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EDC de Eaven

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Dans une autre peau (event TDG-1)

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Pour en garder une trace quelque part, y ajouter une "fin", et surtout, remercier tous les joueurs et MJ qui y ont participé et contribué, parce que ça a pris une ampleur assez énorme je trouve. Merci d'avoir tenté un event aussi vaste, et merci à tous ceux avec qui j'ai pu RP, même un tant soit peu. Certains m'ont vendu du rêve, je pense qu'ils se reconnaîtront, mais dans tous les cas.. ♥



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Dix cycles minutaires. C'est le seul laps de temps qu'elle avait eu hors de l'Hôpital, avant qu'on ne la rappelle.
« Un souci avec votre patiente. »
« Mais laquelle..? »

Ni une ni deux, la petite rouge remonte rapidement, du moins autant que le permet son état. Soit, assez lentement finalement, déjà pâle, le moindre de ses pas tire encore un peu sur ses points. Jusqu'à parvenir à destination, et voir déjà un petit groupe planté devant les portes de l'Hôpital Impérial. C'est visiblement suffisant comme chaleur humaine pour la réchauffer assez violemment, la sueur commençant à perler sur son front. Ou bien est-ce la peur qui la gagne, d'avoir perdue une patiente dans la nature, qui pourrait manger le bitume à tout moment, vue sa blessure ? Elle n'aurait su le dire. Tout ce qu'elle savait, là tout de suite, c'était que le smog lui paraissait bien plus gris, on aurait dit qu'il mangeait les couleurs tout autour. Elle cligne plusieurs fois des yeux : serait-ce le contrecoup de ces deux jours sans ménagement ? Son corps qui lui rappelle que, quand même, il est temps qu'elle se repose ? Peut-être, mais là tout de suite, ce qu'elle entendait, c'était deux idiots se crêper le chignon pour elle ne sait quelle raison.

Par pitié, ne criez pas..

Et voilà qu'il la tire, ça fait un mal de gnoll sur sa suture qu'elle en gémit. La patiente est partie, personne n'a été fichu de la retenir, c'est pas croyable. On lui demande des trucs sortis de nulle part, et pendant ce temps, les deux andouilles ne se crêpent plus le chignon, mais commence à carrément se le tirer. Voire à se l'arracher.

Mais pourquoi vous faites ça..
« Mais qu'ils sont cons.. »


Et voilà qu'on l'apostrophe. Pire, qu'on l'injurie. Sortie de nulle part, comme ça, fallait qu'elle se tape une furie en pleine rue. Comme si le combat de l'autre côté ne suffisait pas.
« Avec tes ch'veux t'a l'air une pute du club. »
Mais qu'est-ce que je vous ai fait...?
« Vous feriez mieux d'aller voir à quoi elles ressemblent, les putes,
vous seriez étonnée de vous y retrouver. »

C'est moi qui ai dit ça..?

Elle descend avec l'outrilien, et à leur tour, ils se crêpent le chignon. Sans en venir aux mains comme les sanguins qu'ils ont quitté pour retrouver Aislinn, loin de là. De nouveau, elle jure, elle qui en est si peu coutumière. De nouveau, elle cherche la petite bête, voire la grosse, elle prend la mouche comme elle ne l'a jamais fait, jamais aussi vite. Elle blesse et finit blessée, comme si c'était devenu nécessaire.
Mais pourquoi ? C'est faux, je n'ai jamais pensé ça, je n'ai jamais voulu ça.. Je n'ai jamais été comme ça.. Pourquoi ?
« Les patients qui se sauvent, j'en ai plus que marre. Vous voyez ou ça mène ? »
« Oui, dehors. »

À la moindre de ses paroles, une voix au fond d'elle crie. Pour qu'elle cesse, qu'elle se retrouve. Rien n'y fait, elle a besoin de ces piques qu'elle lance n'importe où, la fièvre la transforme un peu. Toujours cette même chaleur, la sueur qui fait boucler ses cheveux et ravage son esprit, lentement.
Elle n'aurait jamais insulté un Lord, ne l'aurait jamais vexé, et encore moins traiter de con un Alte Nobilis qui ne lui avait rien fait. Jamais, ô grand jamais, elle ne se serait permise, et pourtant, quelque chose avait brisé cette barrière-là.
« Hum... Ton haussé... Stressée... Vexante... Vous voulez assommer une patiente avec un sac. Alors qu'il y a une heptade vous m'avez dit que jamais, vous ne frapperez quelqu'un... Vous m'avez menacée avec une seringue... Vous transpirez le calme ! »

Il avait raison. Au fond, elle savait que quelque chose clochait, mais c'était loin, très loin. Pourquoi lui, ne s'énervait pas comme eux tous ? Les antipyrétiques d'Aislinn faisaient-ils réellement effet, elle qui avait presque l'air plus calme, par moment ? Toute la nuit, elle batailla, pour gagner par moment, perdre bien souvent, contre elle-même. Et essaya même de prendre part à leurs réflexion, sans grand succès bien souvent, jusqu'à ce que l'aube pointe son nez.

