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EDC de Duskan~69264

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04-Rêves d'acier

Ma deuxième sortie de cuve m'avait laissé sur les rotules plus d'une heptade. Le temps de se faire à la nouvelle enveloppe avait dit les medic du centre de clonage.

« Reposez-vous et limitez les activités physiques et les efforts violents dans les jours qui viennent. Si vous ressentez des accès de fatigue ou des vertiges ne vous inquiétez pas et asseyez-vous le temps que ça passe. »
Mais foutu crétin, lève au moins le nez de tes papelards quand tu me vomis ton laïus !
Allez, du calme, tu es encore sous le choc Duskan. Souris, rentre chez toi, de toute façon tu es déjà parti pour lui.

« Clong clong » font les pas sur le béton
« Long long » fait l’écho qui répond
« Squik squik » font les pistons dans la hauteur des métalliques combes
« Tic tic » font les mécaniques qui font tourner les …

Je me redresse, le souffle court et ruisselant de sueur.
Mes doigts trouvent à tâtons l’interrupteur et la lumière inonde ma chambre.
L’activité dans la rue est réduite, on ne doit même pas être au cinquième cycle.
Par la barbe de l’Empereur, mon réveil va sonner dans moins d’un demi-cycle, inutile d’espérer te recoucher mon pauvre vieux, autant s’habiller pour pointer plus tôt au travail.


Les couloirs sont sombres à l’exception des zones qu’éclaboussent les gyrophares rouges et les diodes des panneaux de contrôle.

« Clong clong » font les pas sur le béton
« Long long » fait l’écho qui répond

Le froid est mordant ici, les turbines dépressurisent l’oxygène avant de le réinjecter purifiée dans le système. Les stalactites qui pendent le long des tuyaux au plafond font penser à des crocs ensanglantés dans cette lumière.

« Squik squik » font les pistons dans la hauteur des métalliques combes
« Tic tic » font les mécaniques qui font tourner les …

Bipbipbip !
Par les rotules de l’Empereur, laisse-moi encore quelques minutes, maudit réveil ! J’ai encore sommeil, moi !
Non, il a raison, tu as un travail à faire Duskan alors mets-toi une claque.
L’Empereur vaincra, c'est vrai ! Mais s’il vainc c’est parce que chacun aura fait ce qu’il avait à faire. Tu te reposeras après avoir accompli ton devoir.

….

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Musique d'ambiance

Je laisse derrière moi la lourde porte du sas, inutile d’essayer de tourner le volant pour la fermer : personne ne passe jamais par ici et la rouille l’a soudé depuis bien longtemps. Il y a quelque chose de dingue à se dire que le secteur impérial ne surveille pas davantage ce coin, quand on sait ce qui s’y passe.

J’avance dans la rouge pénombre du couloir.

« Clong clong » font les pas sur le béton
« Long long » fait l’écho qui répond

Le plafond descend et le couloir se fait plus exigu. Le vent des souffleries me fouette le visage et la légère surpression me fait tinter les oreilles. Je passe un troisième sas et progresse à pas de loup dans le couloir. Ne pas toucher les conduites le long des murs, risque d’engelures !

« Squik squik » font les pistons dans la hauteur des métalliques combes

Au croisement, tourner à droite. Le couloir s’étend à l’infini dans les ténèbres. Je continue tout droit pendant quelques minutes jusqu’à trouver sur ma gauche les marques. La porte s’ouvre en coulissant et la lumière de la pièce éclaire d’une tache blanche le couloir.

« Tic tic » font les mécaniques qui font tourner les …

« HAAAAAAA ! » Un cri vint de me réveiller en sursaut, je tremble comme une feuille. Il me faut quelques secondes pour comprendre que c'est moi qui ai crié. Quelque chose ne va pas, je le sais … un sentiment diffus d’urgence m’étreint et mon cœur bat la chamade. Comme depuis trois nuits, j’agrippe la bouteille de skiwi et m’en offre une généreuse lampée. Il va falloir que je ralentisse, à ce rythme là elle ne finira pas l’heptade.


Spoiler (Afficher)
Musique d'ambiance

Personne n’est en vue dans la rue lorsque je rabats la porte d’acier derrière moi dans un atroce grincement. Ca fait bien longtemps que j’ai cessé de m’en inquiéter : à cette heure, il ne passe jamais personne … et quand bien même un promeneur nocturne venait à entendre le bruit, tout le monde sait que le mur ne dort jamais et que la nuit résonne toujours de ses soupirs et de ses gémissements.
Ça m’a toujours tué, n’empêche, que le cercle de l’orient ne surveille jamais cette section. Avec le purox qui y court, j’y laisserais en permanence une équipe de cinq personnes. Avec la puissance de feu d’un croiseur et une formation de démineurs ! Tas de crétins !

