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EDC de Khita~73431

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Mais pu...

Ψ Un vaste bout de terre, plat, désolé et abandonné.
Au dessus de cet endroit un soleil blafard peine à percer les nuages, pour mollement illuminer quelque peu ce terrain qui semble indigne d’intérêt. Comme si au final ce soleil était un peu gêné d'être là. Ou surtout aimerait être, autre part.
Sur ce territoire perdu il n'y a globalement rien, à tel point, que même la mort, disons le franchement, a une flemme terrible d'y rôder.
Mais ce n'est pas tout à fait vide. Est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
Car au milieu de tout ce "pas grand chose" qui vient d'être introduit, se trouve une petite montagne d'ordures. Voulez-vous vraiment que je vous la décrive ? Soit.
Il y a toute sorte de déchets, fumantes ou non, organiques, d'autres pas, nauséabondes pour la plus part, parfois intelligentes. Il y a là des sacs à l’abandon et par ici des choses diverses. Le tout est lentement bercé par le vent, des saletés volent, quelques unes s'accrochent à cette montagne et s'y greffent. Durablement pour certaines, contribuant à l'architecture grotesque. D'autres finissent par reprendre leur envol, on ne sait-où. Le tout sent...comme...
Bref. C'est une énorme pile d'ordures, je ne sais pas ce qu'il faut de plus pour illuminer votre imaginaire.
Et pourtant, curieusement, c'est là que notre action va se jouer.
Ψ
D'un côté une voix qui possède de particulier d'être omniprésente, remplissant l'espace de sa tonalité,
Mais d'un timbre invariable, sans souffle, prégnante,
Qui semble parfaitement maitriser son environnement.

De l'autre, une seconde,
Qui possède comme capacité innée et tendance nerveuse,
de passer à travers tout le spectre d'émotions possibles,
Tiraillée, une confusion palpable dans le timbre,
En parfaite inadéquation avec ce qui l'entoure.
«Et bien, nous y voilà.»

«Comment ça "nous y voilà" !? On est "voilà" nulle part !»

«Oh si si, sans vouloir être agréable, ouvre bien tes yeux.»

«...
Mais ce n'est quand même pas "ça" ?»

«Et tu t'attendais à quoi s'il te plait ?»

«Eh bie...»

«Continues pas cette phrase, personne t'écoute.
Bien.
Je te laisse déjà t'acclimater avec la vue.
Moi j'adore. Enfin, surtout te voir te décomposer est un délice.»

«C'est juste une montagne de...
De quoi d’ailleurs ? Rien qu'à la regarder je vais tomber malade...»

«Le plus beau, c'est que tu vas essayer de trouver l'endroit agréable.
Franchement, j'ai hâte.»

«Mais je refuse ! Je ne veux pas finir ici ! Il doit y avoir une erreur.
Je. Ne. Veux. Pas.
On va ailleurs.»

«Oui alors voilà, j'ai peut être oublié de le préciser :
Ce n'est pas toi qui décide.
Surement pas toi.
C'est une sorte de certitude dans cet univers.
On va peut être la choisir comme base pour les autres lois de l'univers, même.»

«Mais putain !!»

«Stop. Qu'est ce que c'est que ça ? On ne jure pas.
Tu le sais.»

«Pardon...
Mais..
Mais quand même, je ne vais quand même pas...
Finir là dedans ?»

«Alors je trouvais tout ça dramatiquement drôle.
Au début.
Mais je commence à trouver le temps long.
Et pourtant il n'existe même pas, là tout de suite.
Si tu pouvais te grouiller de faire le deuil de tes rêves ça m'arrangerait.»

«C'est tout ce qui me reste, mon sac troué de rêves !
Et il ne finira surement pas là dedans.»

«Je soupire, là. On entend que je soupire ? Tant pis.»

«...
Et je serais seule ?»

«Ça j'en sais foutre rien. Tu crois que ça m'intéresse ?»

«Et toi, tu sera là ?»

«En quelque sorte oui.
Mais je ferrais tout ce qui est possible pour te laisser dans un sentiment de solitude perpétuel.
Tu pourra essayer de me parler, le silence te répondra. Et derrière le silence il y aura moi.
Enfin, peut être.
Faut bien qu'on s'amuse un peu.»

«...Je ne souhaite toujours pas m'y rendre.
J'ai...je suis quand même un peu plus que...enfin ça n'a pas de sens de finir "là" !»

«Bon tu sais quoi, moi j'en ai marre, donc c'est la manière forte.
Aller, on se revoit quand ? Vers jamais et demie ? A côté du néant ? Parfait on fait comme ça !
Et surtout tu la boucle, t'es déjà assez paumée comme ça.»

«Mais pu...»

Ψ Un flot soudain, immense vague, émerge de nulle part, engloutie tout sur son passage : les voix, la pile d'ordures, le soleil sous antidépresseurs.
Le plongeon vers le lieu qu'on lui a promis, est comme de convenu, désagréable. La migraine, à peine soutenable.
Ψ
Khita ouvre péniblement ses paupières qui tressautent.
Quelque chose de terriblement froid, plus que le reste, a l'idée de s'éclater contre son crâne.
La migraine est là elle aussi, merci de vous en soucier.
La même chose encore se produit, pousse l'elfe dans un grondement à se redresser.
Un liquide glacial, ayant élu domicile sur son front, par la force de la gravité se met à couler vers ses sourcils ternes.
Khita est dans une pièce minuscule, au vu de la décoration inexistante elle n'a même pas essayé de s'approprier l'endroit.
Elle y séjourne, faut dire, depuis deux jours. Sa vie, ayant en fait la même durée.
Elle lève la tête, scrute le plafond sans comprendre.
Ses cheveux cendrées ondulent autour de sa silhouette. Ou plutôt sont-ils d'une couleur délavée, qui semblent peiner à refléter la lumière, comme si au fond, eux aussi préféraient être, mais autre part.
Soudain une nouvelle goute, faute à une tuyauterie défaillante, se détache du plafond, s'écrase dans son œil.
Sifflement d'agacement. Elle baisse aussi tôt son visage et de coller son index par dessus la paupière qui cache l'iris blafard venant de se faire agresser.
« Mais pu...»

Informations sur l'article

A long Elf journey
30 Novembre 2020
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