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.Seize.Huit.
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.« Au revoir, Directrice.
Ça va faire bizarre, je n'avais connu que vous. »
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--C'est qu'il était grand temps. Des mots pressants à qui de droit pour se rassurer. Partir en sachant qu'ils n'auraient pas besoin de toi, qu'ils ne la laisseront pas s'écrouler. Te souviens-tu du soulagement de pouvoir mettre un nom sur celle qui prendrait ta place ? Te souviens-tu de cette époque où tu n'avais encore à ne penser qu'à ça ?
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--C'était totalement faux. Des heptades que ton esprit, vos esprits, étaient tournés ailleurs. Combien de scénarii as-tu pu ébaucher jusqu'à ce que vous vous retrouviez tous devant cette porte ? Combien de fois as-tu rêvé d'entendre une voix derrière les battants, symbole d'un retour oublié ? Fini les rêves, les prochaines voix seront les vôtres. Ou peut-être pas.
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--En silence entre les mines et les hommes, tu pries, sans savoir tout à fait quoi ou qui. Tu pries pour être inutile dans ton rôle. Tant que tu l'es, ça voudrait dire que tout va bien, pas de blessés, vous pourrez continuer encore. Combien de fois as-tu retourné cette idée pour ne pas voir celle qui se cachait juste en dessous ?
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--Tu forces. Ton regard, sur les cadavres, comme si ça allait noyer la faiblesse. Comme s'il suffisait de regarder pour s'endurcir. Tu forces l'humour, laborieux, qui sera le dernier. Tu forces tes paupières à se clore, la pluie pour décor.
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--C'est comme dans les mauvais holofilms que tu n'as jamais regardé. La même chose, et cette idée s'insinue trop vite, quand les silences te laissent le temps d'y penser. La troupe se sépare, mais l'idée est bonne. Pour autant, Hujan, on sait quand on arrive à ce stade de l'histoire que ça va mal finir. Que trop de choses vont se terminer là.On sait qu'on paie toujours trop cher une séparation.
--Les voix s'enchaînent, se multiplient, elles sont légion là où l'on se divise. Elles s'infiltrent, se répercutent, jusqu'à trouver parfois des visages. Au diable les fréquences, il n'y en a qu'une seule que nous aurions du voir. Il n'y a que celle de l'Appel que nous aurions du entendre. Que celle de l'équipe dans l'espoir, vain, fou, de retenir l'un des nôtres.
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--Tu n'as plus prononcé son nom. Watari. Pourquoi ? De peur qu'à trop le prononcer, son nom ne veuille plus rien dire, qu'il n'évoque plus la bravoure, qu'il n'allume plus aucune lueur de son sacrifice. D'autres le prononceront bien assez pour toi, tu préfères te souvenir de sa silhouette montant le campement, comme si l'anodin sauvait de la mort. Tu n'as rien vu, et c'est pire encore.
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--Le silence commence à aller de paire avec les torts. L'idée l'avait déjà traversé, et pour chacun de nos corps, il en a tué. Huit, à lui seul. Comme une coïncidence, comme un présage que personne n'a su voir face à l'héroïsme aveuglant. Dans son courage, il nous disait déjà que nous serions bien trop peu.
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--Si tu n'entends rien, si c'est trop calme, si pas un son ne traverse, c'est que quelque chose cloche. Mais Dame, vous aviez commencé à me préparer à une jungle, à l'hostilité d'un environnement, pas des habitants transformés en armée. Végétation inexistante, où les fenêtres sont assassines.
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--En quelques secondes, les sons reviennent trop soudainement. Les tirs font mouche, la silhouette s'écrase. Et quand le drone tombe à pic, tu sais que tu ne pourras rien faire pour ce corps-là. Il n'y a que la puce à ne pas laisser au sol, le reste ne signifie plus rien à présent. Et puis, une fois les tirs écartés...
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--Comment, où, pourquoi ? Où sont les réponses à ces questions-là ? Et leurs corps qui ne sont plus là ? Ils espèrent, on espère, dans un monde où les débris d'une ville ont écrasé l'espoir il y a longtemps.
--Trâiner la blessée ailleurs, nous avec, remplir un rôle répété mille fois, mais jamais comme on s'y attend. Une vague parcelle de joie - est-ce réellement ça ? - lorsque le décompte revient à la hausse plutôt que de chuter inexorablement.
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--En quelques instants, tu as eu l'impression que l'espoir renaissait des bâtisses tombées. Ne remets plus jamais ton espoir en vue d'un bâtiment, jamais plus. Trop friable. Un traceur, il suffit de croire en la science, en la technologie, ne nous a-t-elle pas aidé jusque là ?
--Puis tout s'effondre. L'espoir, le bâtiment, les corps, eux. Un coup de massue entre les côtes qui a le bruit d'une explosion. Ne nous séparez plus.
