EDC de Eaven
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... Tac.
--L'ascenseur ne fait pas ce bruit-là, mais il n'en est pas moins assourdissant. Combien de fois es-tu remontée ici ces derniers temps, pour te leurrer au-dessus d'une Cité dont tu refuses de voir les décombres ? Tu as peut-être essayé depuis soixante ans, ce n'était pas toi la rêveuse de l'histoire, tu n'étais que celle qui peinait à en suivre le chemin, de la poussière farine dans les yeux en guise d'étoiles. La magie de ce Toit fonctionne-t-elle encore ? Te sens-tu plus légère quand tu le retrouves, amant de tous les temps, à écouter son souffle de vent murmurer à ton oreille ? Il a au moins le mérite de rassurer encore, maigre réconfort du seul silence qu'elle n'a jamais essayé de combler.
« Je t'ai écrit parce que je crois qu'il y a quelque chose que tu dois savoir. »
.Tac.
--Elle n'est pas celle qui vit avec cette épée au-dessus de la tête, qui menace de s'abattre à tout moment sur la nuque si douloureuse. Si elle lève les yeux, à défaut d'une lame tranchante, c'est une horloge qu'elle apercevra. C'est le son si caractéristique qu'elle entend dans les silences, qu'elle cherche encore plus à combler pour étouffer le bruit des aiguilles sur le temps. C'est lui, qu'elle ne supporte pas, c'est l'attente, c'est la finalité. C'est la lâcheté de savoir déjà que s'il s'exécute, elle n'aura jamais le courage d'en faire de même pour le suivre. Accrochée à l’Éternité plus qu'à n'importe qui.
« J'ai une date de péremption. »
.Tac.
--Et ça en expliquerait presque l'acidité de leurs mots. Persuadée d'avoir poussé à la décrépitude ce qu'elle a touché. Il faut toujours qu'elle s'accuse, que la faute lui incombe, qu'elle paie des prix qui ne lui reviennent pas. Mais le plus souvent, elle finit par s'en rendre compte, à défaut d'accepter de ne pas être fautive. Mais pas cette fois. Trop important, trop humain, trop vivant encore, trop serré où ça ne devrait plus l'être. Entre elle et lui, elle devrait dire que c'est lui ? Jamais. Plutôt mourir. Mais pitié, pas trop quand même. Un jour on pardonne, le lendemain on accuse, et ça ne signifie plus qu'une chose, que la marche arrière n'a jamais été installée.
« Tu penses sincèrement que j'ai un avenir ici sans toi ? »
.Tac.
--Chaque histoire a son lot d'horreur, a-t-il soufflé un jour. L'horreur qu'elle en voit, c'est de ne plus parvenir à convaincre ce en quoi elle croit. L'horreur, ce sont les mots qu'elle n'est jamais parvenue à démêler pour les offrir correctement. L'horreur, c'est de ne pas avoir réussi, tant de fois, à dire simplement oui. Un oui tonitruant qui couvrirait toutes les réponses du monde. Quelque chose de si puissant, que le choix ne serait jamais laissé : l'on ne peut qu'y croire. L'horreur, dans cette fin de l'histoire, c'est de ne même pas réussir à se convaincre elle-même, qu'il y parviendra. L'horreur, c'est de s'être liée les mains sans savoir qu'elle aurait du d'abord se bander les yeux.
« Avec toi, au moins, il y a eu du rêve, de la couleur, des rires, de la passion. »
.Tac.
--Un jour noir, un jour blanc, et tout le temps gris derrière l'écran. Les plus beaux mots sur un plateau d'argent, mais même le papier coupe plus qu'il ne le devrait. Les yeux délavés de couleur, entre l'apaisement et la déchirure, elle ne s'est donné qu'une unique directive à cette traversée-là. Admettre que c'est réciproque serait renvoyer le poison dans les veines, pire encore que ses espoirs qu'ils ne partagent plus. Promettre des lendemains serait pire que tout encore, corps à l'évidence, danse qu'elle évite. Ne reste que ce qu'elle a toujours fait, avant lui, et après lui : fais comme si, et vis.
« Qu'il ne te touche pas. »
.Tac.
