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EDC de Koe~69770

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Qu'est-ce qu'une tombe de plus ?

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Ambiance musicale : https://www.youtube.com/watch?v=sskSnJ2SCns


Toi aussi pas vrai ? Toi aussi tu as perdu quelqu’un ?


Que répondre à ça ? La vérité ? Oui Koe avait connu l’abandon, la solitude aussi soudaine que fracassante, dans un silence parfait. Une disparition. Un instant elle était là, l’instant d’après, disparue.

En réalité il n’avait pas compris tout de suite.

D’abords il avait ressenti de la joie, s’était dit qu’elle s’était enfin levée de ce lit qui la tenait prisonnière, qu’elle avait repris vie. Un détail ne collait pas toutefois. Elle lui écrivait toujours quand elle se réveillait, de la même façon qu’il le faisait lui. Et cette fois-là, rien, rien du tout.

Et ensuite, l’idée, lente et terrifiante, avait tracé sa route. Il avait dégainé son terminal portable et scruté attentivement le listing des dernières cryogénisations. Elle n’y était pas. Mais elle n’était nulle part. Pas de son, pas d’image, personne ne l’avait vue.

Et il s’était retrouvé comme un con, les bras ballants, dans cette chambre vide et sombre, à se rendre compte, lentement, qu’il était seul. Cette solitude qu’il avait tant redouté, elle venait de prendre sa place à côté de lui dans le lit. Elle l’enveloppait de ses bras, lui susurrant qu’elle serait toujours là désormais. Et il n’eut aucun mal à la croire.

Ce jour-là, quelque chose qui s’éveillait timidement chez l’elfe s’éteignit brusquement et laissa un vide glacial à l’intérieur de lui, le laissant comme anesthésié, amorphe, amputé.

Clignant des yeux, l’elfe s’était alors naturellement dit que c’était peut-être normal, qu’il le savait, au fond, et qu’au final, peut-être que son absence de réaction, sa catatonie, était juste le signe qu’il ne savait pas aimer pour de vrai, et que c’était peut-être mieux comme ça, qu’il reste seul, qu’il ne prenne plus le risque de faire souffrir quelqu’un.

Je continuerais à me fracasser sur ta carapace jusqu’à ce que tu me laisse entrer.


Le second abandon, celui-là il s’y attendait. Il y avait participé, en quelque sorte, en refusant de s’engager, en préférant rester seul. Finalement il n’y avait pas de bonne solution. Avec ces conneries de sentiments, quelqu’un finissait toujours par se retrouver baisé. Au sens figuré du terme dans cette situation précise.

Elle avait essayé de le convaincre. Par tous les moyens. Faisant en sorte d’avoir besoin de lui, tout le temps, de le prendre en otage avec ses larmes, de lui demander des promesses qu’il lui avait avoué avoir du mal à promettre…

Mais malgré tout, il avait tenu bon. Il l’avait tenue loin de lui, sa carapace avait tenu le choc et s’était même endurcie, lui faisant prendre conscience qu’il fallait qu’il soit plus froid, plus ferme, qu’il laisse encore moins de prise, encore moins d’espoir.

Alors, après s’être fatiguée contre son rempart, après un énième refus catégorique et ferme, voir même rude, elle avait rendu les armes et cryo. Elle au moins, elle avait laissé un message. Hypocrite et lâche, mais au moins elle était pas partie comme une voleuse. Seulement une lâche qui ne voulait pas se contenter de ce qu’il était capable de donner et d’aller chercher ailleurs ce qu’elle attendait à tout prix de lui. Ce qu’un autre, quelque part, aurait sans doute put et voulut lui donner.

Il avait été déçu. Déçu et fatigué. Pour elle, déçu qu’elle ne soit pas plus combative que ça, déçu d’être encore celui qui foutait tout en l’air, fatigué d’avoir essayé de la motiver en vain, fatigué d’être toujours sur ses gardes.

Au final, c’était horrible à dire, mais d’une certaine manière, en prenant la fuite, elle l’avait libéré. C’était sans doute son dernier cadeau et il l’acceptait avec gratitude.

Un imbécile heureux, voilà ce que vous êtes !


Comme elle avait raison. C’était peut-être elle, après tout, qui avait su le mieux voir sous la couche de maîtrise et de détachement amusé qu’il affichait à longueur de journée, le vide béant qui le caractérisait.

C’était un imbécile oui, mais un imbécile qui luttait et qui se débattait pour ne pas abandonner ses projets, qui se noyait dans le travail et, tout en ne refusant jamais une nouvelle rencontre, éludait celles qui pourraient déboucher sur des situations trop compliquées. Il fallait rester simple et mettre de côté toutes ces âneries de sentiments, le temps de… De quoi ? Il ne savait pas. Mais il finirait bien par trouver une réponse, quelle qu’elle soit.

Alors quand on lui posait ce genre de questions, il répondait la vérité. Celle, factuelle, qu’il ne prenait aucun risque à dire. Et quand on faisait mine d’être désolé pour lui, il refusait de s’engouffrer dans cette voie sentimentaliste en répondant encore par des faits, comme une machine.
Et pour cacher tout ça, il souriait.

Et c'est, encore une fois, exactement ce qu'il fit.

Il cligna des yeux et se tourna vers celle qui lui avait posé la question. Un léger sourire, comme ceux qu’il distribuait à longueur de temps s’afficha sur son visage hermétique et, pour seul accompagnement la lueur de nostalgie dans ses yeux onyx, il répondit d’un ton neutre.

Oui j’ai connu. Un jour elle était là, celui d'après, elle avait disparu. C’est arrivé, c’est tout. C'est comme ça.

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