EDC de Ernestine~53704

Punky était une originale : lunettes roses en forme de coeur, chevelure et maquillage arc-en-ciel, robe rose, jupe jaune, poumo roses, on ne pouvait pas la manquer. Haute en couleurs, elle l'était aussi par son vocabulaire toujours très fleuri, ses idées, son attitude provocatrices. Bref, Punky était tout le contraire d'Ernestine et pourtant elles étaient devenues les meilleures amies du monde.

Punky et Ernestine s'étaient éveillées à quelques jours d'intervalle. Elles s'étaient rencontrées à l'occasion de la préparation de l'AANI et leur première discussion avait été houleuse : Punky lui avait proposé de tricher, de faire l'examen ensemble et de partager les réponses. Très choquée, Ernestine avait refusé et, devant l'insistance de la demoiselle avait dû se mettre en colère : tricher, c'était mal, indigne d'une impérialiste et elle devait prendre conscience que l'Empereur voyait tout ce qu'elle faisait ! Punky était partie en traitant l'Empereur de pervers, laissant Ernestine pantoise.

Elle l'avait revue quelques jours plus tard en compagnie d'une autre originale 1' dénommée Edra. Elles lui avaient tenu des propos qu'elle n'avait pas bien compris, mais elle avait saisi qu'elles cherchaient à la choquer par des allusions probablement sexuelles.

Comment étaient-elles devenues amies ? C'était un mystère car elles se trouvaient aux antipodes l'une de l'autre. Alors qu'Ernestine faisait très attention au vocabulaire qu'elle utilisait, aux formules de politesse à employer avec chacun, à la tournure de ses phrases, Punky ne savait formuler une phrase sans y placer trois ou quatre gros mots et, au delà du vocabulaire, elle exprimait des idées extrêmement crues, à croire qu'elle prenait un malin plaisir à choquer ceux qui l'écoutaient.

Elles n'avaient pas les mêmes goûts ! Ca, non ! Punky fumait, buvait de l'alcool, prenait du kronatium et lisait des livres ! Ernestine n'avait jamais pu en lire un : ils lui tombaient des mains ! Elle, ce qui l'intéressait, c'était la mode, pas les livres. La mode et les exécutions de rebelles retransmises à la télévision, mais impossible d'en parler avec Punky : elle refusait de regarder cette émission culturelle. Oui, Punky n'était pas toujours tolérante, mais nous oublierons ce détail.

Elles n'avaient pas les mêmes idées non plus. Ernestine était patriote jusqu'au bout des ongles, admirant, justifiant toutes les décisions du gouvernement (qu'elle les comprenne ou pas), aimant l'Empereur avec la ferveur des passions adolescentes. Punky ne montrait de respect pour rien, pas même pour l'Empereur. Un jour, Ernestine lui avait conseillé la prudence et lui avait montré les caméras qui enregistraient tout. Punky avait alors exprimé une idée étrange, bien à elle : elle avait évoqué sa "liberté d'expression" et expliqué que chacun avait le droit d'exprimer des pensées personnelles. Quelle idée saugrenue ! avait pensé Ernestine : elle, elle se faisait un devoir de penser comme les gens d'en haut voulaient qu'elle pense ! Décidément, cette femme parlait parfois comme ces prisonniers rebelles qu'on voyait à la télévision.

Punky aimait les femmes et ne s'en cachait pas. Parfois, Ernestine sentait qu'elle la regardait du même regard pesant que les hommes, mais elle s'en moquait, c'était son amie. Un soir que Punky l'avait invitée chez elle, à l'époque de son histoire avec Daarker, Ernestine avait dormi chez elle, avec elle, comme deux soeurs, en toute confiance. C'était son amie, la seule, l'unique amie femme d'Ernestine.

Aussi, quand elle se rendit compte que Punky n'était plus joignable et qu'il n'y avait plus trace d'elle sur la matrice, Ernestine fut-elle extrêmement triste.