué par la mise en évidence de la mort vraissemblablement provoquée d'un villageois. Celui-ci a été découvert, dès l'aube, dans un champs à la sortie du village. Le corps charnu et volumineux avait été comme dévoré de bout en bout par une bête féroce et son âme. L'état du corps donnait l'impression d'une attaque sauvage commise par une dizaine de monstres sans âme. La victime était méconnaissable mais son corps graisseux et volumineux n'était pas sans rappeler celui que l'on appelait " Gargantua ". Quelle ironie du sort : finir englouti lorsqu'on a passé sa vie à engloutir d'autres êtres.
Ce soir, le village se couche dans l'inquiétude.
Cher journal,
Cette nuit, une tragédie s'est de nouveau abattue sur notre paisible village. Une nouvelle fois, un villageois fût tué. Cette fois-ci, il le fût dans son sommeil. Alors que la lune était pleine et que le village s'endormait paisiblement, le villageois, dans son sommeil profond, n'a pas entendu le loup s'approcher. Ce prédateur, affamé, avait repéré sa paresse comme une proie facile. Soudain, un hurlement perça le silence. Les villageois se réveillèrent, mais il était déjà trop tard. Les cris étouffés de l'homme se mêlèrent aux rugissements de la bête. Au petit matin, le village, marqué par l'absence de son fainéant habitant, comprit alors que la paresse peut parfois avoir des conséquences tragiques.
Cher journal,
Cette nuit, les choses ne sont pas passées comme prévu. Aveuglé par la colère qui m'assaille chaque nuit, je me suis rendu vulnérable. J'ai laissé la bête qui m'habite prendre le contrôle sur moi et je me suis dévoilé à ces villageois que j'ai depuis une semaine terrorisés. Les voilà donc, fourches en main, agglomérés devant ma maison et prêts à me cueillir à tout instant. Je les entends crier : "- Monstre ! Loup ! Bête sauvage !".
Cette nuit, je serai donc là dernière victime de mon courroux. Mon réconfort sera de savoir que là où ils s'attendront à voir un loup, ils n'auront droit qu'à ma seule et unique nature, celle d'un humain.
Car oui, l'homme est un loup pour l'homme.
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Stand Alones
12 Octobre 2024
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