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Garde Pénitentiaire
Le réveil sonne, je me tortille dans mon lit, la main fouillant sous celui-ci. Je trouve ma précieuse bouteille de Mac Gregor, une gorgée et la journée peut commencer. Mes voisins sont silencieux, ils doivent dormir. Comme chaque nuit je me suis endormie tard à cause de leurs cris et leurs coups de feu. Je m'étire doucement tout en me levant et je file sous la douche, rapide et froide, pas le temps de me prélasser. Après m'être battue avec mes cheveux encore mouillés pour les coiffer, je me regarde dans la glace. Je pourrais me foutre une tonne de cosmétiques sur la tronche pour cacher les creux qui deviennent de plus en plus visible sous mes pommettes, à quoi bon? Je jette un regard sur toute la panoplie de la parfaite nana superficielle que je possède, tant de fric jeté par la fenêtre pour que dalle, je les ai jamais déballés.
Encore songeuse de tant de matériel pour faire croire que je m'intéresse à mon image, j'enfile mes fringues et me dirige vers la cuisine. La cafetière me présente son cafey encore brûlant et je verse le liquide dans un gobelet jetable en me disant qu'il faudra bientôt refaire le stock, comme depuis une heptade. Je finirai par ne plus en avoir et m'abstiendrai de caféine sûrement plusieurs matins d'affilé. Je récupère mes affaires et sort dans le couloir, veillant à bien changer le digicode, simple routine. Mes talons résonnent dans la galerie, au début ça m'agaçait, puis je m'en rends à peine compte aujourd'hui. Je quitte mon petit immeuble modeste pour atterrir dans la rue.
Le smog est encore bas, mais je vois les trois clodo autour de leur baril dans lequel ils ont fait du feu. Ils me regardent et sourient de leurs bouches édentées. Le plus vieux s'approche et s'adresse à moi. Je lui file mon cafey, c'est devenu un rituel, un matin il faudrait que je songe à lui mettre un peu de skiwi dedans, ça lui ferait sûrement plaisir. Je remplace mon gobelet bien chaud par une clope et je reprend ma route dans les rues crades où les bons jours on a de la chance de pas marcher dans un flaque de sang. Les petites racailles des bas quartiers me suivent du regard, ils doivent me prendre pour une sacrée débile avec mes deux sacs. Enfin, pour autant qu'ils puissent encore penser à quelque chose de sensé vu comment ils se défoncent toute la journée. Je sais que la moitié d'entre eux finiront en taule dans la journée pour divers faits. Heureusement je les aurai pas dans mon service de haute sécurité, ils n'existent pas pour le CDO de prestige comme ils disent.
Mon dealer m'attend au coin de la rue. Il a son petit stand de cafey qui lui sert de couverture. En bonne cliente je passe ma commande et récupère un gobelet et un petit sachet contenant des pilules roses. J'étais différente quand je vivais en Haute-Ville avec un Prétorien dans mon lit, c'est un temps que je dois oublier, cette Joey n'est plus. J'ai sombré dans tout ce que je méprisais, alcool, tabac et drogue. Je suis tentée d'avaler un cachet mais le travail m'appelle et je dois être clean pour être efficace.
J'arrive enfin à la Prison Impériale. Mon premier réflexe est d'aller voir la borne, histoire d'être bien au clair avec la situation. Vient le moment des contrôles d'identité afin de pénétrer dans le monstre. J'ai horreur de me retrouvée enfermée dans le SAS le temps que la première porte se ferme et la seconde s'ouvre. Je crois pas que cette angoisse me passera un jour mais je fous mon masque et je patiente. Les masques, ça je sais les porter, ne jamais laisser une once de fragilité transparaître c'est une des rare règle que je me suis fixée depuis mon retour ici.
Je longe les corridors tout en buvant ma boisson qui n'est plus très chaude. Le bruit de mes pas vient faire trembler les murs, pour la discrétion c'est raté. Je fais ma ronde, je vérifie les écrans de sécurités depuis lesquels je peux un peu voir dans les cellules. Comme toujours ça pionce dans un silence de mort. Je vais passer plusieurs cycles à ma balader, à tout vérifier, garder l'oeil vif. Parfois je me dis qu'on devrait frapper les barreaux pour les lever et les forcer à faire un demi cycle de footing en fosse. Ce sont des loques, difficile de croire qu'en dehors de nos murs ils puissent faire autant de merde. Même avec mes à peine 4 cycles de sommeil je suis plus réactive qu'eux. Si je savais foutre de bonnes torgnoles, ils passeraient pour des vautours boursoufflés* vu comme ils sont mous. Peut-être que les combinaisons renferment des molécules odorantes qui les rendent plus narcoleptiques.
