EDC de Eva~34638

Le smog est blanc, clair .. lumineux. Dans une progression lente et dirigée par un instinct inconnu, j’avance dans cet océan cotonneux.
Derrière moi, lointain, retentissent à une allure répétée, coups de feu et hurlements victorieux, l'odeur de la mort et le goût du sang m'accompagnent un certain temps, jusqu'à ce que ceux-ci disparaissent, en même temps que l’écho des conflits passés.
Sur mon chemin, quelques plumes noires qui virevoltent dans l'air brassé par mon passage.
La cité rayonne, les bâtiments propres et bien tenus apparaissent au cours de ma progression. Arrivée au centre ville, sobre et éclairée d'enseignes commerciales et autres centres administratifs, il est pourtant étrangement calme, pour ne pas dire désertique.
Au bout d'une rue, un peu a l'écart, se trouve une batisse impressionnante de part sa taille, d'après la pancarte sur la devanture, c'est une clinique.

-Je dois y entrer.

A peine l'avais-je pensé, qu'aussitôt mon corps se retrouva téléporté dans le hall de celui-ci.
Surprenant, mais pas assez pour me détourner de mon objectif encore jusque-là, inconnu. La visite des salles débute. Labo, bureau, salle d'opération, chambres et douche … tout y passe.
Les talons à demi tournés, prête a quitter les lieux, je m’arrête lorsqu'un bruit de pas étouffés se fait entendre derrière moi.
Puis un silence, le temps de me retourner pour enfin l’apercevoir. Fixant mon regard perplexe, le mini clone à l'air espiègle semble me connaître et me lâche sur un ton naturellement confiant :

-Je ne veux pas que tu acceptes le monde tel qu’il est donné, Je veux que tu l’inventes. Je veux que tu crées ta propre réalité.

Telle une entité irréelle, la petite fille au sourire angélique et à la voix cristalline, traverse mon corps d'un bond avant de filer vers l’extérieur, une poupée dans les bras.
Accélérant le rythme, je tente de la suivre aussi rapidement que la pesanteur me le permet, c'est dingue … j'ai l'impression de flotter dans l'espace et l'incapacité de courir me pénalise, je rejoins la porte quelques minutes après … ou bien était-ce plusieurs heures … Je sais plus vraiment.
Le temps est une notion abstraite, ici.
Tout comme beaucoup d'autre choses ...

Acharnée à tenter d'ouvrir ce qui ressemble à une porte, je ne percute pas immédiatement que ce n'est en fait rien d'autre qu'une illusion projetée sur une partie des murs maintenant lisses de tout décor. L'immense clinique a disparu … Remplacée par une pièce étroite et datée de plusieurs années.
Dans un éclairage terne et peu présent, je distingue tout de même le corps d'une femme allongée sur son canapé, inerte. De l'autre coté du studio, une télé et un meuble, dont je m'approche pour y récupérer une arme, et quelques objets avant de quitter les lieux, par la porte … Cette fois-ci.

Triste pour ma … mère … ma tête bouillonne de songes et de pensées décousues, tandis qu'autour de moi les décors et les visages dansent à une allure rapide. Mes ressentis et mes sensations sont totalement incontrôlables, je subis ces scènes sans pouvoir agir consciemment.
Appartement, terrain vague … ruelle sombre et magasin exigu … La faim …la soif … La peur … la solitude … il fait noir, entraînée par une silhouette qui me semble familière … l'odeur du rance et de la poudre, le froid des sous-sols … des voix inconnus , j'ai une arme et … et l'envie de tirer… de tuer.

- Pointe-le, ferme les yeux et tiiiire … TIRE !!!!

Une pensée plus tard, un bruit de détonation retentit. Je déglutis, ma salive a un goût de Vod' … J'ouvre une paupière, puis l'autre … le goulot de ma bouteille est pointée vers le vautour qui se tient à mes cotés sur le sofa, mon père est au comptoir … Mon … père …
On s’échange un sourire, automatique. Mon voisin parle, mais le besoin de boire est plus forte que l'envie de l’écouter.
Me voilà fière et satisfaite. Je me sens épanouie et invinsible avant ce nouveau clignement de paupières... ce nouveau souvenir … Extasy … Champignon … Freeparty … La fumée de la CER qui nous accueille malgré elle... et …
Une odeur de tissus et de cheveux brûlés … Une poupée brûle … et ça me rend folle.
Un nom qui me revient soudainement. Nyah.
Je fais le lien avec la petite fille et la poupée rencontrée plus tôt à la clinique. Elle se consume lentement et alors que des larmes ruisselle sur mes joues, une main délicate viens sécher mes pleurs de son revers.

