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EDC de Halinna

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Bona Fide

"Celui qui peut créer dédaigne de détruire"
Alphonse de Lamartine
Un murmure, un souffle, un sourire.
Quelle étrangeté sonore que celle de sa propre voix. Celui qui ne s'est tu des semaines durant ne saurait en admirer la mélopée sans vanité. Bruissement rocailleux, elle retrouve ses harmonies, sa tonalité, en quelques mots étouffés au fond de la gorge. Ce filet vocal si ténu libère l'âme d'un douloureux silence. Et voici que l'on craint de blesser son oreille d'un mot trop fort après tant de journées à ne parler que de ses mains...
Un poing levé, on s'accroupit dans la flore, on échange un regard, on guette. Une direction, trois signes de main, une détonation silencieuse, quelques spores qui virevoltent au bruit sourd d'une chute puis le cheminement reprend jusqu'au prochain concert de signes silencieux.
Enfer végétal muet dans lequel le moindre bruit révèle un diable. Combien de fois peut vous y prendre l'envie de crier à plein poumon, de hurler de rage, d'espoir et de désespoir, de vie tout simplement. Si les larmes emportent dans leurs roulements les accès de détresse, rien ne comble la fureur d'un cri, rien que le couteau que l'on plante dans le fongus le plus proche expulsant sa rage dans quelques taillades violentes.
Mais finalement sa propre voix, voilà presque qu'elle nous surprend jusque là enfermée dans nos poumons, en tout cas elle nous émeut....

Onirique invitation...
Magie des mots, ivresse d'un éclat joyeux et voilà que loin des dangers elle riait, renaissante.
Bleu le ruban... je le veux bleu impérial.
Elle sourit, pas de ces esquisses de cour que l'on offre par politesse, mais avec tout la liberté de l'intime. L'instant d'après, voici que consciencieusement elle glisse d'une main experte la soierie bleutée à travers le flot incandescent de sa chevelure. Le torrent enflammé voit finalement ses vagues domptées. Elle en apprécie l'augure dans le miroir puis acquiesce. L'heure avance, inexorable et suspendue dans un songe.
Le bal va commencer...
Elle en termine, fulgurance imaginaire, déjà la voici à travers les couloirs. Les bruits de la soirée, coupes de champkro entrechoquées et rires lui parviennent en écho d'une lointaine salle. Cependant, voilà qu'au devant d'elle se présente le choix sinistre, de sa sordide chasuble vêtu. Il garde les clefs et connaît les lieux, sphinx onirique d'une pensée libérée des contingences de la chair. Nul doute, qu'il le sait en observant ses atours, elle est l'une convive.
D'un geste silencieux et théâtral, il désigne les portes qui desservent l'antichambre. Cérémoniel, plus protocolaire que mystérieux, il en connaît la réponse avant même d'énoncer sa question, simple réitération d'une foi qui aspire à la pureté.
Voici Lady, ces trois chemins mènent à la fête.
Il sourit, carnassier. Quoique convenue, il sait piquer son intérêt de cette emphase. Il poursuit son énoncé, nommant chaque issue.
Amour, droiture et crainte.
Faites preuve de largesse, vous serez aimée en retour, utilisez votre pouvoir au profit de votre entourage. Vous serez populaire, aimée, et trouverez là des soutiens.
Faites preuve d'autorité, vous serez crainte en retour. Affirmez votre pouvoir, il existe pour être utilisé sans réserve, brisez tout ceux qui vous contestent et personne n'osera vous défier.
Je ne vois que deux portes, et aucune différence entre celles que vous m'exposez.
Elle sourit puis repousse dédaigneusement l'exposé.
C'est tellement enfantin... Le choix de la droiture ou celui de la perdition.
Abuser de mon pouvoir pour soutenir indûment des proches, népotisme.
Abuser de mon pouvoir dans mon seul intérêt, forfaiture.
Il n'existe qu'une porte pour un serviteur d'Imperator, celle de la droiture. Comme l'Empire, ses serviteurs ne doivent pas chercher à être craints, ni à être aimés. Il leur suffit d'être justes et droits. Ils seront alors craints de l'injuste et respecté de l'honnête Civis.
Il y a bien des années j'évoquais cela sous les ors du conseil de la noblesse... Si il ne devrait y en avoir qu'une, il existe deux noblesses. Celle qui sert l'Empire et celle qui se sert de l'Empire. Celle qui fait valoir ses droits et celle qui accomplit ses devoirs. Celle qui voit le pouvoir comme une possession, celle qui le voit comme un moyen d'agir. Les uns ne renonceront pas à la moindre parcelle de leurs possessions, les autres savent que le devoir qui leur incombe est parfois d'aller contre leurs propres intérêts... Finalement par bien des aspects, il y a la noblesse et le titre de noblesse. Cela ne devrait pas être, mais cela est cependant.
Tout ceci est tellement évident...
Elle secoue la tête. Puis, ignorante du gardien, avance droit au devant de l’austère porte.
Pas pour tout le monde Lady Louvenuit, pas pour tout le monde... L'évidence de votre dévotion n'est pas partagée par tous.
Le sévère vantail s'ouvre sur couloir sombre, à peine éclairé, une modeste lueur blafarde le dispute à une obscurité oppressante.
Vous serez détestée pour votre austérité par ceux qui offrent sans compter. Vous serez une menace à éliminer pour ceux qui veulent jouir sans limite de leur pouvoir. Vous serez traitée plus mal qu'une criminelle. Votre seule récompense sera... ...votre perte.
Elle s'arrête un instant puis baisse la tête, un frisson la parcourt tandis que le funeste présage meurtrit son cœur.
Je sais... Mais l'honneur et le devoir commandent.
Ubi est, mors, victoria tua ? Vous mourrez Lady, ni l'honneur ni le devoir ne réchauffent les cadavres.
Elle reprend sa marche.
Potius mori quam foedari.
Non en effet... ni l'honneur ni le devoir ne réchauffent les cadavres, mais ils réchauffent mon âme.... Quant à moi je suis déjà morte, j'ai cessé d'être Lady le jour où les Codex n'eurent plus aucun sens. Le jour où l'Empire cessa d'être un idéal pour n'être plus qu'un simple décorum. Je vois, je témoigne, Imperator jugera.
Quelques pas encore puis tandis que le manteau de l'ombre l'enveloppe doucement de ses mystères, elle se tourne à demi et observe l'intangible et immuable créature par dessus son épaule.
Esprit, inutile de m'interroger sur de telles évidences comme on éprouverait une jeune aspirante. Mon action, mes engagements et ma dévotion à l'Empire en disent plus que mes paroles sur mes convictions, tu le sais mieux que quiconque. Je ne suis certes pas sans reproche, mais je doute qu'une personne saine d'esprit puisse m'accuser d'avoir jamais voulu de quelque manière nuire à l'Empire.
Dulce et decorum est pro patria mori.
Mais c'est assez, laisse moi vivre et aimer, mes devoirs et mes ennuis me retrouveront bien assez vite. Je veux pour ce soir me distraire et aimer. Il plaît à mon cœur des pensées plus joyeuses.
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Écrits qui datent de quelques temps déjà... ils ont le mérite d'exister alors pourquoi les garder cachés ? Suit ou devance

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