EDC de Henonn

Il était une fois, dans les profonds souterrains d'une ville abandonnée par les dieux, un pauvre petit homme du nom d'Erik. Erik travaillait tous les jours dans les souterrains pour récolter les poussières de farins qui tombaient sur le sol et les vendre aux petits marchands du coin, il en récoltait quelques piécettes avec lesquelles il pouvait acheter quelque peu de nourriture qu'il donnait à manger à sa pauvre mère malade qu'il aimait avec tendresse.

Un jour, sur son chemin, il rencontra trois brigands. Börg le plus grand d'entre eux, aux bras aussi épais que des cuisses de taureau et à l'œil unique plein de vices se pencha vers le jeune garçon et de sa voix bourrue et grave il dit

-Regardez ce grand garçon qui apporte de la poussière de farins au marchand pour acheter un peu à manger, quel courage de braver les dangers souterrains, comme ta poitrine doit te faire mal de respirer les micropoussières tranchantes et les monstres carnassiers. J'ai pitié de toi et je vais te donner un secret, je connais la cachette d'un magnifique cristal farins, si tu le vends aux marchands tu pourras acheter des médecines pour ta pauvre maman qui tousse dans son lit.

Erik était un jeune homme plein de vertus, mais la sagesse n'était pas de celle-là et sa naïveté n'avait d'égal que sa gentillesse. Les trois compères menèrent alors le petit homme vers un passage étroit qui descendait dans une fosse, et au fond de cette fosse se trouvait un trésor brillant de mille feux, un cristal farins au reflet arc-en-ciel qui changeait de couleur en fonction de la direction de la lumière. A l'intérieur, on pouvait voir une toute petite créature féminine aux ailes de mouche. Les trois bandits firent descendre le petit homme dans le trou. Alors qu'Erik s’approchait, il entendit Le Cristal chanter :

~viens, prends-moi contre ton cœur
~Les cristaux brillent de toute couleur

Mais quand il remonta pour donner le cristal farins, les mains qui l'attrapent ne furent pas amicales.

-Merci mon enfant, grâce à toi je vais devenir riche, doublement, d'abord, je vendrais cet artefact et ensuite je te vendrais toi. La jeune chair vaut de l'or dans les mines. Si tu as de la chance, tu finiras même comme le valet d'une vieille dame fortunée.

Le plus grand des voleurs jette alors le pauvre garçon dans une cage si petite qu'il ne peut se mettre qu'en boule. Et le voilà transporté dans les boyaux les plus profonds du souterrain. Au détour d'un chemin le groupe se repose et, autour d'un feu de camp, font un festin. N'en laissant pas une miette pour l'affamé dans sa toute petite cage. Les rires gras des trois menteurs emplissent les ombres formées par le feu alors que Börg observe ce cristal farins à la fois blanc, violet et bleu. Cristal dont le cœur semble renfermer une toute petite femme assoupie.

Erik est petit, mais Erik est malin, il attend que tous s'endorment pour crocheter la serrure. Il sort de sa petite cage et s'apprête à s'enfuir dans les souterrains quand il entend une petite voix fluette qui lui chante.

~Viens, prends-moi contre ton cœur
~Les cristaux brillent de toute couleur
~Les fées sont là pour soigner les maux

Alors Erik regarde le cristal qui brille de mille feux. Les braises encore chaudes lui donnent une couleur ocre et rouge. Il le prend dans son sac et s'enfuit à toutes jambes entre les cristaux des routes sans soleil. Mais le labyrinthe de lumière ne lui offre pas le salut et il se perd entre les colonnes sombres. Les trois brigands connaissent le terrain et aucune avance que le jeune garçon pu prendre ne fut jamais suffisante, ils le rattraperont, il le sait, car il entend déjà leurs cris de rage d'avoir perdu le précieux trésor. Alors il s'assoit contre un Cristal farins géant aussi blanc que le soleil, et il attend qu'ils le trouvent. Ses jambes lui font mal d'avoir couru et la poussière lui déchire les poumons. Il entend alors à nouveau le chant du cristal.

