EDC de Ernestine~53704
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A trop vouloir s'approcher de la flamme, le papillon se brûle les ailes.
La première fois qu'Ernestine l'avait vu, c'était peu après son éveil. Les circonstances avaient été des plus étranges. Elle fouillait en compagnie d'un gobelin quand cet elfe, grand et majestueux, s'était arrêté près d'elle. Une dispute avait éclaté entre les deux individus, le gobelin se montrant particulièrement agressif quand il évoquait le passé douteux de l'elfe, mais celui-ci avait montré un sang-froid et une réserve tout elfiques. Ernestine avait fini par prendre la défense de son compatriote jusqu'à ce qu'il quitte les lieux.
Ernestine le revit le même jour et, au cours d'un bref échange épistolaire, D... eut l'occasion de lui dire qu'il avait autrefois perdu sa femme et sa fille, qu'il sortait de cryogénisation et avait décidé d'y retourner car la dispute avec le gobelin lui avait ôté l'envie de rester. Toutefois, il avait été heureux de la rencontrer ... Il avait été heureux de la rencontrer ! C'était la première fois qu'on lui témoignait une marque d'intérêt, un intérêt dépourvu de toute arrière-pensée commerciale et cet être était un elfe comme elle, il était beau, grand, montrait sang-froid et réserve. Elle lui exprima combien elle regrettait sa décision et il disparut.
Elle le revit une heptade plus tard alors qu'il dormait dehors, désarmé. Elle se fit un plaisir de le gronder au sujet des risques inutiles qu'il prenait ainsi. C'était une manière efficace de lui montrer, pensait-elle, l'intérêt qu'elle lui manifestait. Le lendemain, il prit de ses nouvelles. Elle en profita pour se réjouir de son retour et lui glisser parmi diverses banalités les informations qu'elle jugeait capitales : où et quand il pouvait la rencontrer "fortuitement".
Le bel elfe se fit alors mystérieux : il évoqua un "problème" dont il ne pouvait parler. Ernestine s'inquiéta, lui demanda s'il voulait s'en ouvrir à elle. Il lui répondit que ce genre de choses ne pouvaient se dire qu'en face. Enfin ! Elle était sur le point d'obtenir son premier rendez-vous amoureux ! Une bouffée de chaleur lui monta au visage. Il lui proposa de venir chez lui. Elle refusa, mais accepta un rendez-vous à la bibliothèque de l'Université. Elle se changea et s'y précipita.
Le rendez-vous ne se passa pas exactement comme elle l'avait imaginé. D... lui remit un livre, lui expliquant qu'il s'agissait du journal intime de sa femme, morte, et qu'elle devait lire la page 12. Cette femme y exprimait tout l'amour qu'elle ressentait pour son mari. Quel drôle d'homme, se dit-elle ! Lui faire lire le journal intime de sa femme ! Elle en venait à s'interroger sur ses intentions réelles quand se produisit un événement imprévisible. Un policier se présenta pour un contrôle d'identités.
Ernestine avait toujours éprouvé à la fois un respect sans bornes pour l'autorité et ses représentants et une peur panique de l'uniforme. Le policier leur demanda leurs cartes d'identité. D... présenta calmement la sienne. Ernestine fut prise de tremblements incontrôlables, ne sut plus si elle devait la donner ou la ranger, finit par la faire tomber, s'effondrer elle-même et éclater en sanglots. Le bel elfe expliqua au policier qu'elle était NI, explication qui lui parut suffisante et il les laissa. Après le départ du policier, Ernestine profita de ce moment de faiblesse pour rester dans les bras de D... qui la releva et, après quelques atermoiements, finit par l'embrasser. Ernestine était heureuse.
Ils passèrent leur première nuit chez elle. S'ensuivit une heptade de bonheur : c'étaient des messages amoureux, des serments de fidélité éternelle, de doux moments passés ensemble. D... vivait chez elle (il avait, disait-il perdu son logement pendant sa période de cryogénisation) et, la journée durant, elle n'attendait qu'une chose : le moment où elle le retrouverait au Paradise, en fin de journée et surtout à la maison, le soir venu. D... restait très mystérieux sur son passé : il n'était pas là d'hier, n'avait pas toujours bien agi, on lui avait enlevé sa femme, sa fille et une autre femme encore. C'était tout, mais elle s'en moquait : elle l'aimait. Ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne vivait vraiment, ne s'épanouissait, n'était pleinement femme que depuis qu'il avait posé ses yeux sur elle. Elle se sentait prête à tout pour lui.
Un soir, au Paradise, D... se comporta étrangement. Il passa de l'autre côté du comptoir non pour venir à ses côtés, comme elle en rêvait (elle n'attendait qu'une chose : qu'il "officialise" leur union en la présentant à ses amis), mais pour aller discuter avec une demoiselle, comme ça, devant elle. Ernestine ne voulait pas voir cela, elle ferma les yeux. Son com vibra, c'était lui : il lui assurait qu'il n'était pas en train de draguer la jeune femme. Elle sortit et alla passer ses nerfs en salle d'entraînement. Ils ne se virent pas cette nuit-là, mais elle lui écrivit longuement. Elle comprenait que le Paradise n'était pas fait pour elle : elle ne supportait pas le spectacle de ces filles de bars qui venaient minauder devant lui et elle ne voulait pas qu'il se sente sous surveillance, étouffé par son amour. Aussi lui laissait-elle cet espace de liberté où il n'aurait pas de compte à lui rendre.
