EDC de Jayzabelle~70193

J’observe la robe magnifique qui dort sur le cintre. Tess s’est surpassée cette fois ! Et dire que dans quelques cycles, je la porterais fièrement pour cet événement. Qui aurait pu croire que j’allais me marier… Moi, Jayzabelle ! Que je serais réellement cette Madame Arnbjörn dont il passe son temps à m’appeler. Par deux fois par le passé j’avais osé rêvasser d’un tel instant, d’une telle complicité avec une personne. Et par deux fois, j’en avais été amèrement déçue. Finalement, avec le recul, heureusement ! C’est que je n’avais pas trouvé l’homme qu’il fallait diraient certains. Mais si lui aussi n’était pas le bon et que j’étais à faire une grave erreur ? Après tout, à cette époque, autant avec Q que K, j’étais persuadée d’avoir trouvé le grand amour…. Les doutes m’envahissent soudainement. Les cycles s’écoulent, il sera bientôt trop tard et il n’y aura aucun recul possible. Le mariage pour moi est quelque chose de très important que je ne prends pas à la légère. Celui-là a été grandement préparé avec soin et depuis près de deux ans maintenant que tout ce coordonne pour faire de ce moment, LE moment !

Je cherche la chaîne de destinée cette fois. Je veux trouver mon overboard qui me permettra de flotter dans ce bonheur auquel j’aspire. Les doutes me donnent la migraine et ma main se pose sur le livre qui hante mes cuisses et dont j’observais juste avant le tissu rose magnifique de la tenue parfaite. Notre volume, à nous. Un des tous premiers cadeaux que j’ai offert à Uls. Dedans réside notre histoire mais, nos pensées, nos taquineries, nos envies au fil des années. Que ce soit l’histoire de notre premier verre, ou l’échange de notre premier baiser, le faux contrat de mariage ou LA demande qu’il avait fait, tout s’y trouve. Et à chaque événement marquant, des pages sont noircies de notre amour qui ne cesse de grandir. Cela me remémore à quel point nos sentiments sont justes et sincères. Que peu importe qui passe dans notre vie l’espace d’un sourire ou d’une conversation, personne n’arrive à s’immiscer entre nous. C’est fort, c’est intense, c’est nous. Je ressens cette chaleur. Je ferme les yeux, sent presque son souffle contre ma nuque en cet instant. Toujours là, derrière moi à veiller que je ne m’écarte pas du chemin que nous traçons ensemble. Tout comme lui peut toujours sentir ma main glisser dans la sienne à chaque fois qu’il sombre dans l’incertitude. Est-ce ça finalement l’amour ? Même quand la personne n’est pas présente physiquement, elle ne nous quitte jamais ?

Personne n’avait réussi jusqu’à ce jour à me faire croire à un tel abandon et pourtant j’en avais chéri l’idée. Il n’y a plus de Jayzabelle sans Ulsgühr. Il est devenu mon guide, mon Tout. Avec lui je me sens en sécurité, plus forte et plus téméraire. Cela me fait sourire. Il n’a pas apporté que des bons côtés. Certains oseraient prétendre qu’il a mauvaise influence sur moi-même à l’occasion. Étrangement, depuis quelques années, quand on titille j’ai tendance à répondre, ce que je ne faisais pas trop avant, signe de la grande gueule du nain qui ne sait pas se taire ! Cela m’attire parfois quelques ennuis, comme lui, mais mes propos n’en sont pas pour autant moins justes, seulement moins silencieux ! Finalement, je préfère dire que nous nous sommes bien trouvés, que l’un complète l’autre. J’arrive à le faire plus réfléchir et lui, arrive à ne plus me laisser marcher sur les pieds. C’est le début d’une osmose qui nous reflète assez bien.

Je devrais dormir. La journée sera chargée en émotion sans aucun doute. Je peine à trouver le sommeil. Peut-être devrais-je contacter Nitripi, qui me sermonnera parce que je vais avoir des cernes et il en profitera pour se moquer de moi cette saloperie d’outri ! Je dépose le bouquin sur la table de chevet et me glisse sous les draps. Mon regard se porte sur le plafond. Demain nous ne partagerons plus ce petit appartement non plus. Tant de chose vont changer si soudainement bien qu’avec consentement. Et tout ceci a été déclenché par un mot lors d’une expédition. Jamais à cette époque j’aurais cru pouvoir changer mon existence en offrant simplement des inquiétudes à un absent. Tout se place comme il devrait l’être. La vie est un puzzle bien complexe mais parfaitement bien emboité. J’ai enfin trouvé l’image que je souhaite être. A ces côtés.

C’est rassurée quelque part que je clos enfin mes paupières. Mes doutes s’évanouissent dans cette acceptation. Des mots qu’ils se sont si longtemps refusés et pourtant aujourd’hui sont ancrés dans leurs cœurs : Pour toujours et à jamais !