EDC de EveR~4918
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Cacher
Libera te tutemet ex inferis
Le sexe, c'est la part barbare et étourdissante de l'homme, ce qu'il peut à peine civiliser ou discipliner et c'est en cela qu'il inquiète puisqu'il n'entre dans aucun grand récit, aucune odyssée de la rédemption ou de la chute. Il y a de la mort dans la pulsion de vie, Thanatos fait partie d'Eros autant qu'ils s'opposent, l'un et l'autre construisent l'homme en le détruisant. - Bruckner -
♪♫- Closer -
La politique et l'amour, c'est pareil. Un jeu de pouvoir. Une balance en équilibre incertain. Le mieux c'est de pousser soi-même la balance du côté de l'autre, tout doucement, pour pouvoir mieux la tirer vers soi par la suite. - V -
La balance a penché et cette fois, dans le mauvais sens.
La Passion avait pris d’autres saveurs, séparée par trop de murs, le trait d’ombres tressé de lumières, l’indicible lien avait pris une consistance vaporeuse comme indéfectible ; en pointillés. Le temps semblait ne plus avoir de prise, l’espace offrait d’autres distances, diverses nuances. Les fils aux gouttes de sang perlés, ne se teintaient plus de rouge et perdaient leur duo de saveurs pour ne garder que la fibre optique numérique de mots tracés dans les moments de doute, de peur, d’espoirs ou d’illusions. Ce soir-là, le lien s’était teinté de noir, de désespoir sans ambages.
Sur les toits de l’autre côté de la Cité s’élevait un hurlement, le mur, l’ombre, du trait de lumière artificiel laissait s’élever dans les airs des volutes de fumée noire annonçant un triste envol. Ses chemins prenaient un tout autre sens ; l’horizon devenu trop lointain, ses prières veines, le vice de trop. Une fin annoncée qui lui refusait la possibilité de revenir sur ses pas.
Entre fulgurance et hurlement restait quelque chose en suspens. L’imminence, la menace, le supplice devenu destinée dont il aurait dû se douter. L’image de l’envol éclate à la vue. Son corps se tord, implore douleurs dans le vacarme en décomposition de son cœur, priant sévices pour ses vices. Appelant de ses vœux, illusoire rédemption dans la souffrance, en une ultime aspiration, expiation... en d'autres mains que les siennes.
De ses vices ne restaient que le silence et hurlements fracassés de douleurs. Une plainte muette en attente de l’ultime blâme pour réparer le sang par le sang. Le fil ténu venait de casser, restait celui de la culpabilité. Nœud inextricable qu’une vie entière ne suffirait pas à démêler. D’une certaine manière je me devais de participer à l’entrave construite de ses vices et l’étayer. Il y réussi une nouvelle fois.
Le bruit de pas est sourd dans l’Annexe, lent, invisible, la supplique résonne, se murmure à l’oreille s’annonce en un imperceptible hurlement. Le corps se met en attente, reste en alerte. L’orage est là ; pourtant je ne sais pas même si je saurai répondre à ces tourmentes, les ombres se transposent. Un regard, le silence craque et ses sens se perdent sur une pression sur son cou, puis s’effondre.
Le Némésis et la poupée de cire changent d’âme, d’espace et de temps : en suspension. Les liens se nouent en d’autres vices, nous rassemblent, nous retiennent, nous brûlent. Au bout du compte les consciences s’aiguisent, se partagent, se maudissent tout à la fois.
Inconscient, il le reste peu de temps : juste assez pour éveiller son regard sur ses propres vices. Le décor est planté, chargé de violences comme de voluptés. Ses faiblesses, je les connais ; le cadre je l’ai pensé parfait.
Le juste avant, le juste après, l’entrebâillement des sens, le passage entre deux périls, entre deux afflictions. Il n’y a pas nom pour ce couloir emprunté, menotté vers la rédemption. Pas de nom pour cet espace de temps, dé-fusionné. Il se prépare entre amour, haine et suppliques. Le lien métallique maudit de peurs se glisse à son cou, dans ce reflet du miroir où le « S » se déchire une fois de plus ; l’alliance sur le rebord posé illustre la déchirure qu’il a lui-même orchestré.
Serre-moi... Serre-moi fort ! On va me mettre des chaînes autour du cou... De ces deux étreintes, la plus froide ne sera pas celle de ces horribles fers...
Il hurle ce temps singulier sans trouver les mots qui conviennent, il tente de les dire tous, d'user de tous les registres, de reporter sa propre haine sur moi pour redonner sens à sa vie, réordonner son univers, l’esprit chaotique, éternellement entre deux tourments. Reste à lui ouvrir les portes de son inconscient ; de paraitre sans âme alors que je ne suis que hurlements.
Ne pensez-vous pas que c'est la pire peine, celle qu'on subit sans pouvoir la juger imméritée ni pourtant la prendre comme une rédemption ? - Jean-Paul Sartre -
Les poings fermés contre le mur délabré, je tente de l’aimer plus encore pour crucifier ses douleurs sur l’autel de ses Passions… qu’il puisse ouvrir les portes sur un hypothétique pardon ; car elle seule pourrait le lui prodiguer. Une image s’impose à moi dans cette chronique de braise, de vices et d’abandon ; il me faudra sans doute tracer de notre sang un cercle autour de nous pour interdire toute traversée. Isolés dans ces clairs obscurs, fondus enchaînés, de l’odeur âcre d’un bordel dans lequel j’ai tant aimé. [art=http://www.dreadcast.net/EDC/EveR/Article=11550]Duo pour dualité[/art]. L’avenir seul dira si j’ai échoué.
Le lieu n’est finalement pas si approprié pour cette chorégraphie absolument improvisée, les scènes s’enchaînent l’une après l’autre en une symphonie où je ne suis que musicienne manipulée par un vœu que lui seul peut prononcer. En chef d’orchestre singulier, il cherche à travers moi cette harmonique dont il a détruit lui-même les notes au lieu d’en épouser les pas. De sol en si, il devra savourer ses tourments de remords comme de regrets, se confronter à lui-même sans se priver de ce chemin vers l’expiation dont je ne peux finalement qu’être le guide, lors qu’il m’aimerait tortionnaire.
Il y a des choses que l’on ne peut voir que dans le noir, face à soi-même. Les miroirs n’y auront rien changé, trop plein de certitudes, à peine conscient de la décadence d’une parabole qu’il a reniée jusqu’à la fin. Il cherchait une direction quand il fallait trouver un sens, cherchait en moi ce qu’il a en lui ; une autre manière de se fuir, d'éviter de regarder ses propres démons en face.
J’ai fermé les yeux, senti couler mon sang sur la morsure de mon cou, retenu mes larmes sur un visage que je voulais impassible et libéré la douleur d’un échec qui n’est finalement pas le mien.
Caresse l’horizon de la nuit, cherche le cœur de jais que l’aube recouvre de chair. - Paul Eluard, La nuit -
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IV - Une arme Silencieuse
04 Mai 2014
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