Le lendemain soir, il lui fit un cadeau. Quel cadeau ! Il avait dans la main une bague ornée d'un saphir, une alliance. Une alliance ? Allait-il la demander en mariage ? Elle déchanta. Cette bague était celle que sa défunte épouse portait. Il avait dépouillé un cadavre, il lui offrait la bague d'une autre ! Il lui offrait de prendre la place de sa défunte femme. D... recyclait ses cadeaux ! Ernestine passa outre : il était juste un peu maladroit, mais elle l'aimait.
Vint le jour du drame. Elle alla le voir au Paradise après ses heures de bureau. Elle n'aurait pas dû. Elle se sentait d'humeur provocante : elle voulait que D... la présente à ses collègues comme sa petite amie. Assise au comptoir, elle le fixait ouvertement, lui adressait des clins d'oeil, lui souriait. Les amis de D... ne pouvaient pas ne pas voir son manège mais rien ne venait de sa part. Elle demanda si elle pouvait se baigner dans la piscine : la salle était vide, elle se dévêtit entièrement et plongea. Puis, elle demanda à D... de lui apporter une serviette, ce qu'il fit. Elle se blottit contre lui mais se rendit compte qu'ils n'étaient plus seuls : une intruse, une certaine H..., était présente. Se rhabillant, Ernestine vit que D... discutait avec cette fille. Elle retourna au bar. Quand D... revint de la piscine, il était sombre, maussade, et il la congédia d'un message laconique.
Ernestine sortit désespérée. Elle marcha longtemps et réfléchissait. Quel pouvait être le problème ? Etait-ce lié à elle ou au passé de D... ? Une chose était sûre : cela avait un lien avec cette H... Il avait changé juste après sa conversation avec elle. En chemin, elle aperçut cette H... en compagnie d'une trollesse. Ernestine ralentit le pas et se connecta au réseau pour chercher des informations sur elle : elle avait écrit un article récent où elle se disait NI. Ce n'était donc pas un problème lié au passé de D... Elle fouillait sans entrain quand son com lui signala une intrusion chez elle. D... était rentré. Elle se précipita à la maison pour lui demander des explications. Il était assis dans le canapé. Elle se jeta à ses pieds et l'implora de lui dire ce qui se passait. Il devint pâle. Il lui dit qu'il n'était pas un type bien. Elle répondit qu'il était l'homme qu'elle aimait, le premier, le seul. Il lui annonça alors qu'il la trompait et il pleura. Ernestine vit son monde s'écrouler. Pire, cet homme pleurait, il pleurait alors que la victime, c'était ELLE. Elle demanda si c'était H..., il acquiesça.
Ernestine avait sa dague à la main, elle savait où trouver cette fille, elle sortit en furie et se dirigea droit vers l'endroit où elle l'avait vue et la poignarda jusqu'à ce qu'elle tombe à terre. Son com sonna : D... lui disait que si elle la touchait, elle aurait affaire à lui. Elle rentra, D... était parti. Elle avait violé la loi, pensait-elle. Elle devait se rendre. Elle reçut plusieurs messages auxquels elle répondit dans un état second. Elle comprit vaguement que l'elfe qu'elle aimait voulait sa mort, chercha sur la carte du secteur où se trouvait le Cercle de l'Orient et s'y dirigea pour se constituer prisonnière.
Elle entra, aperçut un gobelin et une potiche émerveillée. Etaient-ils là pour déposer contre elle ou pour d'autres affaires ? Elle s'en moquait : sa vie était finie. A la vue de l'uniforme de l'inspecteur, elle chancela, puis s'effondra lentement. L'inspecta s'occupa des autres puis vint à elle. Elle lui tendit l'arme du crime. L'inspecteur avait déjà l'air au courant. Il lui expliqua une chose étrange : oui, il était mal de tenter d'assassiner les gens mais elle se trouvait dans un quartier où les règlements de compte étaient tolérés. Il se contenta donc de la mettre en garde à vue, pour la forme.
Informations sur l'article
Les amours d'Ernestine
17 Janvier 2015
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◊ Commentaires
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Flaxia~51662 (160☆) Le 17 Janvier 2015
AMAGAD, mon titre toupourri est cité dans le texte! *Fière*
Plus sérieusement, j'aime beaucoup, encore! -
Stiny~49460 (386☆) Le 17 Janvier 2015
En SR ce genre de règlements de compte est légal voire encouragé. Je dis ça ! Je dis rien. Pas de propagande. Bien sûr. :x -
Barheim (14☆) Le 17 Janvier 2015
Etoile, Ça aurait fait une bonne raison à mon elfe de ce défouler si il avait été au courant de ça... dommage pour moi ^^ -
Mylaë (37☆) Le 17 Janvier 2015
Superbement écrit -
Uhmoja~50659 (41☆) Le 18 Janvier 2015
Oui ! Très sympa et agréable a lire ! -
Léonie (324☆) Le 19 Janvier 2015
Ernestine en l'honneur du marquis ? -
Ernestine~53704 (78☆) Le 21 Janvier 2015
Je ne peux pas savoir ce que tu ne me dis pas, Daarker.
Merci à tous pour vos commentaires et vos étoiles. A venir : la suite et fin de mon histoire avec Daarker ... -
Shadows (189☆) Le 22 Janvier 2015
Shad va finir par un baffer un des deux '^' -
Sylvanas~50325 (4☆) Le 25 Mai 2016
j'ai trouvé cette histoire très triste mais en même temps très intéressante bravo pour cette histoire^^