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--Courir. Ça brûle, mais qu'importe. Ça tambourine, mais on s'en fout. Ça crie : on n'a jamais été les bienvenus ici. Ça tremble, ça se répercute jusque sur les murs, jusque dans les êtres, tu le vois sur leurs visages.
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--Impossible de t'en débarrasser. Et si tu avais couru vers cette silhouette abandonnée ? Et si tu n'avais pas écouté ? Ça aurait pu être l'un d'eux. Ça l'était peut-être. Et tu ne le sauras jamais. Jamais plus.
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--Terminé. Un souffle, un murmure. Une plainte, une supplique. Et rien sur le visage, que l'idée folle qu'on aurait pu être plus que huit.
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--Accroche-toi à ce noyau-là. Chiffre qui ne changera pas. Oublie ce que représente ce que tu as pu voir, il sera temps demain. Attrape leurs mains, elles sont tangibles. Les seuls à pouvoir te raccrocher à la réalité. A celle d'ici.
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--Tant et tant. Est-ce touchant ? Sûrement. Est-ce que ça te touche ? Peut-être. Il n'y a pas tous les visages que tu espérais voir. Des noms, déjà, sont effacés. Parce qu'ils ne sont pas d'ici ? Eux qu'ils appelaient des alliés, qu'ils élevaient ainsi, sitôt disparus qu'ils ne représentent plus rien ?
--Nommez-les. Watari Hurlosmog. Erikz Stiefel. Zhadum Monroe. Asphodhell Lancaster. Irista Tiriand. Juszen Maïssev. Parce que ce sont tous des disparus.
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--Effrayante solitude. Mais on est toujours un peu seul dans ce monde. Il n'y a plus grand chose à compter, si ce n'est les erreurs. Rattraper. Il n'y a pas de mort s'il n'y a pas de corps. Tu en as vu trop peu pour le croire.
--On ne retrouve pas la chaleur humaine en rêvant d'un ailleurs. Demain, tu les retrouveras. Ceux que tu avais laissé là, et ceux que vous avez laissé là-bas. Pour effacer de ta mémoire cette silhouette hagarde à qui il manquait un bras, ce survivant que vous ne connaissiez pas.Ou pas.
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Beaucoup.
Ça va faire bizarre, je n'avais connu que vous. »
--C'est qu'il était grand temps. Des mots pressants à qui de droit pour se rassurer. Partir en sachant qu'ils n'auraient pas besoin de toi, qu'ils ne la laisseront pas s'écrouler. Te souviens-tu du soulagement de pouvoir mettre un nom sur celle qui prendrait ta place ? Te souviens-tu de cette époque où tu n'avais encore à ne penser qu'à ça ?
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--C'était totalement faux. Des heptades que ton esprit, vos esprits, étaient tournés ailleurs. Combien de scénarii as-tu pu ébaucher jusqu'à ce que vous vous retrouviez tous devant cette porte ? Combien de fois as-tu rêvé d'entendre une voix derrière les battants, symbole d'un retour oublié ? Fini les rêves, les prochaines voix seront les vôtres. Ou peut-être pas.
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Seize
--En silence entre les mines et les hommes, tu pries, sans savoir tout à fait quoi ou qui. Tu pries pour être inutile dans ton rôle. Tant que tu l'es, ça voudrait dire que tout va bien, pas de blessés, vous pourrez continuer encore. Combien de fois as-tu retourné cette idée pour ne pas voir celle qui se cachait juste en dessous ?
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--Tu forces. Ton regard, sur les cadavres, comme si ça allait noyer la faiblesse. Comme s'il suffisait de regarder pour s'endurcir. Tu forces l'humour, laborieux, qui sera le dernier. Tu forces tes paupières à se clore, la pluie pour décor.
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Douze
--C'est comme dans les mauvais holofilms que tu n'as jamais regardé. La même chose, et cette idée s'insinue trop vite, quand les silences te laissent le temps d'y penser. La troupe se sépare, mais l'idée est bonne. Pour autant, Hujan, on sait quand on arrive à ce stade de l'histoire que ça va mal finir. Que trop de choses vont se terminer là.
--Les voix s'enchaînent, se multiplient, elles sont légion là où l'on se divise. Elles s'infiltrent, se répercutent, jusqu'à trouver parfois des visages. Au diable les fréquences, il n'y en a qu'une seule que nous aurions du voir. Il n'y a que celle de l'Appel que nous aurions du entendre. Que celle de l'équipe dans l'espoir, vain, fou, de retenir l'un des nôtres.