Dans une salle d'Hôpital, cinq êtres insignifiants, tous à cran et prêts à bondir sur le moindre soupçon de possibilité, revoyaient le secteur pour essayer de comprendre. Lorsque les lampadaires s'éteignaient dans les rues, eux pensaient encore à la contamination impossible par le sang, réfléchissait sur les flammes, évoquaient les phéromones et l'air.

« Mais il y a deux points.. Un, vous n'êtes pas sorti de l'Hôpital. Deux, vous avez fait un séjour en cuve de régénération. Alors c'est forcément dans l'air..? »

Toutes les idées lui venaient. Et toutes la fatiguaient. À bout de force, elle s'endormit contre son pan de mur, les jambes repliées contre sa poitrine. Ça faisait longtemps.



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À peine aura-t-elle ouvert les yeux, que le carnage reprenait. Ça vibrait dans sa poche, et vu les cris qu'elle entendait dans tout l'Hôpital, ça ne devait pas être que des bonnes nouvelles. Clairement pas d'humeur, elle s'apprête à se relever avant de grimacer de douleur : une nouvelle journée commence.
« Bordel, ça fait mal.. Loooooooooord ! »
Cries pas, surtout cries pas, calme-toi...

Livide, la petite rouge tend le bras là où elle aurait préféré le gifler sans raison. Prendre sur soi, ça allait être le lot quotidien, mais pour ça, un peu d'aide. Faire baisser la fièvre. Calmer. Et une fois sa dose reçue, c'est reparti. Elle file de lit en lit, aidée des autres, ou plutôt elle se traîne. Chaque pas est une douleur, et chaque douleur en appel à sa colère. En soi, chaque pas est donc un mot retenu, et lorsqu'ils passent la barrière de ses lèvres, lorsque la sueur brouille sa vue et qu'elle se reprend à s'énerver, c'est le même manège : une autre dose.
« Elle demande la cuve. »

Une sueur froide lui parcourt le dos, et pour une fois, ce n'est pas la fièvre ? Peut-être que si, finalement, pour qu'elle accepte de le faire. Leur offrir cette putain de délivrance, cette cuve, et retourner vers les autres en s'efforçant de ne pas trembler.
« ... Cette conne ... »

Nouvelle sueur, cette fois le mécontentement temporaire disparaît subitement lorsqu'elle entend la gifle qui claque contre la joue, qu'elle écarquille les yeux en voyant le geste, alors que la patiente ne se démonte pas le moins du monde. Pour s'étouffer quelques minutes plus tard.
Une autre cuve donnée à cette rousse, plus difficile encore pour ses nerfs. Les patients sont transférés, vers l'Institut ou vers la cuve, la journée s'enchaîne, elle ne compte plus les doses reçues, encore moins celles données à tour de bras.
Fermez tous vos gueules ou je vous suture la bouche.
« Calmez-vous, s'il vous plaît.. »

Les blessés s'accumulent, les lits se remplissent plus qu'ils ne se vident. On revient lui gueuler dessus, elle se traîne, et pendant une seconde, la surprise éteint la douleur sur son côté gauche. L'instant d'après, elle recule lorsque l'elfe tente de s'approcher d'elle, pas très amicale. Il faut les bras de l'Alte Nobilis pour la tenir, la calmer, la transférer. Toujours le même manège. Un coup de botte qui la fait couiner, et il se jette sur l'elfe souffrante comme les autres. Ou presque.

Reste calme.. Surtout reste calme bon sang..
« Pousse de poils.. Les ongles aussi.. Woh ! »

Mouvement de recul quand l'elfe essaie de la mordre. Ou est-ce ce qu'elle entend dans son dos qui habille son visage de stupeur, autant que d'une nouvelle sueur froide, le visage encore plus livide.
« Là tout de suite. Vous voulez plutôt la manger, ou la baiser ? »

Putain, vous êtes sérieux..?


