EDC de Iphae~67630

C’est quand vous pensez avoir tout perdu et que vous ne voyez plus aucune issue que ça vous frappe.
« Comment j’en suis arrivé là ? Pourquoi moi ? ».

Bien qu’elles n’engagent véritablement que ceux qui les avalent, les promesses sont faites pour être tenues. Mais aucune âme sur cette foutue terre ne peut se vanter d’être irréprochable. Les erreurs paraissent s’épanouir comme le smog dans vos poumons, certaines sont assassines, d’autres vous ouvrent les yeux.

J’ai bien trop souvent pensé à fuir, à m’éloigner de toutes ces histoires et leur épargner plus de souffrances injustifiées. J’en avais conscience : j’étais l’origine de nombreux maux et rien ne semblait pouvoir les arrêter. Mais il a fallu que tu t’évanouisses, hein ? Il a fallu que je t’aie un instant, sans vie, dans mes bras, pour définitivement plonger, pas vrai ? C’est à ce moment précis, après avoir couru et hurlé comme un dégénéré dans toutes les rues côté ouest, portant ton corps mourant à bout de bras, le visage meurtri par le désespoir et suppliant pour je-ne-sais quelle intervention miraculeuse, que j’ai su.

Je m’effondre, sans plus de force. L’apparition d’une silhouette familière, pourfendeuse des ténèbres accourant pour m’apporter une aide inespérée, se penche et me pousse à engager mes dernières ressources dans un acte désespéré.

1…2…3…4…5… Combat effréné contre la mort qui rythme sa faux aux coulées de mes larmes, chutant sur ta poitrine inanimée. Je ne baisserai pas les bras. Je ne t’abandonnerai pas. Pas toi.

1…2…3…4... « Continue ! Ne t’arrête pas ! », me souffle la troll par-dessus mon épaule, la seule présente depuis le début pour m’accompagner. Je ne la laisserai pas, compte sur moi. Elle vivra, comme au premier jour, comme à notre rencontre chez toi.

1…2…3… La pluie s’abat, le climat s’agite, le temps joue contre moi et mes efforts sont vains. Garde espoir… Rien ne t’arrachera à moi… Non, rien…

1…2… Prend ma vie ! Cette chienne qui n’a le mérite que d’aimer ! Mais cesse tes assauts contre la sienne… Elle doit vivre… Même si je dois en mourir…

1… Je t’en supplie… Ne me quitte pas… Mon amour…

Le silence survient. Plus rien. L’écho de mes cris vient tordre l’accalmie, à l’image de mon cœur fracturé par la vison de cette scène qui s’offre provocatrice à tous égards. Le traumatisme s’ancre, chaque sensation reviendra me hanter, je le sais. Plus rien ne sera comme avant, je me repasserais cet instant, encore et encore. À en perdre le sommeil. Sans elle à mes côtés…

… Son pouls s’agite pour me contredire, en partie. L’éphémère malheur semblable à une éternité s’entrechoque à la joie d’entendre son souffle à nouveau. La culpabilité n’en est pas moins intense à l’arrivée de « sa famille », prenant le relais. Je terminerais cette terrible nuit seul, à ressasser les pensées les plus noires, mais le regard désormais porté vers un avenir au ciel dégagé.

C’est une renaissance, pour nous deux.