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Onze
--Tu n'as plus prononcé son nom. Watari. Pourquoi ? De peur qu'à trop le prononcer, son nom ne veuille plus rien dire, qu'il n'évoque plus la bravoure, qu'il n'allume plus aucune lueur de son sacrifice. D'autres le prononceront bien assez pour toi, tu préfères te souvenir de sa silhouette montant le campement, comme si l'anodin sauvait de la mort. Tu n'as rien vu, et c'est pire encore.
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--Le silence commence à aller de paire avec les torts. L'idée l'avait déjà traversé, et pour chacun de nos corps, il en a tué. Huit, à lui seul. Comme une coïncidence, comme un présage que personne n'a su voir face à l'héroïsme aveuglant. Dans son courage, il nous disait déjà que nous serions bien trop peu.
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Dix
--Si tu n'entends rien, si c'est trop calme, si pas un son ne traverse, c'est que quelque chose cloche. Mais Dame, vous aviez commencé à me préparer à une jungle, à l'hostilité d'un environnement, pas des habitants transformés en armée. Végétation inexistante, où les fenêtres sont assassines.
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--En quelques secondes, les sons reviennent trop soudainement. Les tirs font mouche, la silhouette s'écrase. Et quand le drone tombe à pic, tu sais que tu ne pourras rien faire pour ce corps-là. Il n'y a que la puce à ne pas laisser au sol, le reste ne signifie plus rien à présent. Et puis, une fois les tirs écartés...
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Huit
--Comment, où, pourquoi ? Où sont les réponses à ces questions-là ? Et leurs corps qui ne sont plus là ? Ils espèrent, on espère, dans un monde où les débris d'une ville ont écrasé l'espoir il y a longtemps.
--Trâiner la blessée ailleurs, nous avec, remplir un rôle répété mille fois, mais jamais comme on s'y attend. Une vague parcelle de joie - est-ce réellement ça ? - lorsque le décompte revient à la hausse plutôt que de chuter inexorablement.
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Dix
--En quelques instants, tu as eu l'impression que l'espoir renaissait des bâtisses tombées. Ne remets plus jamais ton espoir en vue d'un bâtiment, jamais plus. Trop friable. Un traceur, il suffit de croire en la science, en la technologie, ne nous a-t-elle pas aidé jusque là ?
--Puis tout s'effondre. L'espoir, le bâtiment, les corps, eux. Un coup de massue entre les côtes qui a le bruit d'une explosion. Ne nous séparez plus.
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Huit
--Courir. Ça brûle, mais qu'importe. Ça tambourine, mais on s'en fout. Ça crie : on n'a jamais été les bienvenus ici. Ça tremble, ça se répercute jusque sur les murs, jusque dans les êtres, tu le vois sur leurs visages.
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Neuf ?
--Impossible de t'en débarrasser. Et si tu avais couru vers cette silhouette abandonnée ? Et si tu n'avais pas écouté ? Ça aurait pu être l'un d'eux. Ça l'était peut-être. Et tu ne le sauras jamais. Jamais plus.
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Huit
--Terminé. Un souffle, un murmure. Une plainte, une supplique. Et rien sur le visage, que l'idée folle qu'on aurait pu être plus que huit.
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Trois
--Accroche-toi à ce noyau-là. Chiffre qui ne changera pas. Oublie ce que représente ce que tu as pu voir, il sera temps demain. Attrape leurs mains, elles sont tangibles. Les seuls à pouvoir te raccrocher à la réalité. A celle d'ici.
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Cinquante-quatre
--Tant et tant. Est-ce touchant ? Sûrement. Est-ce que ça te touche ? Peut-être. Il n'y a pas tous les visages que tu espérais voir. Des noms, déjà, sont effacés. Parce qu'ils ne sont pas d'ici ? Eux qu'ils appelaient des alliés, qu'ils élevaient ainsi, sitôt disparus qu'ils ne représentent plus rien ?
--Nommez-les. Watari Hurlosmog. Erikz Stiefel. Zhadum Monroe. Asphodhell Lancaster. Irista Tiriand. Juszen Maïssev. Parce que ce sont tous des disparus.
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Un
--Effrayante solitude. Mais on est toujours un peu seul dans ce monde. Il n'y a plus grand chose à compter, si ce n'est les erreurs. Rattraper. Il n'y a pas de mort s'il n'y a pas de corps. Tu en as vu trop peu pour le croire.
--On ne retrouve pas la chaleur humaine en rêvant d'un ailleurs. Demain, tu les retrouveras. Ceux que tu avais laissé là, et ceux que vous avez laissé là-bas. Pour effacer de ta mémoire cette silhouette hagarde à qui il manquait un bras, ce survivant que vous ne connaissiez pas.
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Verre brisé
22 Février 2019
952√
31☆
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Zartam (851☆) Le 22 Février 2019
nerd -
Lehcaerith (99☆) Le 27 Février 2019
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Watari (79☆) Le 27 Février 2019
Belle écriture . N'étoile !