[art=http://www.dreadcast.net/EDC/Eva/Article=8475]Cette petite fille c'est moi … Et cette poupée, était la mienne …[/art]
La dreadeuse a soudainement fait son apparition, et m'enlace avec une douceur qui m'était inconnue … Le temps d’apprécier le moment, de fermer les yeux … De se reposer et l'humaine a disparu en un instant aussi rapidement qu'elle était apparue, remplacée par l'elfe aux bras trop longs, protecteur mais plus distant …

Je regarde Lust et Karl, maintenant assis de l'autre coté d'un comptoir, et j'affiche un sourire comblé tout en servant des verres aux habitués du Repaire. La taulière est là aussi, ainsi que le nain farinoman et la vaut' bleuté qui m'impressionne tant. Je fais tourner ma chiffonette propre entre deux doigts, [art=http://www.dreadcast.net/EDC/Eva/Article=8894]une paire de ciseaux l'a remplacée[/art], une fois l'inertie moins rapide.
Devant moi … des corps qui gisent, ensanglantés … Des puce apm qui s'activent … et l'usine à clone ne connaît pas de repos.

Les conséquences de nos actes restent rarement impunies …
La prison … Les impériaux qui deviennent de plus en plus détestables et mon esprit de moins en moins stable … Les sorties de cuve compliquées pour mes clones …
Jusqu'à ce jour …cette plongée où j'ai été au plus loin ...
[art=http://www.dreadcast.net/EDC/Eva/Article=10139]Jusqu'à l'overflow et l'amnésie.[/art]
Les gens se démènent autour de moi … mes amis sont là.
Aucune parole n'est prononcée … Mais ils sont tous là. Présents jusqu'au bout.

La gynoide aura tout donné … assises côte a côte dans le complexe sous terrain d'une habitation cossue … Plongée dans les profondeurs de mes souvenirs … Elle a tout donné pour me les rendre.[art=http://www.dreadcast.net/EDC/Scarlett/Article=10487] Jusqu'à ne jamais plus en revenir[/art].

Le smog les a tous avalés … Les uns après les autres …
Dehors … il fait froid.
Mais pas le choix … Je dois rentrer chez moi !

Sur le chemin, je relève la tête pour regarder ce ciel que j'ai tant imaginé... Et qui se trouve être, ce soir ... totalement réel !
Mes paupières clignent plusieurs fois … Et je n'y crois toujours pas … Ce n'est pas possible !
Aucun changement ne s'opère … Pas de transition entre le ciel et un nouveau souvenir … Ai-je enfin fini de les récupérer ?
J'ouvre la petite encoche sur la bordure de mon orion inutilisable, et en extirpe des écouteurs qui trouvent immédiatement leurs place dans mes oreilles. Aucune musique n'en sort, et pourtant ça me contente d'autant plus. Je l'imagine … Sans vraiment l'entendre.
Un passage au Hark', qui m'avais tant manqué. Mais personne n'est présent.
Je reprend ma route le long des bâtiments en ruine, avec toujours cette sensation de flottaison extrême , et arrive finalement devant l'immeuble où je réside depuis plusieurs années. Une pensée, subite, la fainéantise de monter les escaliers et me voilà téléporter par mes envie en haut du building, directement devant la cheminée crépitante de chaleur.
Un tour rapide de l'appartement … L'amour du lieu … L'amour d'une vie.
Me voilà enfin chez nous. Voila ma vie.

Je t'avais promis de revenir …
Maintenant, c'est toi que j’attends.

Dans mon subconscient … rien n'est impossible.
Sauf peut-être ce besoin qu'il me reste à combler,
Te retrouver...

Chargement de la sauvegarde: Terminé
Élaboration des schémas de conception: Terminé
Recréation de la structure: Terminé
Insertion des données mémorielles:
En cours …

On aurait pu croire à une renaissance, comme il devrait en être question à chacun de nos passages dans ce centre.
On aurait pu dire que la vie continue, que la mort n'est rien … Que le clonage n'est qu'une étape à passer, que ce soit pour nous, ou pour nos proches, puis retrouver son quotidien délaissé durant seulement quelques heures.
On peut fermer les yeux, et attendre … attendre … Dedans comme dehors … Attendre que le temps passe et que la cuve s'ouvre, pour enfin apprécier le cadeau que Thallys nous offre.
Alors ... Croyez … Pensez … Et Parlez.
Épuisez vous jusqu'à vous cloner à nouveau pour pouvoir réitérer.

Pendant que , moi, je continuerais de Rêver.