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EDC de Duskan~69264

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03-Les baleines du Gentleman

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Apprentissage oblige, je rajoute des sons d'ambiance. Je vous conseille d'écouter au casque. Si vous savez comment mettre un lien hypertexte sur un mot, je suis intéressé. Idem si vous pouvez m'expliquer comment insérer une image.
Bonne lecture.

Je flotte dans les ténèbres, balloté par des courants invisibles, ruban de conscience effrangé.
Peu à peu, la houle se fait moins forte et bientôt je flotte désincarné dans la noirceur poisseuse du néant.
Une piqure froide rappelle à mon bon souvenir un doigt que je fais courir, découvrant un objet lisse, froid et légèrement bombé. Courant à sa surface, j'en atteins bien vite les bords, tranchants et droits, menant à un angle aigu.
Je connais cet objet. Je connais cette brisure régulière et cette douceur froide.
Un objectif.
Ou plutôt un fragment d'objectif.
Alors que l'évidence s'impose à moi, un violent courant m'emporte.
L'accélération manque de m'arracher mon butin.
Sans réfléchir, je sers le poing pour le retenir.
L'éclat mord ma chair et se plante profondément dans ma main.
Retenant un cri je suis emporté.
Au bout d'un temps infini, le flot s'apaise à nouveau et un son se fait entendre au loin, au delà des abysses infinies. Un son déchirant et étrange. Par bien des aspects, il me rappelle le grincement d'un piston rouillé.
Pourtant, ce son est lourd, profond, presque vivant.
Mon attention se focalise sur le son et bientôt, le voilà qui enfle, se faisant plainte puis chant. Maintenant que je le discerne mieux, je comprends que ce chant n'est pas un simple son perdu dans le lointain : ce qui l'émet se tapit dans les ténèbres et bouge de ma droite à ma gauche, comme s'il m'accompagnait.
Ou plutôt ... comme s'il me guidait.
...
Curieux. D'où me vient cette impression ?

Au fond de moi, un élan viscéral me pousse à continuer dans cette direction. Perplexe, je pique en direction du son qui enfle et bientôt occupe tout l'espace.
Enfin mes doigts se posent sur une surface dure. Elle a cette densité propre à l'acier et je devine au toucher des polypes de rouille qui en ourlent l'étendue lisse. Une odeur de graisse, de métal et de rouille emplissent mon nez et ma bouche.
Pourtant, je ressens une douce chaleur irradiant de la surface qui pulse selon un rythme lent et soutenu et frémit sous l'action de vérins dont je devine la puissance. Je ne bouge plus, flottant dans le flot et ne m'accrochant que du bout des doigts à la chose.
Bercé par son chant, je sens tout de même que nous avançons et je sais que notre vitesse est prodigieuse. Toutefois, l'écrasante présence lui refuse son droit sur mon corps éthéré. Autour de nous, d'autres chants s'ajoutent.
Le temps semble suspendu aux lents trémollos du chant jusqu'à ce qu'un éclat n'attire mon attention. Au fond de moi, je sais qu'il s'agit de notre objectif.
Un objectif qui s'avance droit à notre rencontre, se changeant vite en un amas arachnéen de néons dorés qui révèlent les ocres et les gris du dos robuste qui me porte.
Tournant la tête, je découvre avec stupeur les formes qui nous escortent.
Profilées et toute en longueur, telles des gouttes de métal que percerait deux clous applatis, les créatures ouvrent leurs rostres mécaniques en un grincement que je connais désormais. Au cœur de leur béance bordée de lames de scie, je devine un carré d'étoffe sombre et huileuse.
Les créatures
Je compte trois autres de ces apparitions, devinant leur immensité à l'aune de la créature qui m'emporte. Les lumières se rapprochent et je devine que notre destination se trouve au-delà. Nous nous élevons, commençant à survoler la tâche de lumière et au delà, en contrebas, je devine des étoiles qui, je le sais sans savoir comment, sont autant de fenêtres ouvertes sur ma mémoire perdue.
Un choc retentit, ébranlant le banc qui se disperse et me plaquant violemment contre le dos de métal.
Un second choc tonne, manquant de me désarçonner. Je plonge mes doigts dans une aspérité et me cramponne à m'en faire mal.
Un troisième choc explose. La bête est secouée d'un spasme et commence à chuter.
Un quatrième choc m'éjecte et me jette à bas du dos, m'entrainant dans une chute vers les étoiles.
Le vent hurle à mes oreilles et je tombe tête en avant vers la lumière dorée que j'avais aperçu depuis le dos de la bête.
Les néons d'une façade montent à ma rencontre et je n'ai que le temps d'accrocher le nom inscrit sur la devanture avant le choc.
Alors que le bruit du verre qui se brise retentit à mes oreilles, se mêlant à un magma indistinct de chants, de hurlements et de guitares électriques, un mot s'impose à mon esprit.

Gentleman Loser.

Un cinquième choc me brise en mille éclats.
Je me réveille en cuve.
Haletant.
Perdu.

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Errances Mnémoniques
06 Juin 2018
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