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Quelques cycles de sommeil au fond d'un fauteuil, quelques minutes pour désinfecter sa plaie, et déjà elle entend gratter à la porte de la salle d'en face. L'elfe-gnoll semblait déjà réveillée, la journée commençait bien. Ajouté à ça un Alte Nobilis qui se balade, et son sang un peu changé peut-être voit rouge.

« Arrêtez ça ! »
Respire, surtout recommence pas, retrouve les antipyrétiques..

C'est loin d'être si simple pourtant. Il lui faut un petit moment de calme pour accepter de se traîner vers le dortoir Nord, et recevoir sa dose nécessaire, comme une droguée en manque. Et n'était-ce pas ça, finalement ? Passer dans les dortoirs, toujours la même mécanique : les rares "soins" qu'on peut apporter, les rations.. La présence. Sans être capable de se dédoubler.
Une fois le calme plus ou moins revenu, sans jamais être tout à fait présent, direction la chambre de l'elfe-gnoll pour la nourrir, alors que les protocoles sont mis en place.

« Lisez les protocoles, Eaven. »

Juste à temps. L'elfe-gnoll défonce la porte de la chambre, elle se prend la furie dans les dents. L'aide de Lord Cryx n'y fait quasiment rien, elle est enragée et se débat avec la force de l'adrénaline, qu'elle sent d'ailleurs passer dans son bras lacéré. Il faut l'intervention de Lord Kelvin pour la repousser, écrasant le corps de la petite rouge dans sa chute, et l'Alte Nobilis pour la réduire au silence dans un bruit de plasma et de bouillie de sang qui la font frissonner, détournée du spectacle.

Alors c'est ce qu'on va devoir faire toute la journée...?
« Elle se gênera pas, elle. Tu ne comprends donc pas ? »

Naïve que tu es, non, tu ne comprends pas que c'est pour le moment la seule solution. Tu ne veux pas le comprendre, tu t'y refuses comme tu t'y es toujours refusée. Si eux se sentent obligés de te gueuler dessus, de te lacérer, tu te sens obligée de ne pas les envoyer en cuve. Pourtant, qu'y a-t-il à faire d'autre contre ça, pour le moment ? Face aux deux énergumènes, où il a fallu qu'ils soient trois pour contenir le second, avaient-ils le choix ? Face aux cuves désirées, implorées, pouvaient-ils fermer les yeux ? Rien. Même si ça lui crevait le coeur, même si elle se dégoûtait d'elle-même, c'était comme ça. Elle ne pouvait pas leur en vouloir de préférer une délivrance, même si elle lui semblait affreuse au possible.
Les injurie pas.. Non, t'as déjà repris une dose, ça fait plus rien. L'accoutumance..?

Peu importe ce que c'était, peu importe le nom qu'on lui donnait. La fièvre la reprenait de plein fouet, la sueur recouvrait son front, et si elle ne respirait pas fortement quasiment au moindre de ses mots, elle leur aurait presque craché au visage. Mais surtout, surtout..

« Je veux sortir.. Laissez-moi sortir.. »
« Je viens te chercher Eaven. »
Quelques mouvements devenus mécaniques, et elle le suit lorsqu'il prend sa main, sans résister. Il l'emmène vers la liberté promise, le smog nécessaire à elle ne savait quoi. C'était trop beau.. Elle aurait du comprendre, la naïve de service. Elle aurait du piger quand il a relevé son respirateur sur son visage et tout son bordel, pour l'emmener vers les STV, pour les faire descendre.
Il fait tellement chaud, malgré la combinaison, que s'en est presque insupportable. Mais la faiblesse de son corps n'y peut rien, elle se traîne avec l'outrilien dans la cuve n°2, jusqu'à la chambre magnétique. Garder à l'esprit que ça pourrait aider, surtout, pour tenir.
Cryx la garde contre lui pour la faire rentrer, puis le champ électromagnétique s'active, et là c'est la fin. Vanity met tout juste un pied dedans, qu'elle en ressort aussi sec, alors que l'outrilien essaie de rester autant que possible. La petite rouge, elle, se tord de douleur dans ses bras, poussant un cri déchirant comme elle n'en avait probablement jamais poussé de sa vie, tant c'était fulgurant. Il est obligé de la sortir lui-même tant il lui semble qu'un bulldozer est venu labourer son corps.

