EDC de Elea~1433

« Vos papiers d'identité s'il vous plait mademoiselle. »

A peine eut-elle le temps de sortir sa carte que l'agent s'empressa de lui retirer des mains. C'était une peau verte d'environ neuf pieds de haut. Sa démarche était lourde et déséquilibrée, mais impressionnante. Malgré un physique dans la norme orque, il était doté de larges épaules, et ses bras faisaient aisément le double de la circonférence des cuisses de la chétive citoyenne. Son visage était rond, et son nez aquilin, caractéristique des gobelins pourtant, contrastait avec ses traits grossiers et sa large balafre sur la joue droite. L'orc mettait un point d'honneur à bien mettre en évidence, torse bondé, sa plaque d'agent du Cercle de l'Orient. Après vérification, le colosse lui rendit sa carte, lui fit un bref signe de la tête, et reprit son chemin.
La praticienne lui avait vivement conseillé de se rendre au Centre de l'Information pour l'Emploi, mais encore fallait-il se repérer dans cette ville immensément grande. Cela ne fut pas très compliqué, le bâtiment en question était à moins de dix minutes à pied d'ici.

La nuit commençait à tomber, et elle hâta la marche tout en restant sur ses gardes. Elle restait attentive à ce qui se passait autour d'elle. L'espace d'un instant, son regard croisa celui d'une femme de petite vertu, toute de latex vêtue, aux cheveux ardant d'un rose criard et provocateur. Cette dernière aguichait d'une démarche nonchalante, bien peu aidée par des talons de quinze centimètres, un homme trapu habillé de façon très bourgeoise. Son regard ressemblait très fortement à celui du scientifique lubrique du laboratoire. Elle secoua la tête, et poursuivit sa marche.
Elle fit quelques mètres en se faufilant au travers de la foule toujours plus dense qui dégageait une odeur acre de transpiration, puis pris quelques secondes pour souffler un peu. L'air vicié accompagné de la chaleur corporelle et l'odeur pestilentielle de la foule la mettait mal à l'aise. Elle leva la tête comme pour respirer un grand bol d'air et s’intéressa à un immense panneau holographique disposé sur un immeuble de la ville. Y était diffusé actuellement une interview de celui qui semblait être à la tête du Conseil Impérial : JulianHallon ; on l'avait d'ailleurs rapidement briefé à ce sujet.

Quand soudain, elle sentit quelque lui chose toucher la cuisse. Elle fit un vif mouvement réflexe de la jambe et faucha les deux pattes de l’humanoïde aux mains baladeuses.

« Aaaiiiiiieee !!!! »

A ses pieds, une autre peau verte malhabile au physique très inégal. Ses yeux étaient luisants et nez nez crochu. Celui ci se releva, puis se dépoussiéra à l'aide de ses deux mains. Il était vétu d'un pagne et d'un tee-shirt de mauvaise facture en assez mauvais état.

« Madame pas gentille. Dobby vouloir juste toucher, pas jouer ! Dobby être seul le soir. Dobby espérer faire crack crack boom avec Madame. Quoi être votre nom ? »

Il fit un pas vers la demoiselle. Celle ci regardait la bête d'un air condescendant, froid et hostile. Elle fit volte face, et reprit rapidement son chemin afin de semer cette vision du monde.

« Alors, c'est cela Dreadcast ? Une ville en proie à la dépravation ? Quel monde de sauvage. »

Le trafic se fluidifia ce qui lui permis accélérer la marche et de rejoindre rapidement son objectif.

Les meilleurs architectes de la ville furent mis à contribution dans la conception du bâtiment. C'est une oeuvre de premier plan de l'architecture de la cité. Épuré et moderne, la façade respire l’Impérialisme de part d'immenses tapisseries floquées du symbole Impérial. Avant de s’engouffrer à l'intérieur du CIPE, il faudra gravir les innombrables marches qui séparent la rue de l'entrée. La sécurité y est omniprésente : Caméras et hommes en noir préservent sans discontinuité la tranquillité de du bâtiment et de ses alentours. Il n'est pas rare de croiser un crieur public louant de ses lyriques l'Imperator. Sur le parvis du bâtiment, tout proche de l'entrée, un colosse à la couleur de peau mât atteignant le double-mètres quinze bloque le passage, requérant que l'on lui confie toutes armes que les passants possèdent.

Du brouhaha incessant des ruelles de Dreadcast, l'on passe à un endroit calme et serein. La jeune femme se remettait doucement de ses émotions : Sa première expérience avec l’extérieur fut désastreuse mais non sans enseignement : Ce sentiment de protection qui imprégnait ce bâtiment, et cette profonde foi innée en elle la guidèrent vers la voie de l'Imperium.

« Puisse l'Empereur épargner leurs âmes malines. »

C'est ainsi qu'Elea Marsarra commença sa carrière.