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EDC de Kmaschta

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Impériale Comédie

Dans une salle immaculée, une toux rauque et humide brise le silence funèbre du Centre de Clonage.
Malgré les précautions, une partie du liquide amniotique dans lequel baignent le corps des clones s'engouffre toujours dans les poumons avec la première bouffée d'air. Charge à eux de l'extraire, par chance cette fois il n'a pas eu à le vomir.
Un court cycle est donné au cyborg pour reprendre ses esprits, s'orienter et comprendre qu'il vient d'échanger l'enveloppe qu'il possédait depuis quelques années pour une nouvelle coquille, fraîchement préparée à partir de son ADN.
Il ne faut pas plus longtemps pour qu'on le pousse vers la sortie, d'autres élus attendent pour s’échapper du purgatoire.
Dehors, à la différence de l'environnement aseptisé, le smog lui brûle les bronches. Mais ce n'est rien comparé à la douleur que lui infligent ses muscles tremblotants ; artificiellement développés ils fonctionnent pour la première fois et peinent à le tenir debout.
De sa nuque au coccyx ainsi que sur d'autres membres, de larges cicatrices lancinantes et encore rouges traversent et contrastent avec la peau blanche. Elles témoignent des "simples" opérations qui consistent à remplacer les organes que ses gènes défectueux, pourtant hérités des Premiers Nés, ne savent pas ou plus produire par des implants onéreux et bien trop lourds pour ce nouveau clone.
L'eugénisme n'étant pas aussi propre et brillant que les sourires dépeints dans la propagande impériale, chaque nouveau clonage se compare à la traversée des neuf cercles de l'Enfer.
Pour parfaire la flagellation, le cyborg se maudira pendant les quelques jours à venir, comme des centaines d'autres idiots fortunés, pour avoir eu la bonne idée de souscrire à un forfait "tatouages compris".
Une fois rentré, la colère et le dégoût lui montent à la gorge. La vue de son canapé éventré et encore souillé de son sang lui remémore le peu qu'il a pu percevoir de son assassinat: réveillé en pleine nuit, au dernier moment, par le bruit effroyable d'une arme qui l'a décapité.
La violence du souvenir le fait s'écrouler à genoux, une mort de plus dont le traumatisme le suivra toute son immortalité. Il restera prostré de longues minutes, assis contre un mur, à se demander si le cadeau d'Hujan est un don ou une malédiction.
En comparaison, le cinquante-quatrième clonage de Kmaschta s'est relativement bien passé.
Avec le temps, il a apprit à gérer le stress post-traumatique, à repousser le syndrome de Cotard, et à s'habituer à vivre dans un autre corps.
Il reprendra ses activités très rapidement, sans rien laisser paraître de ses troubles liés au clonage.
Et dans quelques jours, on l'entendra prêcher l'histoire de l'Empire et sa supériorité absolue à mener l'Humanité vers sa rédemption.

◊ Commentaires

  • Phylène (1948☆) Le 01 Avril 2018
    Super propre. Bravo.
  • Zartam (863☆) Le 02 Avril 2018
    Sale. Félicitations.
  • KorSkarn (484☆) Le 02 Avril 2018
    *

    Heureusement que c'était le canapé, pas le lit où !...
  • Manerina~6356 (1552☆) Le 02 Avril 2018
    "Pour parfaire la flagellation, le cyborg se maudira pendant les quelques jours à venir, comme des centaines d'autres idiots fortunés, pour avoir eu la bonne idée de souscrire à un forfait "tatouages compris"."
  • L-X (1536☆) Le 02 Avril 2018
    One more time... *
  • Kambei~7880 (255☆) Le 02 Avril 2018
    Elle n'est pas belle la mort vue comme ça... même si tu parles de renaissance.
    Mais le texte est d'une beauté dont tu as le secret et que j'aimerais infiniment lire plus souvent!
  • Kmaschta (234☆) Le 03 Avril 2018
    Eh non, la mort n'est pas belle, et elle a des conséquences, toujours.
    Vous me flattez, tous !
  • Laetitia~35211 (356☆) Le 04 Avril 2018
    Spèce de vieux Schnock ♥ smiley