--Au détour de tourments, tiercé gagnant sans jamais avoir joué. Les histoires s'écrivent sur du papier froissé où l'encre prend son temps pour s'y imprégner. Des années que l'on ne compte plus - qui es-tu ? - et qui lentement s'étiolent de souvenirs d'ailleurs. Qui sont-ils, ces protagonistes d'une énième histoire mais qui se veut différente ? Qui étaient-ils, avant de cesser enfin de ne faire que se croiser ?
Mais je n'ai jamais été très bonne pour conclure les histoires. Ni même pour les débuter. Il faut qu'ils soient mon encre, pour que la plume que je suis s'essaie à écrire.
.
.Tic.
« J'aimerai prédire cet avenir, Eaven.
Ça voudra dire que l'on aura traversé les âges ensemble. »
.Tac.
Mais je n'ai jamais été très bonne pour conclure les histoires. Ni même pour les débuter. Il faut qu'ils soient mon encre, pour que la plume que je suis s'essaie à écrire.
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« J'aimerai prédire cet avenir, Eaven.
Ça voudra dire que l'on aura traversé les âges ensemble. »
.Tac.
--Ça voudrait dire entreprendre à nouveau l'écriture d'une histoire ? Ça voudrait dire croire en ce qu'on nomme l'avenir, en l'Éternité mensongère ? Ça voudrait dire admettre l'espoir qu'elle le peut encore ? Ça voudra dire tout ça. Il a raison, il a toujours eu trop raison, une part d'elle croit encore en l'avenir, même si elle ne l'écoutait pas encore.
« J'ai cru que j'avais fait tomber tout le château de cartes. »
.Tac.
--Il n'est pas tombé, mais il manque des cartes chez elle. Un peu branlant, un peu bancal, pas l'idéal mais il n'en a que faire. Tentative de combler par d'autres cartes ce que les Tic et les Tac de l'horloge égrène. Se donner corps et corps mais pas trop d'âme dans un travail qui lui avait manqué si elle osait l'avouer, refuge utile pour cœurs assommés. Un moyen un peu trop facile de faire comme si, pour ne pas qu'il puisse voir que c'est foutrement laborieux. Il y a des droits qu'elle ne s'accordera pas, parce qu'ils lui reviennent.
.
.Tic. Tac.
L'horloge s'est déjà arrêtée depuis longtemps.
Le bruit n'est plus qu'un écho.
.Tic. Tac.
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L'horloge s'est déjà arrêtée depuis longtemps.
Le bruit n'est plus qu'un écho.
.Tic. Tac.
Puisque c'est l'imaginaire et les rêves qui nous bercent.. »
Il a toujours eu trop raison.
J'essaie d'écouter cette part qui croit encore en l'avenir.
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« C'est le monde dans lequel je veux vivre. »
A la croisée des mondes, il m'arrive de me perdre.
Je n'ai jamais su écrire seule. .
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A la croisée des mondes, il m'arrive de me perdre.
Je n'ai jamais su écrire seule. .
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Informations sur l'article
Décalcomanie
28 Octobre 2018
951√
25☆
7◊
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◊ Commentaires
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Madison (2☆) Le 28 Octobre 2018
J'adore tes textes, comme toujours. ♥ -
Kemelvor (1243☆) Le 28 Octobre 2018
... Toc ? -
Line~46018 (137☆) Le 28 Octobre 2018
Toujours aussi agréable de te lire ♥ -
Aislinn~60672 (172☆) Le 29 Octobre 2018
J'adore. -
Manerina~6356 (1551☆) Le 30 Octobre 2018
♥ -
Roxann~58440 (59☆) Le 30 Octobre 2018
"L'horreur, c'est de ne pas avoir réussi, tant de fois, à dire simplement oui." = L'erreur, c'est de ne pas avoir réussi, tant de fois, à dire simplement non. J'espère qu'elle a toujours la trousse médicale, artefact qui soigne les douleurs auto-infligées et les bobos au corps car pour les bobos à l'âme, la recette est perdue... Merci pour ces textes, toujours aussi subtils, délicats et émouvants. T'es trop choute! ♥