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EDC de Kmaschta

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Épidémie onirique

***
Un semblant d'éclaircie provenant de la masse grise qui sert de revêtement au ciel annoncait le petit matin, partout dans la Cité, des foyers, des brasiers jaillissaient des fenêtres des hautes tours estampillées du sigle de l'Imperium ou des logos de puissants Consortiums comme des modestes, piteuses, habitations. De la majesté du Secteur Cyrus aux bas-fonds du Nexus, des colonnes de fumées denses s'élevaient pour rejoindre le smog ; tout n'était que désolation et calamité. A croire que le Jugement Dernier avait été édicté mais pourtant la météorite n'était pas encore passée.
Aux pieds de l'immeuble administratif, pas une ombre déambulait dans les rues, Kmaschta dans sa tenue en plastique jaune avait tout le loisir d'observer l'étendu des dégâts dans un silence macabre depuis le sommet du monde. Et quel silence ! Pas un moteur, pas un cri ... Pas un bruit. Rien d'audible dans la ville qui ne dort pourtant jamais. Aujourd'hui porterait bien son nom ...
- ... Putain de « Jour Calme », marmonna-t-il entre ses dents serrées.
En sortant du gratte-ciel, il avait croisé Thor Brokers, qui lui rentrait, encore coincé dans sa combinaison de protection biologique et ininflammable, encore noire de suie et d'autres choses dont le cyborg ne voulait même pas savoir ... Il ne l'avait même pas regardé, lance-flamme à la main et le regard vide, le recteur allait sans doute prendre une douche, pour se laver de ses actes et essayer d'oublier ce qu'il avait vu. Mais au même titre que ses collègues de la DI2RCO ou de la police, comme Kmaschta, les événements de cette nuit resteraient sans doute gravés à jamais dans leur précieuse mémoire. Memento ... Comme disait l'autre. Memento.
L'heure était au débriefing. Autour de la table une vingtaine de personnalités, les traits tirés par la fatigue, étaient réunies pour conclure d'une "Réussite totale et sans tâche", c'était les mots de ComG, la Présidente du cinquième Conseil Impérial. Évidemment, sans tâche, il n'y en avait plus. La ville avait été passée au napalm ... On avait éradiqué la menace par le feu.
A y repenser, c'est toujours ainsi que l'Homme a traité ses problèmes lorsqu'il ne trouve pas de solution ...
- L'épidémie était trop avancée. C'était la seule solution.
Elle avait insisté sur le mot, comme si elle voulait marquer les esprits, mais en face d'elle ne se trouvaient que des pantins vides qui hochaient la tête, impatients de rentrer chez eux, après avoir regardé mourir des centaines de gens, immolés vifs, comme si ce n'était pas eux qui avaient appuyé sur la détente. Les rares personnes qui n'étaient pas en train de se faire cloner étaient les riches patrons qui s'étaient vaccinés, en plus du gouvernement qui cette fois n'avait pas distribué de vaccins assez tôt pour enrayer le «Faucheur», qui portait lui aussi bien son nom.
Alors la ville était muette, la journée qui s'annonçait allait être longue. Très longue.
Il fallait un jour entier pour que les clonages soient tous effectifs.
Les premiers qui eurent la force de le faire ramenaient déjà des sachets remplis de puces APM récoltées sur les quelques cadavres qui trônaient, seuls et ensanglantés, dans les rues. Ceux qui avaient eu de la chance étaient téléportés au centre avant même qu'ils n'aient eu le temps de mourir, la puce, bijoux de technologie, s'active quand elle est endommagée. D'autres, à l'inverse, agonisaient des heures couchés sur le bitume encore brûlant que les agents des STV venaient nettoyer sans se soucier d'eux.
-
C'est l'image d'un corps désarticulé et en flamme, avec un cri suraigu, qui courait vers lui dans un élan désespéré pour sauver sa peau, qu'il ne portait déjà plus sur lui, qui le réveilla en sursaut. Kmaschta mit quelques secondes à calmer sa sueur froide et à se situer dans l'espace et le temps.
Jour 6 Année 234.2 - Prison Impériale, fosse, cellule 6. Restant : 2j 10h.
De mauvaise humeur, et la main tremblante, il répondait à ses messages en jetant un oeil à ses codétenus, amis à usage unique à qui il ne s'intéresse que pour combler son ennuie.
Il n'avait toujours pas rédigé un mot sur le papier ... Pourquoi l'obligeait-on à se souvenir ?
L'ancien noble avait le privilège de se souvenir, à moins que ce ne soit une malédiction ... Il marmonnait sur sa paillasse.
- Bien heureux les ignorants.
***
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- « La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique. », Joseph Staline.

◊ Commentaires

  • L-X (1536☆) Le 13 Août 2013
    Merci...
  • ThOr~1676 (29☆) Le 13 Août 2013
    *passe par la précédé de son bruit de canne, Observe un instant puis se crispe en comprenant de quoi il s'agit. Fouille dans son veston pour poser une étoile puis reprend sa route la mine moins joviale qu'a l’accoutumée*
  • Morduch~44338 (144☆) Le 14 Novembre 2013
    On devrait les mettre de coté les articles comme celui-là. Un vrai texte d'ambiance sur DC. Like it !