« Laissez-moi sortir.. »

Ni une ni deux, elle est de retour à l'Institut, cloîtrée dans une chambre, dans laquelle elle ne reste pourtant pas longtemps : on vient lui ouvrir, elle n'hésite pas un instant quand on lui dit qu'elle peut sortir. De retour dans le hall, tout devient soudainement compliqué : un homme bien trop grand barre la porte. Alors quand elle voit derrière lui la blondeur de la délivrance, elle n'hésite pas : lorsqu'il tend la main, elle tend la sienne. Lorsqu'il la tire, elle essaie de ramper vers lui. Et lorsque les coups de feu retentissent juste au-dessus de leurs têtes, elle prend sa voix comme un ordre et garde le visage au sol. Jusqu'à entendre le chuintement du gaz et, prise de panique en le reconnaissant, elle tend un bras vers son respirateur, bien trop tard, s'endormant avec les autres.

L'instant d'après, à son réveil, elle était sanglée à un lit, comme elle en avait tant vu ces deux derniers jours. Encore dans une brume épaisse, sauf de rares fois..
« Le touchez pas ! »
Le revers de la médaille, l'envers du décor.
Pile, l'Enfer, face, l'Enfer..

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Elle rouvre les yeux sur un autre jour, plus terne encore. Comme si même dans ses yeux, tout se délavait : les murs, les visages, les voix. Aux cris, il lui arrivait même encore de rentrer la tête dans les épaules, effrayée. Par ce qui allait, indubitablement, se passer.
À chaque envie de grogner, elle suppliait pour lui. Et lorsque ça coulait de ses lèvres comme de l'acide, que ses poils se hérissaient sur sa peau, qu'elle se redressait avec cette violente envie de les gifler pour pouvoir passer ce fichu sas de décontamination, elle s'efforçait de ramener à elle les mots qu'elle croyait surpuissants.
« Vous êtes plus forte qu'il n'y parait... »
Inspire, expire, et crois-y bordel.

On lui avait proposé plus de nourriture qu'elle n'aurait pu en ingurgiter en temps normal. Elle avait retrouvé plus de monde proche d'elle ces derniers jours que durant la dernière année. Certaines visites même l'intriguaient : pourquoi Casého viendrait-il la voir, au risque de, peut-être, rattraper cette saloperie ? Ça n'avait pas de sens. Mais plus rien n'avait de sens. De toutes petites choses infimes, invisibles aux pauvres yeux d'immortels que nous sommes, jouaient avec nous. Rendaient le Secteur à feu et à sang. Retournaient les cerveaux même des immunisés. L'Enfer en intérieur.
« Il ne sortira pas... Vous ne sortirez pas. »

Pourtant, le sas de décontamination n'a de cesse de l'appeler. À chaque entrée, chaque sortie, elle en fixe les parois du regard avec l'espoir vain que si elle s'y accrochait assez, elle finirait par y passer à son tour. Jusqu'à ce que ses liens lui rappellent son immobilisme. Alors elle tire un peu plus, par simple esprit de contradiction avec cette logique naturelle, pour épuiser ses maigres forces, et se résigner jusqu'à la prochaine tentative. Elle ne demandait pourtant qu'un peu de smog..
Un petit glaçon, un petit ventilateur.. Elle voyait bien qu'ils essayaient, de leur rendre cet enfermement plus supportable, de les sauver de quelque chose de plus dramatique que l'on ne comprenait pas encore. Elle le savait, elle avait été de l'autre côté de la barrière il y avait tout juste quelques cycles. C'était un autre Enfer. Si la veille, elle avait dormi au milieu des patients, aujourd'hui elle donnerait tout pour sortir.


« Je me transformerai pas. »
« Ils ont tous dit ça.. »

Alors c'est quoi, ce qu'il y a dans ta voix ? C'est quoi, cet appel du fin fond de ton humanité pour qu'on te rattache ? C'est quoi ce rire rauque qui résonne d'être trop différent ? C'est quoi, ton corps qui s’arque-boute, tes paroles saccadées, tes gémissements ? Je sais que c'est ça. Pour en avoir trop vu en deux jours, je sais ce qu'il se passe. Et ce qu'il va se passer une fois qu'elle aura sorti ton lit de cette salle macabre.

