EDC de KorSkarn

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Dans le sommeil cryogénique, le sommeil est autrement plus profond qu’au quotidien nocturne.
La Loi d’Arrhenius s’applique au métabolisme entier. Poumons, cœur, s’activent à une intermittence rythmant l’éternité glaciale de cycles minutaires et non plus secondaires.
Le cerveau n’y fait pas abstraction, l’activité infime détectable uniquement par les appareils les plus pointus à l’épicentre du silence d’une cathédrale gelée, insensible, sont attentifs au plus petit signe du chaos biologique totalement subjugué artificiellement.
Pourtant, si seuls les impulsions bioélectriques les plus instinctives, primales et basiques, demeurent, je jurerais avoir rêvé. Presque aussi clairement que dans la privation sensorielle, celle-ci peut-être affinant des habilités mémorielles et oniriques.

Mais jamais je ne saurais dire, à quel point je contrôlais ce que j’éprouvais, à quel point le rêve était éveillé.
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J’ai rêvé des halls festonnés de tissus bleu clairs, frappés du symbole Impérial en plus sombre, ne disputant la place dans cet espace qu’aux dorures et à des blancs et des noirs plus sobres, tout cela contenu dans une architecture aussi fonctionnelle que minutieuse.

J’ai rêvé des halls occupés de mes prédécesseurs Impérialistes... Mais ils étaient vides.

J’ai rêvé qu’il n’y avait personne, sinon les pas et les souffles désespérés de ma propre personne, dans une terrible solitude pas même égalée par celle de mon corps reposant en biostase.
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J’ai dû chercher durant une éternité, me posant mille questions qui se répercutaient dans un bruit assourdissant sur les murs d’une folie paniquée, gravie insidieusement par une infinie tristesse affligée, menaçant de me jeter, prostré, sur les tapis et les pavés.
Jusqu’à ce que je réalise la honte qui était la mienne, la honte que je jetais à la figure de ceux me détaillant, juste hors de portée de mes sens, de ce que j’avais fait, et pensait faire.
Comment pouvais-je me croire un seul instant digne d’un repos même temporaire ou médical ?

Comment pouvais-je me pardonner un seul instant ma faiblesse même démuni ?

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Comment pouvais-je même un infime moment m’estimer avoir suffisamment fait ?
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"Ne se perdent que ceux qui avancent........
Ne regrettent que ceux qui regardent derrière."

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Un brouillard troubla alors ma vision, émanant à la fois des draperies que de moi-même : Un tourbillon de douleur immense, insondable et intérieur, ravageait l’épave de mon esprit, tirant de mon unique œil les écueils de quelques larmes que je n’avais jamais versées, glissant sur le globe oculaire synthétique qui m’offrait la pleine vision de mon imperfection. Aussi repoussant que je restais figé, ne pouvant m’y soustraire, tout comme aux souvenirs des années passées.
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A l’instant où mes oreilles ont entendu leurs mots tournés toujours vers le grandissement de soi ou l’abaissement des autres, j’ai été infecté par leur égoïsme.

A l’instant où mes yeux ont vu les collusions et ententes coupables, la décadence entre amis, j’ai été infecté par leur avidité.

A l’instant où mes narines ont humé l’odeur des crises d’égo, des sentiments déchaînés cimentant les ‘décisions’, j’ai été infecté par leur instabilité.

A l’instant où j’ai goûté et touché, j’ai commencé à entrevoir le mythe de la bien-pensance pour uniquement contrôler un peuple qui doit également être Guidé, Elevé, et même Servit.

Infecté... Car pourtant depuis le début, j’ai été l’idiot qui n’a vu sous les masques qu’une fois leur position déstabilisée, révélant ce que le vivant a de plus sombre pour garder dans son emprise la position qu’il estime sienne, lui appartenir.
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"La sacrifice de soi est un principe fondamental de la civilisation.
...................Que l'ensemble prime sur l'individu,
.......est un principe fondamental de survie de l'Humanité."
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J’ai été idiot. Depuis le premier jour pétri de rêves et d’espoirs de Servir.
Aucune jeunesse ne peut pardonner cela, et je ne peux que marquer ma chair de mes échecs pour ne pas oublier.
Rien ni personne ne devrait l’oublier, et en tout cas ne peut le pardonner. Seulement Lui.
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Et maintenant...
J’ai tellement froid. Tellement peur, mais toujours pas pour moi.
J’ai tellement imploré. Et seulement maintenant je sens un souffle de chaleur.
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Elle est là. Devant moi.
Tellement magnifique dans une livrée entièrement pourpre dépourvut d’ornements. Un instant j’ai envie de l’étreindre, pour peut-être me souvenir... Mais ce n’est que la rémanence d’une faiblesse, alors que je regarde ce que contient sa main qu’elle me tend sans qu’un mot ne soit échangé.

Une flamme, qu’elle connaît si bien.
Une flamme, le chaos contrôlé par l’Humanité.
Une flamme que je prends avec reconnaissance... ... La laissant m’embrasser de ses mèches, m’embraser jusqu’aux miennes, puis tout entier, corps et âme...
Le feu brûle, le feu purifie, le feu incinère et fertilise, le feu épure et ravage mon esprit, détruisant et faisant subir son épreuve à tout ce qui est impur d’y survivre.
Le feu parcourt mes veines, bout mon sang et emplit bronches et poumons, enflamme mon cœur et ma tête, formant une boule se lovant dans mon ventre tel le serpent symbolisant une renaissance.
Pourtant je ne vacille pas. Au contraire j’exulte, souffre mon remerciement le plus sincère.
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Consume... Consume...
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"L’Homme s’élève en proportion de la tâche qu’il entreprend."

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Dans les entrailles froides d’un bâtiment sans âmes vives, un Cyborg sous IV se redresse brusquement en croassant douloureusement, sans succès, deux mots. Ses cordes vocales aussi assommées par le réveil qu’atrophiées par l’inactivité d’une décennie, ne ponctueront pas plus son retour.