EDC de Deckard~62166

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Silence.

• ...aaah...

Deckard posa le verre qu'il tenait dans la main. Il était tard, 2h, peut être 3. Les rues étaient vides. La boutique dans laquelle il s'était enrôlé quelques heures plus tôt également.

Un balourd gisait sur le coin d'un sofa, au fond de la pièce. Son ronflement faisait trembler le calme qui s'y était installé par intervalles réguliers. Il n'avait pas osé le réveiller en entrant. Sans doute un autre clochard sans toit... Tout comme lui.

Il s'était réveillé quelques heures plus tôt. Ou peut être l'avait-on réveillé, il n'en savait trop rien. Un lit blanc, des murs en briques grises, une lumière vacillante. Quelques affaires sommaires, surement pour lui - c'était en tout cas à lui maintenant. Et puis ce silence. Toujours ce silence...

On avait vu mieux comme réveil.

Bien sur, il avait posé des questions. Il n'avait croisé personne dans la rue, à travers ce brouillard opaque, gris, si dense qu'il avait eu l'impression de suffoquer. En revanche, sa machinerie, elle, fonctionnait. Personne n'était sur place lors de son réveil, mais presque immédiatement on lui avait envoyé des messages. "Bienvenue" par-ci, "Salut" par-là. Quelques "Passe chez nous, on a des trucs pour toi", aussi. Que du digital. C'était un peu comme si, comme par magie, ils avaient su qu'il s'était réveillé. Et que paumé qu'il était, ils se proposaient naturellement pour lui venir en aide. Balèzes, les types. À lui en donner des frissons dans le dos.

Deckard laissa pendre son bras hors du support qu'offrait le sofa, vaine tentative pour trouver une position confortable avec laquelle il pourrait dormir.

Bien entendu il avait accepté l'aide proposée. Il n'était pas vraiment en mesure de questionner les motifs de ce genre d'interventions. Alors, à nouveau, il s'était traîné dans les rues, encore à moitié endormi par la longue torpeur dont il venait de s'extirper. Il avait erré au travers des bâtiments mornes et solitaires, des pîles d'ordures qui jonchaient le patelin. Il s'était inscrit à un "cercle" ou deux. S'était dégoté un boulot.

Et toujours, partout, ce silence lugubre, cette absence de vie, parfois troublée d'infimes secondes par l'ondulation d'une ombre qui finissait bien vite par se fondre dans la brumasse grisâtre et l'obscurité du dehors.

Il soupira, ferma les yeux. Le repose-coude lui rentrait dans les côtes. Les ronflements, en revanche, s'étaient tus.

Finalement il était arrivé ici, au WeedShield. Petit, peu fréquenté de ce qu'il avait pu voir, il en était tout de même satisfait. C'était déjà mieux que rien. Il ne savait pas s'il pouvait rester de la sorte mais, sans trop se poser la question, son esprit sombra tout de même dans les méandres du sommeil.

Alors le calme repris possession des lieux et, par son silence presque moqueur, lui susurra ces quelques mots à peine audibles...

...Bienvenue à Dreadcast, Deckard....