Passant devant les panneaux qui m’enjoignent de faire demi-tour, je continue dans le rougeoiement des gyrophares. Je jette à peine un regard aux panneaux de contrôle : tous les indicatifs sont au vert : la merveilleuse machine ne saurait faillir !
« Clong clong » font les pas sur le béton

Le couloir débouche sur deux escaliers, je prends celui de droite, toujours plus bas. Nous avons déjà exploré les pièces du haut, il n’y a rien d’intéressant là-bas ! Je débouche sur un nouveau sas bardé de logos décolorés et de messages d’alertes sur lesquels la rouille a coulé. Agrippant un des masques cachés, je le plaque sur mon nez et ouvre la porte. Un souffle chaud me fouette le visage et résiste lorsque je referme le sas derrière moi ... tel un vieux démon qui n’a jamais abandonné l’idée de se libérer.
Poussé dans le dos par les miasmes chargés de poussière et de nox, je progresse sur la coursive qui surplombe les filtres, monstres goulus qui tentent de m’aspirer moi aussi vers le bas et les ténèbres. M’agrippant à la rembarde, je poursuis ma marche, au bruit du mousqueton, à jamais pendu à un conduit, à jamais balloté par le vent furieux, frappant contre la paroi de tôle.
« Blong blong »
« Long long » fait l’écho qui répond
Funeste souvenir, sinistre gong

Quittant la coursive, je passe le seuil du couloir, après l’immensité de la salle des filtres, je me sens comme écrasé par la proximité de son plafond. Au bout, la porte du sas s’ouvre sur le conduit où les machines revomissent l’air purifié. Posant le masque à l’endroit habituel, j’avance face au vent froid. La surpression d’ox me fait tinter les oreilles et tourner la bière comme un bon verre de skiwi. J’en oublierais presque le froid qui givre le moindre centimètre carré de tuyau et sculpte dans les fuites de lubrifiant des colonnes qu’éclairent les néons. Je progresse jusqu’au bassin de collecte, là où le froid est le plus intense.
« Squik squik » font les pistons dans la hauteur des métalliques combes

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Musique d'ambiance

Me protégeant les mains dans les manches, j’actionne le volant qui déverrouille le sas et me jette dans le couloir. L’ivresse de l’ox a failli me le faire oublier mais j’ai un timing serré. Je presse le pas, m’enfonçant dans les ténèbres à la lueur de ma petite lampe torche. A droite. Tout droit pendant cinq minutes.
Le temps presse et je me mets à courir, faisant cliqueter mon chargement. Plus vite. La marque de craie au sol, enfin m’indique que je touche au but !
Sans attendre, je tire sur la poignée dans le mur, ouvrant dans un sifflement la porte qui mène aux cuves.
Je me fige : quelque chose cloche.
Une minute passe, les bretelles de mon sac me rappellent l’urgence de ma situation. Je n’entends rien … sans doute le trac qui me rend parano.
Je pose mon sac à l’ombre des cuves et fait glisser avec précautions la fermeture zippée.
« Tic tic » font les mécaniques qui font tourner les …

La nausée m’arrache au sommeil et je pose une galette sur le tapis où je me suis effondré. Une odeur méphitique d’alcool et de bile emplit la pièce et je me lève en trébuchant sur les bouteilles pour enclencher l’interrupteur.
Baissant les yeux sur le dépotoir qu’est devenu ma chambre, je prends plusieurs minutes pour retrouver mon calme et apaiser les tremblements paniqués qui agitent mes bras. Titubant jusqu’à ma commode j’attrape le petit miroir et le lève vers mon visage.
Un possédé aux joues creusées et aux yeux cernés me rend mon regard. Ses cheveux sont en bataille et sa barbe rappelle une serpillière de bar.

Ca ne peut plus durer, je ne peux plus ignorer l’appel.
Demain soir, je rentre dans le mur.

Informations sur l'article

Errances Mnémoniques
09 Juin 2018
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◊ Commentaires

  • Duskan~69264 (29☆) Le 10 Juin 2018
    Merci, le prochain chapitre sera plus courte et devrait arriver relativement tôt.
    La suite, elle risque d'être plus longue à écrire : on a presque rattrapé le présent, il va falloir désormais laisser le temps aux évènements d'avoir lieu.