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EDC de Jinta

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"4H13"



"Ma plume n'est ni la plus précise, ni la plus belle.
Elle n'est pas la plus colorée, mais peut-être très grisâtre.
Peu joviale, mais emplit d'émotions réelles.
Chère lecteur, je te prierais de te laisser emporter dans mes songes, dans mon monde.
Je ne te demande pas le ciel, mais quelques minutes d'échappatoire. "



Quelque part en SI -
Présence - 1
Heure - 4 Heures - 13 Minutes - 32 Secondes



Une respiration, lente. Non pas un soupire, ni-même n'importe quelle respiration. Mais, tout bonnement, celle de la femme ayant vu, ayant vécu, ayant subit, donner, et fait subir.
Est-ce la plus belle des respirations ? Loin de là.
Est-ce la plus pure, des respirations ? Du tout, au contraire.
Mais, serait-ce la respiration, venant de son âme elle-même, comme chacun de ses actes, jusque-là..?
A n'en pas douter, c'est une vérité indéniable.
Une tige de nicotine, venant se loger au coin de ses lèvres asséchées.
L'alcool, et la drogue ayant fait leurs offices, chacun de ses gestes répétés, étaient prémédités.
La fumée venait emplir ses poumons, la brûlant de l'intérieur. Chargeant son sang de toutes sortes de substances nocives.
Pour, surplomber le tout, pour allier à cette combinaison parfaite, une bonne dose de regrets, et d'amertume.
La gorge sèche, le regard affaissé, les cernes traduisaient une fatigue certaine, réelle.
Comme chacun de ses actes, jusque-là, tout était prémédité, vu à l'avance.
Sa bouteille pendait, au bout de ses doigts. Pour finalement, la laisser larguée, à même le sol.
Un simple tintement métallique, preuve d'une fissure certaine sur le verre se fit entendre.



Quelque part en SI -
Présence - 1
Heure - 04 Heures - 25 Minutes - 54 Secondes



Les yeux à peine ouverts, elle observait la ville, assise, depuis son balcon.
Son regard, trahissant son vécu, son amertume même par rapport à la vie, à ses choix, parcourait les bâtiments.
Les façades grisâtres, de béton armé, les fenêtres closes, les néons scintillants, vacillants, de la ville lui abîmaient la rétine.


Finalement, lasse de ce spectacle, la femme ferma les yeux. Dans un énième souffle, transportant le poids d'une vie en lui. Elle mena, d'un geste ample, lent, et calculé sa main vers son buste. Effleurant le cuir de sa veste, pour finalement caresser sa gorge, de la douce pulpe de ses doigts.


Pourquoi n'est-elle pas sortie.. Ces gens sont.. Différents.. Je la regrette. Je regrette ma soeur.
Je regrette mes choix, mes décisions.


Quelque part en SI -
Présence - 1
Heure - 04 Heures - 42 Minutes - 35 Secondes



Les façades de bétons continuaient de lui jouer des tours. De l'appeler, tandis qu'elle restait là.
Accoudée à cette rambarde fragile, la retenant d'une chute mortel d'un gratte-ciel. Ses mains s'entre-mêlaient, se triturant, jusqu'à s'en faire saigner, ses ongles écorchant sa fine peau.
Ils se sont tous tournés, de moi. L'un après l'autre, ils sont partis. Rumeurs, complots, trahisons, influences.. Tant de raisons. Mais, je te le disais, Père. Elle disait, que j'allais devenir un nuisible.
Est-ce si ironique, que les habitants de cette ville, m'ait faite devenir ainsi ?
Père. Je ne comprendrais jamais, pourquoi elle est partie, et ne reviendra jamais.
Je ne comprendrais jamais, pourquoi j'ai abandonné ma soeur, alors que.. La personne que j'ai suivis, ne reviendra jamais.
Père. Je les détestes. Moi aussi. Je ne suis pas différente. Décrire mes sentiments reste si dur. Si.. Compliqué..
.. Je n'aurais jamais le courage de leur dire en face.


Quelque part en SI -
Présence - 1
Heure - 05 Heures - 06 Minutes - 08 Secondes



Un faible soupir, un énième soupir, s'extirpa de ses lèvres tailladées par le froid morbide du smog. Ses phalanges craquaient, sous la pression de ses mains entre-elles. Son regard vacillait, changeant de cible, incertain et déstabilisé.


Ai-je toujours été.. Qu'un choix de plus, la deuxième de chaque liste, à défaut d'avoir la première place..?
Est-ce, pour ça que.. Je l'ai abandonnée, là-bas ? Par égoïsme, par peur de souffrir, de la voir s'allier à tes ennemis, même si leurs intérêts étaient bénéfiques à sa cause ?
Je n'arrive pas à savoir. Je n'arrive pas à mettre les mots, ni le doigt sur ce qu'il faut. C'est donc.. Ainsi.
La seule, qui.. N'était pas éphémère. J'avais peur d'être deuxième. D'être seule, pendant qu'elle s'en aille avant moi.
C'est donc cela.. La vraie peur. La vraie tristesse. Et, la rage.
Tu sais, Père, je rêve encore de l'innocence que j'avais, jeune. Lorsqu'on m'accusait, alors que mon ancienneté ne tenait quà quelques jours en ville.
Cette époque-la était belle. Elle n'était pas parée de murs de bétons, de communicateur silencieux, et de draps froids.
Cette époque est regrettable. Et.. Je la connaissais, en leurs compagnie, à toute deux.
Pourtant, il n'en reste qu'une. Elle m'en veut, c'est sans doute ça, le pire. Jamais je ne saurais comment lui expliquer.
Jamais je n'oserais lui dévoiler mes faiblesses, et ma seule peur. Mon cauchemar.
Et.. C'est ainsi. Je l'ai perdue, elle aussi. Même si je l'aime, encore. Elle est de l'autre côté.
Tandis que.. Celle dont tu te méfiais, restes froide, gelée. Et, avant tout, loin de moi aussi. Prévisible.


Son regard, lourd se ferma. Le temps de quelques minutes, le temps de faire le point, de réfléchir, de sombrer, de tanguer. Les idées fusaient, les sentiments, les regrets, les souvenirs. Les larmes montaient, mais ne coulaient pas. Elle était trop fière, cette fois-ci, pour laisser une fois de plus cette tristesse l'envahir trop lentement, la ronger amèrement de l'intérieur. Elle était trop fière, pour admettre, à l'époque. Pour reconnaître les vrais alliés, des faux. Les menteurs, des vérités. Les vrais proches, des profiteurs..



Quelque part en SI -
Présence - 0
Heure - 05 Heures - 27 Minutes - 41 Secondes



Des draps blancs maculés de sang.
Des murs abîmés, par les objets jetés contre. Piètre, et triste scène d'une rage sans précédent envers sa propre personne.
Des cheveux d'albâtres, sur le sol, éparpillées. Des gouttelettes salées, jonchant le carrelage.
Finalement, triste schéma, d'une réalité intérieure, de regrets enfouis, d'une soeur abandonnée, d'une aimée perdue et gelée, et.. D'une amie, au cœur d'or, bien trop peu égoïste.



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