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L'infiltré bouillonnant.

Le 6/263.4
KorSkarn s’arrête un instant, fixant la noirceur de son deck Silmerion, les yeux dans le vide et les doigts engourdis.
Il écouta le silence quelques instants, parfois rompu par les vibrations de son com’, apportant souvent de mauvaises nouvelles.
Le silence après les messages était assourdissant, lui normalement si plein de promesses de sérénité pour le cyborg. Mais la sérénité s’échappait de plus en plus loin, remplacée par une poussée d’agitation, à la fois physique et mentale, alors que les pièces du puzzle s’assemblaient, formant le portrait de la créature qui se nourrissait du corps de l’Impérium, tel un cancer, tel un immonde abcès parasite.
Imperator, que cette créature était monstrueuse. Il y préférerait un autre Spitter.
Le cyborg se leva brusquement des poufs, soudainement mal a l’aise, la concentration à nouveau rompue, incapable de reprendre le fil de son rapide pianotement sur le deck. Une nouvelle bouffée de chaleur l’engloutissait, alors qu’il était torse nu, sentant les pores de sa peau exsuder cette chaleur moite sans qu’il puisse se calmer.
La rage.
La rage grandissait à nouveau, il fallait s’y attendre, alors qu’il ne devait tolérer aucune portion d’irrationalité, aussi infime soit-elle, dans sa poursuite d’un engagement parfait et total envers l’Imperium. La rage avait pu le servir, soigneusement gardée sous contrôle, bouillonnante mais contenue, telle l’huile bouillonnant sagement dans son creuset, se déversant ensuite sur les Hérétiques lors des combats qu’il avait pu mener.
Il sentit la sueur dégoulinait de plus belle, alors que les souvenirs des coups, tranchant a pleine lame dans les torses, ouvrant de larges plaies semblable à des lèvres se gorgeant pratiquement instantanément de l’hémorragie, découpant des membres dont les artères pissaient un sang foncé en jet parfois impressionnant l’espace d’une seconde, ou décollant des têtes figées dans des expressions hébétées et muettes.
Le cyborg sentit le froid d’une goutte de sueur dégouliner de son aisselle, contre son flanc, et il l’essuya d’un geste rapide, tandis qu’il prenait une profonde inspiration, ralentissant sa respiration, contrôlant doucement les battements de son cœur, fermant les yeux, et cherchant la sérénité.
Bien sûr qu’il s’y était attendu, a ce que cette haine, cette rage resurgisse, toujours de plus en plus proche de la surface, proliférant dans ce Vide immense qu’il ressentait. Un Vide qui grandissait, englobant, teintant tout de nuances grises étouffant doucement les sources de stimulus, jusqu’à ce que la frontière dans la réalité physique, entre situations qui requièrent calme, ou agitation, devienne floue, de plus en plus amoindrie.
Même les AG semblaient mornes, les jeunes militaires plus similaires les uns que les autres, les événements plus insignifiants, l’énergie qu’il essayait de transmettre perdant sa substance.
Sa main organique vint doucement serrer la plume d’ébène qu’il portait dans une poche intérieure de son cosmo’, son pouce hésitant à la caresser doucement, dans une réminiscence de ces longs moments à passer sa main dans sa chevelure de plumes, sans jamais se lasser de la toucher, de la posséder. Mais il se garda finalement d’en caresser l’étendard, craignant de l’user trop vite.
Il avait cru qu’il pourrait ne pas rester affecté, de ne plus se voir, de ne plus se parler, de ne plus se toucher, de ne plus s’étreindre, sous le motif qu’elle sombrait simplement dans un lourd sommeil parfois interrompu, en sécurité, bien loin de l’Hérésie qui révulsait leurs trois cœurs.
Mais de toute évidence, il l’aimait, ou ce qui en tenait lieu pour lui. S’il avait pu encore en douter -après tout il doutait de tout-, ce n’était a présent plus permit. Il ne croyait pas a l’amour, seulement en des réactions chimiques... Mais quel différence ?
La rage, dans une brûlante poussée d’adrénaline, prit à nouveau son envol, dans un écho au goût de cendre et de fer, rythmé par ses coups de tambours sur le tympan d’une moitié de visage organique, menaçant de brûler à son tour.
C’est l’Hérésie, la Corruption, l’Arrogance, et la Décadence, qui menaçait d’éteindre toutes ces flammes dans le cœur des Impérialistes, y compris celle de sa douce, drainant leur espoir en le système même. Que vacille une flamme, et les ombres s’étendent partout... Partout.
Il serre les poings, frissonnant délicieusement, se concentrant à nouveau sur sa respiration, contrôlant cette sensation de force étouffante qui courait dans ses muscles chauds, savourant l’anticipation.
Je les tuerais tous. Cette pensée avait un goût terriblement rassurant, addictif et brûlant, tandis qu’elle évoquait l’image de sa main métallique serrant un cou se raidissant et tournant lentement au violet. Rien n’était mieux fait, que fait soi-même.
Et avec le sourire. Pourquoi auraient-ils le monopole de tirer profit de ce qu’ils font ? Mais attention... Ca ne devra pas en être la raison principale. Ce ne serait plus Impérialiste.
“Imperium sine fine...” Souffla-t-il entre ces dents, les lèvres figés dans un rictus, tandis qu’il levait et descendait les bras, les poings toujours serrés, contractant ses muscles. Il ne retournera pas sur le deck tout de suite, il va d’abord devoir se dépenser un peu.
Imperium sine fine... Un Empire sans fin. A l’extérieur comme à l’intérieur.

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