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EDC de Flèche

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Idée fixe

Avez-vous déjà été si excité par une idée qu’il en était impossible de vous rendormir ?
Cette nuit là, Flèche dormait profondément. Installée dans les bras de son vautour, elle profitait d’un repos digne d’un oisillon, insouciante et confiante. La douce chaleur de ce corps contre le sien, les battements très rapides de son cœur de plumé sous son oreille, ses bras qui se resserraient régulièrement autour d’elle comme un nid douillet, ainsi que son souffle tiède dans ses cheveux lui offraient la sécurité qui lui avait manquée auparavant sans qu’elle n’en soit consciente.
Depuis son réveil il y a quelques semaines, elle n’avait jamais si bien dormi que depuis qu’elle habitait avec lui. Le silence de son appartement laissait le champ libre à ses angoisses et ses réflexions incessantes. Klëpp lui avait demandé un jour s’il lui arrivait parfois de s'allonger en ne pensant à rien, la vérité était qu’elle n’avait plus connu le silence intérieur depuis qu’on l’avait sortie de la cuve.
Plic
La vautour remua légèrement en exhalant un soupir. Elle crispa ses doigts dans le dos de son plumé écarlate et entrouvrit les yeux. L’appartement était encore plongé dans la pénombre. Le smog ne laissait de toutes façons pas correctement passer la lumière, mais il était visiblement encore tôt. Elle referma les paupières, décidée à replonger dans le sommeil.
Plic
Flèche fronça les sourcils et enfouit le visage dans le cou de Chlore. Si on ignorait suffisamment un bruit agaçant, le cerv…
Plic
Le cerveau réussissait à l’oblitérer. Non ?
Plic
Elle grogna doucement et s’extirpa délicatement de la douce étreinte. Assise au bord du lit, elle tendait l’oreille pour identifier la provenance du bruit. L’ouïe des vautours présentait l’inconvénient majeur de tout amplifier, notamment les cris des orcs et des trolls qu’ils fréquentaient très assidûment - même Mady s’y mettait depuis qu’elle avait embrassé la nature de troll. Mais lui retirer ce sens sur-développé serait comme la priver d’ailes. Oh…une minute…
Plic
La plumée tourna brusquement la tête à droite et fila sans bruit vers la petite salle de bain à l’est fermer ce robinet qu'elle avait mollement arrêté la veille.
Bien qu'en pleine forme, elle allait rejoindre son cher et tendre lorsque les coins de sa bouche s’étirèrent en un sourire espiègle.
À pas de loup, elle se rendit au salon et se retrouva, avant même de le réaliser, une main caressant la table de réparation.
Oui, elle avait des obsessions étranges la petite vaut’. Mais depuis qu’elle avait visité l’appartement de Klëpp elle savait ne pas être la seule et s’en sentait réconfortée.
Moins « drôle d’oiseau ».
Moins orpheline.
Elle secoua la tête et fit quelques pas pour se laisser tomber dans le canapé. Pas n’importe lequel. Celui qui avait vue sur ladite table. Là, deck en main, elle reprit son entraînement. Elle enchaînait les commandes et ponctuait son travail de petits coups d’oeils gourmands au-dessus de l’appareil, frottant inconsciemment la pulpe de ses doigts contre son pouce.
D’accord, d’accord !
Flèche capitula – un peu facilement sans doute – et se rendit à la cuisine. Une canette de glukoz’ à la main, elle vint s’asseoir devant la table et sortit un pisto de son sac. Elle en gardait toujours un à réparer sur elle. Petit à petit ses compétences grimpaient, doucement mais sûrement, pour certaines choses elle savait se montrer patiente.
Une lampée de soda puis la canette fut posée sur le sol, hors de question de risquer d’endommager l’autel de l’ingénierie. Les lampes allumées, la vaut’ aligna les outils à portée de main, posa son deck à côté et plaça le pistobilles au centre. Mains qui se frottent, petite gymnastique des doigts pour les délier puis elle saisit un tournevis.
Un petit coup d’œil jeté au deck, regard qui s’attarde un peu, tête qui se secoue, paupières fermées, avant que les yeux ne rejoignent l’arme d’entraînement. Elle plaça l’outil dans la première tête de vis…avant que ses yeux ne reviennent s'aimanter au Silmerion.
Raaaaah…