~Viens, prends-moi contre ton cœur
~Les cristaux brillent de toute couleur
~Les fées sont là pour soigner les maux
~Approche-toi, je vais te conter les secrets des cristaux

Et Erik écouta la fée.

Le plus petit des voleurs s'appelait Dyhno, il avait un œil plus gros que l'autre et de l'embonpoint, il regarda à travers un cristal et se trouva fort beau. De l'autre côté du cristal farins géant, et grâce aux propriétés de celui-ci, Erik regardait Dyhno, le trouvant laid. A l'aide d'une barre de fer, il fit alors levier sous le cristal qui écrasa le bandit, son crâne se brisant dans un lugubre craquement d’os.

Le plus fin des bandits n'avait pas de nom. On l'appelait "l'allumette". Ce qui ne faisait pas beaucoup rire le malfrat qui n'aimait pas rire de toute façon. Il chercha le garçon, soulevant les cailloux comme s'il cherchait une pièce de monnaie perdue. Soudain, le jeune homme se fit devant lui. Sans se soucier de rien le voleur se jette sur celui-ci pour l'attraper. Erik souffle alors dans son visage une grosse poignée de poussière de farins. La poussière s'infiltre dans ses poumons et les micro molécules coupantes comme du verre déchirant la trachée, les bronches puis les alvéoles du maigre malandrin. Son organe respiratoire se remplit alors de sang pendant que ses yeux se crèvent, les petits cristaux réduisent en lambeaux la vision de "l'allumette".

Le garçon fuit, ses jambes le brûlent, son souffle est court. Une main lui attrape le cou. Le monstre est face à lui, Börg le malfaisant. Son œil unique regardant avec colère le petit homme qui tient à bout de bras. Il lui serre le cou. Erik entend alors à nouveau le son du cristal qui lui chante.

~Viens, prends-moi contre ton cœur
~Les cristaux brillent de toute couleur
~Les fées sont là pour soigner les maux
~Approche-toi, je vais te conter les secrets des cristaux
~Serre-moi contre ton cœur, sois fort.

Et Erik serra le cristal contre son cœur. Les mains de Börg commencèrent alors à se couvrir d'une fine couche de cristal, une cristallogenèse s'opérait devant ses yeux, il lâcha le jeune garçon alors que sa peau tout entière se recouvrait de cette pellicule bleutée. Le cristal s'enfonçait sous sa peau la perçant et rigidifiant d'abords ses membres puis tout son corps, le transformant en statue vivante, figé dans un hurlement de peur qu’on peut encore entendre se répercuter dans les boyaux des souterrains tel un écho.

Désormais Erik n'était plus perdu. La pierre lui guidait le chemin, les cristaux farins géants lui montraient la direction et il retrouva rapidement la ville. Il se précipita voir sa maman. Il trouva un lit vide de vie. Sa maman était la couchée, les yeux fermés qui ne se rouvrirait plus jamais. Sans son garçon pour la nourrir et croyant qu'il ne reviendrait pas, elle s'était laissé dépérir. Son dernier souffle tomba dans les oreilles d'Erik qui tombât à genoux. Il entendit alors, pour la dernière fois de sa vie. Le cristal chantait.

~Viens, prends moi contre ton cœur
~Les cristaux brillent de toute couleur
~Les fées sont là pour soigner les maux
~Approche-toi, je vais te conter les secret des cristaux
~Serre-moi contre ton cœur, soit fort.
~Les bons garçons sont des garçons morts

Personne ne revit jamais le garçon, mais on parle maintenant en ville d'un démon aux cornes de cristal farins rouge et qui a la place du cœur un Cristal noir comme les ténèbres ou l'on peut voir une petite fille sourire, ensommeillée dans un rêve agréable

Un démon pour une ville sans dieux.