Vers le douzième cycle je me sors de là, c'est le moment de faire une pause. En plus, les gens pensent que je vais manger et ça règle le problème des questions sur mon alimentation. On se rend pas compte à quel point les gens sont rigides sur ce que vous avalez ou non. Ça va jusqu'à créer des inquiétudes. Bientôt ils vont m'enfoncer un tube dans la gorge et me forcer à me nourrir, tant ils font une fixette sur ma santé. Ils comprennent pas que ce dont j'ai besoin se trouve pas dans la bouffe. Je retourne dans le Sud, dans mon quartier mal famé. Les putes sont de sortie et elles m'interpellent. Je leur file quelques centaines de crédit pour qu'elle puissent se fournir en dope, il leur faut au moins ça pour se vendre à certains clients. Je peux pas grand chose d'autre pour elles, alors je me contente de ça. Je retrouve mon immeuble. La voisine est sur le palier avec une dague dans la cuisse, je sais qu'elle m'attend. Son mari l'a sûrement encore surprise à le tromper mais je demande rien. On ne se parle pas, jamais, je l'aide juste à soigner ses blessures car elle ne peut ni s'offrir un médecin et encore moins un clone. Un matin je rentrerai et elle ne sera plus, cette idée ne me touche pas mais je me questionne sur ce que sera ma vie ensuite.
J'ai retrouvé mon appartement, désinfecté mes mains une dizaine de fois et surtout retrouvé mon pote Mac, toujours fidèle. Les pilules posées sur l'étagère me regardent, elle veulent me séduire. Ma journée n'est pas terminée, elles devront encore attendre un peu. Je savoure un ou deux verres d'ambré avant de m'endormir sur le canapé jusqu'à ce que le réveil m'annonce mon deuxième tour de garde à la prison. Je ne m'attarde pas dans les rues, à ce cycle il y a foule et je sais que si je m'arrête ne serait-ce qu'une cyclo seconde je vais y passer des cycles.
Retour aux divers protocoles de sécurités afin de pénétrer l'antre. La journée commence à peine chez les détenus. Je monte au mirador et je vois mes collègues qui sont déjà là à veiller ou intervenir avec les détenus. Je m'imbibe de cette ambiance qui me manque tant quand je suis pas entre ces murs. J'ai beau avoir un conjoint, de la famille, des amis, quelques boulots en extra, je vis que pour mon job. Gardienne c'est pas juste un travail, c'est une part de mon identité. On a à faire à une belle brochette de connards à qui Thallys a oublié de glisser quelques neurones, mais je les aime ces cons car ils rendent ma fin de journée moins monotone chaque jour. Puis sans eux, qui j'essaierais de guider sur la voie de la rédemption?
Le soir, on se retrouve presque tout le staff autour de nos pensionnaires, c'est là que commence vraiment le travail d'équipe. La Lady est une femme admirable, je n'ai de cesse de vouloir lui ressembler. Elle m'a tout appris et m'offre chaque jour de faire mes preuves. J'aime moyennement le terme Lady car souvent elles sont trop pimbêches, mais pas elle, c'est une vraie Lady, une femme de caractère, je pense que ce qui la définit le mieux c'est "Une main de fer dans un gant de velours". Moi je suis plutôt l'inverse mais je tends à changer, porter des masques c'est bien mais faut grandir et faire fondre le masque sur son visage. C'est souvent en soirée que le CDO est actif et nous envoie de nouveaux locataires, faut s'organiser, rester concentrés. J'aime la pression et le stress que je ressens en découvrant un nouvel inconnu dont je dois m'occuper. J'ai appris aussi qu'un incarcéré peut avoir un comportement tout autre d'une fois à l'autre. Je termine ma soirée autour de la fosse, observant l'agitation que nous seuls connaissons vraiment. Il y a ces vibrations qui vous retiennent, le monstre qui vous ligote dans le bâtiment. Je lutte contre lui chaque soir mais je dois bien me rentrer et aller me reposer pour être capable de l'affronter le lendemain.
Je ne suis pas Joey Driscoll, je ne suis pas la soeur de quelqu'un, je ne suis pas la moitié de qui que ce soit, je suis Garde Pénitentiaire et c'est tellement plus qu'une profession.
*ange
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Informations sur l'article
Tranche de vie
07 Novembre 2016
1888√
13☆
6◊
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◊ Commentaires
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Syra (870☆) Le 07 Novembre 2016
woaow si elle savait ce que Joey pense d'elle tient...
☆ pour l'ambiance, la description, tout ça, tout ça. Et surtout vraiment ravie que ce petit pion soit revenu jouer à la prison et que ça te plaise -
Joey~62360 (404☆) Le 09 Novembre 2016
@Améthyste on se sera croisées, arrivée après mon départ et partie avant mon retour
@Syra je m'amuse de plus en plus, même si Jo fait quelques bêtises
@Thokuzum ça fait plaisir de lire que ça fait plaisir de lire ça
@Charly merci, une belle aventure à venir -
Nuke~62071 (73☆) Le 09 Novembre 2016
Et même pas un p'tit mot pour nous ... * quand même. -
Joey~62360 (404☆) Le 09 Novembre 2016
@Nuke j'ai mis aux détenus avec qui j'ai l'opportunité de RP