Immobile, une main sur le pisto, l'autre sur le tournevis, un combat intérieur faisait rage entre son impatience et sa raison. Son coach en ingénierie lui avait dit qu’elle abîmerait de toutes façons ses decks le temps d’arriver à ses pleines capacités. Inéluctable. Elle reculait cependant ce moment pour leur causer le moins de dégâts possible.
Hhuuuummmmmppppffff !
Le tournevis fut reposé, et le deck vint remplacer le pisto, repoussé plus loin. Un large sourire s’épanouit sur son visage tandis que ses incisives attrapaient sa lèvre inférieure. Elle résistait depuis des jours, repoussant sans cesse l’idée au fond de son esprit, l’ensevelissant sous d’autres projets pour patienter, mais cette nuit elle le sentait, le moment était venu.
Bon, pour être totalement honnête elle sentait qu’elle faisait une bêtise mais qu’elle n’avait plus envie d’y résister.
Elle dévissa rapidement les différentes fixations du Silmerion, dressant les vis sur leur tête, bien alignées, puis saisit enfin le couvercle et le souleva en retenant son souffle. Émerveillée, elle découvrit enfin les entrailles de la bête. On lui aurait révélé l’origine de la vie qu’elle n’en aurait pas eu la mâchoire plus basse…toutes proportions gardées.
Elle resta un moment à admirer le cerveau de ce qui était devenu une extension – amovible – de son corps. D’une conception propre et nette, circuit imprimé et composants miniatures, c’était d’une beauté qui lui coupait le souffle.
Oui, étrange, je vous avais prévenus.
Le processeur du deck montrait des signes de surchauffe. À croire qu’elle enchaînait parfois frénétiquement les commandes jusqu’à faire céder l’appareil. Ça n'était pourtant pas du tout le genre des vautours. Elle l’aimait autant qu'elle le malmenait, addiction galopante. Elle qui avait autrefois traité Chlore d’esclave de ses appareils n’avait aujourd’hui plus rien à dire à ce sujet.
Elle sortit le cerveau sur la table et dessouda soigneusement le composant fatigué. Parmi le matériel qu’il avait pris soin de mettre à sa disposition, elle piocha le jumeau flambant neuf – eux aussi avaient des clones – et inséra ses broches avant de chauffer connecteurs et fil d’étain.
Finalement, pas si difficile une fois qu'on avait des connaissances en électronique.
Merde…
Lèvres pincées, Flèche contemplait la goutte d’étain qui reliait deux branches du circuit supposées faire leur vie séparément. Ça n'était pas censé se passer comme ça.
Elle chauffa le tout avant d’aspirer la matière, griffant au passage l’une des connexions. Par chance, elle n’était pas totalement interrompue.
Les mains désormais si moites qu’elle aurait, dans un passé lointain, pu travailler au service postal à coller des timbres, elle essuya ses paumes sur ses cuisses et souffla, le ventre noué. Elle se voyait déjà sonner piteusement chez Klëpp le lendemain matin avec dans les mains le deck éventré. Rien qu’une honte supplémentaire, mais tout de même, son estime d’elle-même en prendrait un coup.
Les mains à plat sur la table, elle inspira à fond et souffla lentement les yeux fermés, comme au lancer de haches contre Silius lorsqu'il lui murmurait des insanités. Lorsqu'un semblant de calme fit son retour, elle ouvrit les yeux et reprit ses outils. Mains légèrement tremblantes, elle recommença patiemment ses soudures, broche après broche, proprement.
Un autre composant aurait mérité un remplacement mais pour l’heure, elle s’arrêterait là pour limiter la casse. Les pistobilles allaient devoir souffrir encore sous ses mains habiles mais pas encore expertes, elle utiliserait d'autres decks en attendant. Le capot fut refermé et les vis retrouvèrent leur place l'une après l’autre.
Anxieuse, Flèche retourna le brassard pour l’allumer.
Flèche@matrice :
Ouf !
Gros soupir de soulagement, il fonctionnait encore.
Elle l'interrogea sur son état et plissa le nez en constatant les dix-huit points perdus pour en récupérer une soixantaine. Définitivement trop cher payé à son goût, il était trop tôt !
Elle s'était confrontée à la bête et comptait désormais attendre de développer son sens artistique avant de réitérer la neurochirurgie.

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Bravo à ceux qui sont arrivés au bout de ce petit pavé ^^

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