« Non ! Kambei ! »
« Tout va bien ... Eaven... Je sors... »

Sa propre violence grandit, elle tire de nouveau sur les liens qui la retiennent, même si ses griffes ne suffisent pas encore. Elle rêve de le suivre, mais pas par cette porte-là. Elle voulait juste sortir, et pas seule. Elle regarde à peine la blonde revenir, à peine ce qui a poussé sur ses mains. Et quand elle apprend réellement sa mort, elle crie, elle hurle, comme elle n'a jamais hurlé de sa vie. De nouveau. Décidément, cet Enfer décerne toutes les douleurs.
Elle lui aurait sauté dessus, si elle avait pu, lorsqu'il s'est approché pour la piquer. Au lieu de quoi, elle a essayé de s'accrocher, au peu qu'il lui restait d'humanité, au fin fond d'un être qui ne se reconnaît plus, dans l'espoir que le serum fasse effet. À croire que son corps la haïrait toujours, la rejetterait constamment, elle ne voit aucune différence, et elle coule. Et elle appelle, et son humanité s'épuise, et l'animal grandit, toujours plus. Elle lacère les draps en lui criant dessus, elle cherche à déchirer ses liens dans la force du désespoir, et de cet appel constant d'un air nouveau.


« Désolé, Eaven. »


Un coup de feu. Une balle, une seule, dans la tête.
Tu ne l'avais pas vue venir celle-là, pas vrai ? Et tu t'écroules, oui, écroules-toi, c'est terminé. Tu as cru qu'ils te laisseraient le temps, que tu aurais le loisir de partir ? Cette petite avait raison, tu es décidément trop conne. Toi, petite rouge, la naïve qui aura essayé de s'accrocher à cette humanité rongée, qui a voulu croire qu'avec de la volonté, on pourrait tout vaincre, même ça. Apprends maintenant qu'il y a des choses face auxquelles on ne peut rien. Malgré toute la volonté du monde, tu n'as pas tenu.
Ce n'est pas toi, qu'il a abattu. Mais ce qui a voulu faire de toi un animal.

« Je ne veux pas vous perdre, d'accord ? »

C'est toujours l'inconvénient. On a beau croire, on ne joue pas avec la Cité. C'est elle qui joue avec nous à sa guise et, même si l'on finit par gagner, elle a toujours une longueur d'avance sur nous. Assez pour perdre ce que l'on voulait garder.
Un instant encore, et son corps, qui tournait vers le méconnaissable, disparaît sous les yeux de quelques uns, débarqués par le bruit. Un instant encore, le temps d'une pensée qu'on déplie, légère. Humaine, toujours bien trop.
Les couleurs seront-elles revenues, lorsque je sortirai enfin..?
Restera-t-il encore des êtres, ou juste du sang..?
Où seras-tu..?


...


Elle s'en souviendrait. Elle se souviendrait de la folie humaine, elle se souviendrait qu'ils restent tous influençables. Manipulables. Par des entités bien au-delà d'eux, par des corps qu'ils ne pouvaient même pas voir à l'oeil nu. Elle se souviendrait de la douleur si présente pendant ces quelques jours en Enfer. Des douleurs, sous toutes leurs formes, de la plus brute à la plus infime qu'elle a pu vivre.
Elle se souviendrait des cuves qu'on lui a demandé, et qu'elle s'est forcée à donner. Du sang sous chaque griffure. Des sangles devenues inutiles face à ce qu'ils devenaient. De Sa mutation, de leur changement à tous. De leurs cris tels des appels à l'aide, des gémissements, des craquements. De la déchirure. Des coups de feu, et de leurs batailles, chacune différente. Elle se souviendrait qu'il en a toujours été ainsi : toujours entre quatre Murs, quelque chose d'innommable peut faire de nous ce qu'il souhaite.
Et pourtant..
Rendez-moi mon Humanité, je ne suis rien sans elle..

◊ Commentaires

  • Exie~62406 (27☆) Le 25 Mars 2017
    Une étoile et un petit coeur pour la rouginette... ❤
  • Roxann (59☆) Le 25 Mars 2017
    « Avec tes ch'veux t'a l'air une pute du club. »
    « Vous feriez mieux d'aller voir à quoi elles ressemblent, les putes, vous seriez étonnée de vous y retrouver. »
    === j'aurais tout donné pour assister à ça!!!
  • Niasse~61181 (123☆) Le 25 Mars 2017
    ↑ J'ai eu la chance d'y assister et ça vaut son pesant de macarons une Eaven qui se lâche ! smiley
  • Shadows (189☆) Le 26 Mars 2017
    N'étoileuh.
  • Kelvin~27893 (306☆) Le 04 Avril 2017